C’est le cadeau du premier janvier 2022 (sic) : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur intenet (Hadopi) fusionnent pour devenir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Que faut-il en penser ?
Un long processus
La fusion est la conclusion d’un processus législatif entamé en 2019 et qui a été conclu à l’automne 2021 par le vote d’une loi régulant la protection des œuvres culturelles à l’ère numérique. Comme ses prédécesseurs le nouvel Arcom est une autorité publique indépendante (API) ou soi-disant telle. Nous verrons que le processus de nomination n’encourage ni à l’indépendance ni au courage mais plutôt à rendre des services attendus en particulier dans le domaine de la censure.
Qui nomme qui ?
Le « collège » de l’Arcom est composé de 9 membres nommés par décret pour un mandat de 6 ans non renouvelable. 3 membres sont nommés par le président de l’Assemblée Nationale, 3 par le président du Sénat, un par le conseil d’État et un par la Cour de Cassation. Son président est directement nommé par le président de la République.
Le président de l’Assemblée nationale est un pilier de LREM, la majorité présidentielle, le président du Sénat est un opposant bien débonnaire, le président du Conseil d’État est es qualités le Premier ministre ou le ministre de la Justice, la Cour de Cassation est présidée depuis 2019 par Chantal Arens supposée neutre. Le président de l’Arcom et ex-président du CSA, Roch-Olivier Maistre, est réputé pour avoir l’échine particulièrement souple. Au total 5 membres sur 9 au minimum dont son président n’ont rien à refuser à l’oligarchie libérale libertaire.
Voir aussi : Roch-Olivier Maistre, orléaniste à l’échine souple, nommé Président du CSA
Retour de la loi Avia, la censure renforcée
Sortie par la porte la loi liberticide de la députée d’origine togolaise https://www.ojim.fr/portraits/laetitia-avia/ Laetitia Avia revient par la fenêtre. Les plateformes en ligne seront contrôlées par l’Arcom pour « lutter contre la manipulation de l’information ou la diffusion de contenus haineux ». Si elles ne mettent pas en œuvre les moyens financiers, techniques et humains nécessaires, elles seront passibles d’une amende allant jusqu’à 20 millions d’euros ou 6% de leur chiffre d’affaires mondial, de quoi faire réfléchir…
Quelques points sont positifs, Netflix, Amazon, Disney ou AppleTV, offres de services vidéo à la demande seront incluses dans le système français de financement du cinéma, les créateurs seront sans doute mieux protégés sur internet et les mineurs seront mieux à l’abri de contenus pornographiques. Mais au total, le tout nouvel Arcom s’annonce avant tout comme un des dispositifs permettant de mieux censurer, allant dans le même sens que la commission Bronner, le dispositif Viginum et autres. Ceux qui verraient là une relation avec les élections de 2022 sont sans doute de mauvais esprits.