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Les femmes, une espèce en voie de disparition au cœur de Paris. Qu’en pensent les médias ?

14 juillet 2017

Temps de lecture : 8 minutes
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Les femmes, une espèce en voie de disparition au cœur de Paris. Qu’en pensent les médias ?

Temps de lecture : 8 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 23/05/2017]

Le 19 mai 2017, des militants tentent de mobiliser les lycées français pour la Journée de la jupe. Une opération médiatisée afin de lutter contre les discriminations bien réelles dont sont victimes nombre de femmes en France. Ce même jour, des discriminations sexistes apparaissent au grand jour grâce au Parisien : des femmes sont victimes de violences et de harcèlement, mais c’est en plein Paris. Dans le 10e et 18e arrondissement, quartier Pajol-La Chapelle.

Après Cologne en 2016, les médias offi­ciels français ont eu du mal à ren­dre compte de cen­taines d’agressions sex­uelles, au motif qu’elles étaient le fait de migrants. Dif­fi­cile de con­sid­ér­er les vic­times par nature de la doxa dom­i­nante comme des délin­quants sex­uels. Au sujet du quarti­er Pajol-La Chapelle, après les révéla­tions du Parisien le 19 mai 2017 sur le sex­isme dont les femmes sont vic­times en plein cœur de Paris, les médias ont-ils réa­gi de la même façon qu’à Cologne en 2016 ? Ou bien ont-ils été capa­bles d’ouvrir les yeux ? Revue de presse.

Le Parisien ouvre le bal

Dans son édi­tion du 19 mai 2017, le quo­ti­di­en attire l’attention sur le développe­ment du sex­isme à l’encontre des femmes. À Paris. Un sex­isme qui n’a rien à voir avec la sit­u­a­tion des femmes des milieux ouvri­ers d’autrefois, quoi qu’en pense un Benoît Hamon. En décem­bre 2016, celui-ci com­para­it l’exclusion des femmes des cafés tenus par des immi­grés musul­mans en ban­lieue parisi­enne avec une pré­ten­due exclu­sion des femmes des cafés ouvri­ers du 19e siè­cle. L’ex can­di­dat social­iste, pul­vérisé lors des récentes élec­tions, n’avait pas lu Zola. Une faute de goût. Le Parisien du 19 mai 2017 met le focus sur la réal­ité : « Ce sont plusieurs cen­taines de mètres car­rés de bitume aban­don­nés aux seuls hommes, et où les femmes n’ont plus droit de cité. Cafés, bars et restau­rants leur sont inter­dits. Comme les trot­toirs, la sta­tion de métro et les squares. Depuis plus d’un an, le quarti­er Chapelle-Pajol, à Paris (Xe- XVI­I­Ie), a totale­ment changé de phy­s­ionomie : des groupes de dizaines d’hommes seuls, vendeurs à la sauvette, dealeurs, migrants et passeurs, tien­nent les rues, harce­lant les femmes ». La rai­son : en un an « le quarti­er Chapelle-Pajol a entière­ment changé de phy­s­ionomie ». Ce que tout habi­tant du quarti­er remar­quera sans peine. Sit­u­a­tion pal­pa­ble aus­si dans les petites villes de province. Des femmes témoignent, cer­taines habitent le quarti­er depuis 30 ans : injures, réflex­ions sur les tenues ves­ti­men­taires, har­cèle­ment à car­ac­tère sex­uel… Elles changent d’itinéraire, ou même rechig­nent à sor­tir de chez elles « À l’image de cette vieille dame de 80 ans, agressée sex­uelle­ment alors qu’elle ren­trait dans son immeu­ble, et désor­mais retranchée dans son apparte­ment ». Les images sont presque incroy­ables, au cœur de la République. Les bobos « mul­ti­c­ultis », ayant voté sans cesse pour des poli­tiques con­duisant à cette réal­ité, s’organisent main­tenant en asso­ci­a­tions « S.O.S ». À Paris. Con­séquence des poli­tiques migra­toires actuelles. Qu’en pense Anne Hidal­go, maire de Paris pro­mou­vant en per­ma­nence et finan­cière­ment une idéolo­gie mul­ti­cul­turelle obses­sion­nelle, celle-là même qui pousse au déni du réel ? Ses tweets annon­cent des mesures à venir « con­tre les dis­crim­i­na­tions envers les femmes ». Aucune référence à l’origine eth­nique des agresseurs. Le préfet de police ? « Le ren­force­ment de la présence poli­cière sur la voie publique, ini­tié il y a déjà plusieurs mois pour lut­ter con­tre toutes les formes de délin­quance con­statée, a don­né de bons résul­tats : 10 opéra­tions spé­ciales ont lieu de façon heb­do­madaire depuis jan­vi­er 2017 et ont per­mis l’éviction de 27.000 per­son­nes et l’interpellation de 1161 indi­vidus. Cet effort sera pour­suivi avec la plus grande déter­mi­na­tion et sera pri­or­i­taire­ment axé sur le secteur Pajol afin de faire cess­er ces actes de dis­crim­i­na­tion inad­mis­si­bles à l’égard des femmes ». Com­ment les habi­tants du quarti­er ne seraient-ils pas inqui­ets devant de tels chiffres ? D’où la mise en œuvre d’une péti­tion inti­t­ulée « Les femmes, une espèce en voie de dis­pari­tion au cœur de Paris ».

La situation est bien évoquée dans les médias, mais…

La leçon du déni de réal­ité observé à l’époque des agres­sions de Cologne a‑t-elle été tirée ? Francetv info relaie l’information mais cite un extrait du com­mu­niqué de la ville et de la pré­fec­ture de Paris évo­quant un « sen­ti­ment » d’insécurité et non l’insécurité réelle dont font part les habi­tantes harcelées au quo­ti­di­en. La chaîne donne la parole au maire PS du 18e : « Il y a une dif­fi­culté pour les femmes, mais aus­si pour les hommes, à cir­culer sur cette place, c’est indé­ni­able. Et que des femmes soient agressées, je l’ai con­staté. Mais je ne suis pas sûr que ce soit le cœur du sujet ». On com­prend mieux pourquoi les femmes du quarti­er sont ter­ror­isées. Ce même matin du 19 mai, CNews se fait l’écho d’un appel à man­i­fester con­tre la sit­u­a­tion tan­dis qu’Adeline François, sur RTL, dans sa revue de presse, con­state que les femmes n’ont « plus droit de cité » dans le quarti­er Pajol. La jour­nal­iste par­le d’une sit­u­a­tion effarante : « deal­er, migrants, passeurs » tien­nent la rue. Europe 1 évoque « un cli­mat de dan­ger pour les femmes ». Le Figaro du 20 mai indique que la péti­tion atteint plus de 2500 sig­nataires du quarti­er en quelques heures. Témoignage : « Après 17 heures, ça devient une zone de non-droit. Entre les vendeurs à la sauvette, les pick­pock­ets, les migrants et la salle de shoot pas loin, notre quarti­er n’est plus viv­able ». Les homo­sex­uels rasent les murs et la jupe courte devient source de dan­gers. BFM donne la parole à une femme à qui est reproché de ne pas porter le voile. Le 20 mai, Le Parisien en rajoute une couche. Témoignage : « Dès 16 heures, des dizaines d’hommes de 15 à 22 ans squat­tent mon hall d’immeuble pour deal­er et je dois baiss­er les yeux : c’est devenu inviv­able ». Un des cor­re­spon­dants de l’OJIM en province indique qu’il en va de même dans le cen­tre de nom­bre de villes moyennes. À la date du 20 mai, des quo­ti­di­ens comme Le Monde ou La Croix font silence sur ce sujet. Le quo­ti­di­en catholique de gauche préfère titr­er sur les « dan­gers » du pop­ulisme en Pologne. Cachez ce réel que nous ne sauri­ons voir. Pour l’heure, les parisiens ne sem­blent pas faire le lien entre les poli­tiques migra­toires gou­verne­men­tales et la dégra­da­tion de leur vie quo­ti­di­enne, ayant décidé de vot­er à 90 % pour Emmanuel Macron, can­di­dat de l’idéologie mul­ti­cul­turelle. Et nous n’avons plus guère de nou­velles de « Théo » ou de « Meklat ».

Le naturel revient vite au galop

Ce 19 mai 2017, la Palme d’or du fes­ti­val des migrants de Pajol revient à Libéra­tion. Pour le quo­ti­di­en, la polémique au sujet des agres­sions vise à car­i­ca­tur­er un quarti­er « pop­u­laire et métis­sé ». Autrement dit, l’affaire est avant tout dis­crim­i­na­toire, voir raciste, envers les migrants. Évo­quant l’affaire du bar de Sevran, et la con­tre-enquête for­cé­ment qual­i­ta­tive du Bondy blog, le jour­nal de Boboland con­sid­ère qu’il s’agit d’une manip­u­la­tion util­isant le fémin­isme à des fins racistes, même si les témoins cités à l’appui de cette thèse ne nient pas « les agres­sions à car­ac­tère sex­uel ». Ni le jour­nal­iste ni le témoin ne parais­sent voir le car­ac­tère extra­or­di­naire de la banal­i­sa­tion de ces agres­sions qui, en effet, ne peu­vent plus être niées. À Paris, comme partout en France. Le 20 mai, RTL met le focus sur une inter­pré­ta­tion du même type, don­nant la parole aux mil­i­tants gauchistes des asso­ci­a­tions d’aide aux migrants, mil­i­tants qui sou­vent n’habitent pas le quarti­er. Une man­i­fes­tante dénonce le « racisme » et la « volon­té d’expulser les migrants ». Il en va de même sur LCI le 21 mai 2017. Pour nier la réal­ité, une con­tre-enquête. Une femme seule munie d’une caméra cachée est envoyée en prom­e­nade dans le quarti­er. Il n’y a pas de femmes dans les bars en effet, sauf une vieille dame venue jouer mais la jour­nal­iste en mis­sion ne voit pas « d’interdiction ». Il n’y aurait pas plus de femmes dans les cafés des autres quartiers de Paris à cette heure de la journée, pense-t-elle. Les habitués des cafés parisiens, dont l’auteur de cette revue de presse, apprécieront. Bien sûr, il y a des inci­vil­ités mais « ce n’est pas un prob­lème d’immigration, c’est un prob­lème d’accueil des migrants ». Racisme, manip­u­la­tion, exagéra­tion, cul­pa­bil­i­sa­tion de vic­times, la ver­sion offi­cielle mul­ti­cul­turelle revient vite en scène. Paris, comme Cologne. Déni de réal­ité et agres­sions sex­uelles mais con­ti­nu­ité de l’accueil : jusqu’à quel drame ? Le 21 mai 2017, France Inter n’avait pas encore évo­qué la sit­u­a­tion des femmes dans les rues de l’Est parisien, cen­trant ses infor­ma­tions sur le Fes­ti­val de Cannes et le « bon­heur d’être minori­taire chez soi », selon Éva Bet­tan. La jour­nal­iste ne doit pas habiter quarti­er Pajol.

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