[Première diffusion le 11 mai 2020]
Les chiffres en témoignent : après une légère accalmie en début de confinement, la délinquance ne fait que croitre en France depuis plusieurs mois. Elle prend plusieurs formes, dont les médias traditionnels rendent compte de manière très souvent ponctuelle. De récents articles tentent de dépasser le fait divers pour aller au plus général. Il nous a paru important d’y revenir.
La hausse de la délinquance
Les statistiques du ministère de l’Intérieur sont imparables : la délinquance que subissent les Français est en hausse ces dernières temps. Selon le criminologue Xavier Raufer, la politique laxiste du gouvernement et la libération par anticipation de milliers de détenus ne devraient faire qu’empirer la situation et entrainer une effet rebond à l’issue du confinement.
L’OJIM a, dans plusieurs articles, constaté que le phénomène de la délinquance et de la violence croissante dans la société n’est présenté dans les médias de grand chemin que sous forme de faits divers ponctuels. Très souvent, aucun lien ni analyse n’est fait entre des événements semblables, ce qui ne permet pas de les appréhender comme de véritables faits de société. Nous l’avons souligné pour la délinquance de mineurs étrangers comme pour les violences en banlieue.
Nous aurions pu le faire également concernant les effets déjà catastrophiques de la libération anticipée de milliers de délinquants de prison. Revenons sur de récents articles parus dans les médias qui, par extraordinaire, passent le Rubicon du fait divers ponctuel pour aller vers la description et l’analyse de phénomènes de société plus généraux.
Les mineurs étrangers délinquants
Dans un article du 2 mars, nous soulignions que les journaux et sites d’information régionaux consacrent de nombreux articles à la délinquance des mineurs étrangers, parfois appelés « mineurs non accompagnés ». On peut parler d’un véritable phénomène de société, mais qui n’est pas décrit comme tel : en effet, aucun lien n’est donné entre les différents faits relatés. Ceci bien qu’ils aient les mêmes caractéristiques. Dans un article du 2 mai 2020, l’hebdomadaire Valeurs actuelles tente de faire le point sur « la nouvelle délinquance de rue » dont les auteurs sont des « mineurs isolés » (traduire : jeunes Maghrébins ou Africains). Les cibles de ces délinquants, souvent des pharmacies et des débits de tabac, les difficultés pour déterminer leur âge et les réseaux organisés auxquels ils appartiennent sont abordés dans un article que l’on aurait aimé plus long encore, mais qui a le mérite de tenter de passer du ponctuel au phénomène de société, dont tant les médias de grand chemin que les pouvoirs publics n’ont visiblement pas pris la mesure.
Les violences dans les « banlieues »
La délinquance dans les banlieues et les violences contre les policiers qui y ont lieu font partie du paysage français. Comme le soulignait le criminologue Xavier Raufer au micro de Sputniknews, depuis les émeutes des Minguettes en 1982, nos gouvernants semblent avoir accepté la partition du territoire français.
Les médias de grand chemin également, à en juger par la façon de traiter les innombrables faits divers qui se passent en banlieue. Un terme pudique pour qualifier de véritables agressions, souvent organisées en bande, et qui concernent également les pompiers et parfois des médecins…Passant du ponctuel au général, le Figaro évoque dans un article du 7 mai « les crispations dans les quartiers sensibles ». Si le titre de l’article est une nouvelle fois un bel exercice de camouflage de la réalité, on y mesure néanmoins l’ampleur et le nombre des villes – 164 – qui ont connu au moins un épisode de violences urbaines ces derniers jours. Les 379 attaques des jeunes délinquants ont selon le quotidien causé des blessures parmi 43 policiers. En avez-vous entendu parler ? Si le journaliste estime qu’au ministère de l’intérieur, « on ne minore pas ces faits », il était temps d’avoir une vue plus générale sur ce phénomène traité en mode mineur dans les médias de grand chemin.
Les délinquants libérés par anticipation
L’annonce par la ministre de la justice de la libération anticipée de milliers de délinquants n’a pas fait beaucoup de vagues dans les médias de grand chemin. On pourrait même se demander pourquoi les délinquants étaient emprisonnés… Sputniknews est bien seul à nous informer que les largesses de la garde des sceaux ne sont pas sans conséquences : dans un article du 28 avril, le site d’information sous la plume d’Édouard Chanot fait le constat que les « récidives s’accumulent » pour les détenus libérés par Nicole Belloubet. Il n’y a guère que sur le compte Facebook de Laurent Obertone et sur le site Fdesouche et celui d’Actu17 que l’on peut avoir un début de recensement des récidives des délinquants très récemment libérés par anticipation de prison. Toujours sur Sputniknews, le criminologue Xavier Raufer tente à partir des expériences du passé d’appréhender l’effet rebond des largesses de la garde des sceaux vis-à-vis des délinquants. Une analyse aussi intéressante qu’inquiétante.
Le point commun à ces articles : ils s’appuient sur des faits divers ponctuels pour aller vers le général. Ils donnent des pistes d’explications pour rendre intelligible ce qui se joue dans la société. Une façon d’essayer de comprendre et d’analyser des récits souvent pleins de bruit et de fureur, et qui pris individuellement souvent ne signifient rien…