Dimanche 15 décembre 2023, Gérald Darmanin déclarait qu’il procéderait à la dissolution prochaine du mouvement catholique Academia Christiana, dans une interview accordée au média en ligne Brut. L’entourage du ministre a confié que le groupe serait connu pour «ses appels à la haine et à la discrimination».
Fondée en 2013, à la suite de la Manif pour Tous, Academia Christiana est un institut de formation intégrale, à la fois « spirituelle, morale, intellectuelle et sportive » (Le Figaro).
Un institut de formation
Dans un communiqué publié le même jour, l’institut se défend de ces accusations en réaffirmant que leur objectif est seulement la formation intellectuelle et accuse le gouvernement de vouloir « interdire toute pensée ou réflexion en dehors de l’idéologie laïciste et consumériste » : « À l’heure où les coups de couteau fusent matin, midi et soir, la priorité de la République est de dissoudre un institut de formation dont les cadres sont tous d’honnêtes pères et mères de famille ».
Deux poids deux mesures
Cette annonce a suscité une vague d’indignation par différentes personnalités de droite à l’instar du président de Reconquête, Éric Zemmour qui condamne le deux poids-deux mesures du ministre de l’intérieur : « L’État de droit chez Darmanin, c’est ne pas pouvoir expulser des djihadistes, ne pas tirer sur des criminels qui menacent la police, ne pas dissoudre la Jeune Garde, laisser prospérer les Frères musulmans, mais pouvoir dissoudre des associations pacifiques en claquant des doigts ».
L’État de droit chez Darmanin, c’est ne pas pouvoir expulser des djihadistes, ne pas tirer sur des criminels qui menacent la police, ne pas dissoudre la Jeune Garde, laisser prospérer les Frères musulmans, mais pouvoir dissoudre des associations pacifiques en claquant des doigts. https://t.co/f9ca9z0Qni
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) December 10, 2023
L’éditorialiste Mathieu Bock-Côte s’est également indigné sur CNews : « Se pourrait-il que le gouvernement veuille en finir avec tous les mouvements qui veulent défendre l’identité français sous sa forme traditionnelle ? »
Darmanin confond deux mouvements
Le ministre de l’intérieur a vu pointée du doigt son incompétence suite à son intervention sur CNews en direct, où il a faussement accusé Academia Christiana d’antisémitisme, en mélangeant son dossier avec celui de l’association CIVITAS, dissoute cet été.
C’est un scandale absolu. Il confond les propos tenus par Pierre Hillard à Civitas et non à Académia Christiana. Quel amateurisme. Cet homme a le pouvoir de faire régner l’ordre ans ce pays. https://t.co/tUI5LDI7wh
— Baudouin Wisselmann (@Baudouin_wissel) December 11, 2023
Ce qui, même à gauche, a fait hausser les sourcils. Libération concède qu’il « s’est emmêlé les pinceaux. Il a confondu le groupe avec Civitas, un mouvement catholique intégriste et antisémite déjà dissous par ses services début octobre. »
Alors que l’article n’apporte aucune preuve tangible de propos antisémites ou complotistes, il ne reste plus au quotidien de Drahi/Křetínský qu’à marteler les liens de l’institut avec des groupes identitaires provinciaux : Il « n’est dès lors guère étonnant de voir les événements « catholiques identitaires » d’Academia Christiana rassembler de larges pans de la sphère radicale d’extrême droite. Son université d’été a réuni cette année plus de 400 personnes (eux en revendiquent 600), allant des néofascistes de l’Oriflamme Rennes jusqu’à la Cocarde étudiante, syndicat estudiantin lié à Reconquête et au Rassemblement national. »
Absence de documents sourcés
De fait, Pierre Gentillet, leur avocat, dénonce l’absence totale de sources, de documents permettant de justifier leur dissolution.
Le 4 décembre dernier, j’ai appris, comme avocat de l’association ACADEMIA CHRISTIANA, l’intention par courrier du Min. de l’Intérieur de la dissoudre.
A tous, je voudrais vous expliquer pourquoi cet évènement est gravissime.
Par une missive, longue de 7 pages, l’administration…
— Pierre Gentillet (@Pierre_GTIL) December 11, 2023
Le Figaro, à travers le juriste Nicolas Bauer, signale que le gouvernement restreint nos libertés publiques et notamment la liberté d’association afin de servir des objectifs politiques.
Des dissolutions plus nombreuses qu’à l’époque de l’OAS et de mai 68
Le Telegramme met aussi en exergue que “les nouvelles demandes annoncées par Gérald Darmanin portent à 37 le nombre de procédures déclenchées depuis 2017, sur les 100 totalisées depuis octobre 1958.” Ainsi, le nombre de demandes de dissolutions d’associations sous le gouvernement d’Emmanuel Macron est encore plus élevé que sous le général de Gaulle qui a connu l’OAS et mai 68.
De fait, Gérald Darmanin ne souhaite pas s’arrêter à Academia Christiana, il a également annoncé qu’il travaillait à la dissolution des Remparts, groupe identitaire de Lyon et à la Citadelle, bar patriote lillois. À cet effet, Quotidien a produit un reportage en “immersion” sur le groupe lyonnais et leur participation à la procession pour la Vierge Marie. En effet, comme le rappelle Boulevard Voltaire, “La préfecture de police du Rhône a publié un arrêté interdisant la procession aux flambeaux organisée par ces identitaires après avoir « eu des éléments laissant penser que des groupuscules d’ultra-droite pourraient confisquer cette manifestation ». Question justification, peut mieux faire…”
Comme aucun débordement n’a eu lieu, le maire de Lyon Grégory Doucet et Yann Barthès préfèrent se désoler de la présence de “l’extrême-droite” dans cette ville.
Cette guerre lancée aux différents groupes de droite apparaît comme une énième tentative de diversion face aux véritables problèmes qui agitent et inquiètent les Français : l’insécurité, la délinquance, la déferlante migratoire.