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11 avril 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Dans les coulisses du byzantin journal Le Monde

Temps de lecture : 3 minutes

L’élection du futur directeur du Monde par les journalistes, qui aura lieu mi-mai, est un modèle d’intrigues et de coups bas. Trois, voire quatre candidats sont sur les rangs. Il s’agit de Gilles Van Kote (actuel directeur intérimaire), Jean Birnbaum (rédacteur en chef du Monde des livres) et Christophe Ayad (chef du service “International”). Pierre Morville, cadre chez Orange et ex journaliste au Matin de Paris, a aussi postulé. Le nom de l’un des trois premiers sortira du chapeau des actionnaires, Pierre Bergé, Mathieu Pigasse et Xavier Niel, lors du conseil de surveillance du 20 avril. Et sera probablement élu par la base au 60% requis.

Pour Gilles Van Kote, directeur intéri­maire du quo­ti­di­en du soir depuis mai 2014 (après le débar­que­ment de Natal­ie Nougayrède en avril), la sit­u­a­tion se com­plique. Il pen­sait encore fin mars être le seul à pos­tuler dans la durée à la fonc­tion suprême au sein du titre pres­tigieux. La procé­dure d’élec­tion du directeur ne serait qu’une for­mal­ité, voire n’au­rait pas lieu du tout. C’é­tait sans compter avec les manœu­vres de l’un de ses pro­prié­taires, l’oc­togé­naire Pierre Bergé, et du directeur général du groupe, Louis Dreyfus.

Infographie : Pierre Bergé, l'homme de l'art, de la gauche et des médias

Info­gra­phie : Pierre Bergé, l’homme de l’art, de la gauche et des médias. Cliquez pour télécharger.

Tout en jus­ti­fi­ant son atti­tude par “le néces­saire pas­sage par une élec­tion” con­for­mé­ment aux statuts du Monde, Pierre Bergé a ten­té de sus­citer, en interne et à l’ex­térieur, d’autres can­di­da­tures. Il n’ap­pré­cie guère l’actuel directeur intéri­maire du quo­ti­di­en qui n’in­car­n­erait pas suff­isam­ment l’e­sprit du Monde. Surtout, l’af­faire Swissleaks, le scoop sor­ti par Le Monde en févri­er, lui resterait en tra­vers de la gorge. Plusieurs amis du mil­liar­daire, pro­prié­taire égale­ment de la mai­son de haute cou­ture Yves Saint-Lau­rent, fig­ur­eraient sur la liste des évadés fis­caux pub­liée dans le jour­nal. Un bon con­nais­seur des arcanes du Monde explique que si Bergé n’a pas trou­vé le can­di­dat prov­i­den­tiel, il n’est cer­taine­ment pas étranger à la can­di­da­ture de dernière minute de Jean Birn­baum. Le directeur du Monde des livres, dont Bergé fustige les choix lit­téraires à longueur de tweets, ne le gên­erait plus, une fois pro­mu en tant que patron du journal.

Si Bergé a beau­coup cher­ché à l’ex­térieur, Louis Drey­fus a lui ménagé ses arrières à l’in­térieur du jour­nal. Le fils de l’an­cien maire social­iste du 10e arrondisse­ment, Tony Drey­fus, a tout fait pour décourager cer­tains pos­tu­lants. Avec ou sans l’aide de ses action­naires, il est par­venu à écarter au moins trois can­di­da­tures : celles de la direc­trice adjointe de la rédac­tion, Cécile Prieur, d’une des rédac­tri­ces en chef, Sylvie Kauf­mann, et de l’an­cien rédac­teur en chef du Monde.fr, Boris Razon. A con­trario, les trois pos­tu­lants font par­tie de ses proches. Reste à savoir lequel se rap­prochera le plus des trois qual­ités req­uise pour diriger Le Monde : ani­ma­tion, trans­for­ma­tion, incar­na­tion. Réponse dans une semaine.

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