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De Vincent Bolloré à Bernard Arnault, Paris Match va encore changer de mains

2 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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De Vincent Bolloré à Bernard Arnault, Paris Match va encore changer de mains

Temps de lecture : 4 minutes

L’homme d’affaires Bernard Arnault est entré en négociations exclusives avec Lagardère pour racheter l’hebdomadaire Paris Match. Passé dans le giron de Vincent Bolloré en novembre 2023 via le groupe Lagardère, le célèbre magazine devrait déjà changer de propriétaire en 2024…

Les grandes manœu­vres se pour­suiv­ent dans le groupe médias de Vin­cent Bol­loré, action­naire majori­taire de Vivendi.

Une idée ancienne d’Arnault

C’était une volon­té de Bernard Arnault depuis plusieurs années, il devrait pou­voir enfin embrass­er son rêve cette année en devenant pro­prié­taire de Paris Match. Mar­di 27 févri­er 2024, le groupe Lagardère a annon­cé entamer des dis­cus­sions exclu­sives avec le groupe LVMH qui lui a trans­mis une offre d’achat. Si le mon­tant de l’opération n’a pas été révélé, ce change­ment si rapi­de de pro­prié­taire a néan­moins de quoi étonner. 

Réorganisation de la « Bollosphère »

Alors que Vin­cent Bol­loré avait batail­lé pour con­serv­er la revue, elle devrait donc pass­er sous pavil­lon con­cur­rent dans une bataille de mil­liar­daires plus ou moins fan­tas­mée. Les négo­ci­a­tions ont par ailleurs eu des relents dynas­tiques puisque les célèbres patrons étaient flan­qués de leurs fils Yan­nick et Cyrille Bol­loré d’un côté et Antoine Arnault de l’autre.

En 2023, le pôle médias du groupe Lagardère a vu son chiffre d’affaires reculer de 9 %. Com­posé d’Europe 1, Europe 2, RFM, le Jour­nal du dimanche, Paris Match, il a prob­a­ble­ment souf­fert du mou­ve­ment social au JDD avec l’arrivée aux manettes de Geof­froy Lejeune.

Arrangement post conflit entre amis/adversaires

En se délestant de Paris Match, le groupe vise prob­a­ble­ment une réor­gan­i­sa­tion de sa flotte médi­a­tique dans laque­lle ce titre n’avait pas ou plus sa place. Avec env­i­ron 450 000 exem­plaires dif­fusés heb­do­madaire­ment les ventes de Match ont chuté de 6 % en 2023, selon l’organisme cer­tifi­ca­teur du marché : l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.

Un change­ment de mains qui fait en tout cas le bon­heur de Bernard Arnault, qui tenait à acquérir un jour­nal qui a vu le jour comme lui en 1949. Sol­i­dar­ité entre mil­liar­daires ou arrières pen­sées, le patron du groupe LVMH n’avait pas par­ticipé au boy­cott pub­lic­i­taire con­tre le JDD.

Ce que Bernard Arnault veut

Alors que la majorité des annon­ceurs tour­nait le dos au jour­nal, le groupe détenu par Bernard Arnault a main­tenu ses annonces mon­trant par ailleurs les lim­ites de l’action des Sleep­ing Giants.

Plus qu’un sim­ple annon­ceur, il aurait même, selon Le Monde, été par­ti­c­ulière­ment zélé dans la défense de Vin­cent Bol­loré. Ain­si le quo­ti­di­en affirme que Le Parisien et Les Échos, détenus par  la Finan­cière Agache de Bernard Arnault, avaient vu les rédac­tions pro­test­er « à de mul­ti­ples repris­es […] con­tre la dif­fi­culté de tra­vailler sur des sujets sus­cep­ti­bles de con­cern­er néga­tive­ment Vin­cent Bolloré ».

Une cour assidue qui aurait donc fonc­tion­né mais qui ne sera pas sans con­séquence chez Paris Match. Ain­si, Lau­rence Fer­rari, présen­ta­trice vedette à CNews, pro­priété de Canal + (groupe Bol­loré) avait été propul­sée à la direc­tion du « ser­vice poli­tique » de Paris Match. Sera-t-elle main­tenue à ce poste ? Les ajuste­ments qu’ont pu con­naître les ressources humaines du jour­nal seront-ils main­tenus ? Une clause de ces­sion per­me­t­tant aux salariés de quit­ter le média avec d’avantageuses con­di­tions de licen­ciement a été ouverte en décem­bre 2023 pour un an et a déjà été util­isée par quelques jour­nal­istes. L’arrivée d’une nou­velle direc­tion sus­cit­era-t-elle un change­ment de cap en la matière ?

Match entre actualité et people

Le pas­sage de l’escarcelle Bol­loré à Arnault ne devrait pas être résol­u­ment un boule­verse­ment pour Paris Match qui demeure une revue très lisse à mi-chemin entre actu­al­ité et « people ».

Pour Bernard Arnault, c’est un nou­veau jou­et à sa dis­po­si­tion en plus du Groupe Les Echos-Le Parisien, de Radio Clas­sique. Pour Vin­cent Bol­loré il sem­blerait qu’il s’agisse d’un réamé­nage­ment alors qu’au total le groupe Lagardère se porte très bien. En effet si le pôle média dis­pose de revenus en baisse lors de l’exercice passé (-8,3% pour les radios, ‑9,4% pour la presse), l’ensemble du groupe a dépassé les 8 mil­liards d’euros de revenus en 2023 avec une hausse de 14 % avec un résul­tat opéra­tionnel de 520 mil­lions d’euros grâce aux activ­ités des bou­tiques hors taxes.

En perte de vitesse depuis plus de deux décen­nies au moins, les médias radio et papi­er sont devenus des danseuses (utiles poli­tique­ment) pour mil­liar­daires comme l’illustre le cas de Paris Match.

Voir aus­si : LVMH, info­gra­phie

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