Libération doit changer de statut et être placé sous l’égide d’une fondation « indépendante ». Dans ce cadre, le jeu des chaises musicales a commencé. Clément Delpirou quitte le navire et l’insubmersible Denis Olivennes prend les commandes, peu de temps après avoir rejoint CMI le groupe du Tchèque Daniel Křetínský (Elle, Marianne, Télé 7 jours, France Dimanche, Ici Paris).
Une fondation indépendante étroitement contrôlée
Patrick Drahi ne veut plus financer à fonds perdus un journal en déficit permanent. Il préfère le transférer à une fondation « indépendante » dont il tiendra fermement les administrateurs. Parmi les premiers nommés, outre Laurent Joffrin qui obtient un bon de sortie honorable pour quitter la direction de la rédaction, Arthur Dreyfuss directeur général d’Altice média et Laurent Halimi directeur des fusions acquisitions d’Altice Europe n’ont rien à refuser à Patrick Drahi.
Olivennes DG
Exit Clément Delpirou qui part exercer ses talents ailleurs, arrive Denis Olivennes. Denis Olivennes avait rejoint le groupe Křetínský en février 2019, il n’y sera donc resté qu’une grosse année.
Olivennes a laissé derrière lui une réputation mitigée en tant que chef d’entreprise. Comme le relevait Le Canard Enchaîné du 8 décembre 2010, « Il a adopté la tactique dite du nénuphar, commente un grand patron. Telle la grenouille qui saute de plante en plante. Et il se barre juste avant l’échec, juste avant que cela ne se voie. Canal +, PPR, Air France, la Fnac, la grenouille a beaucoup sauté et n’a pas franchement marqué les mémoires. ”De lui, on ne se souvient de rien, aucune trace, sauf ses incroyables indemnités de départ”, grince un malveillant. Un élu acerbe qui l’a beaucoup fréquenté lorsqu’il était fabiusien alourdit la barque : ”Il est plus fort pour faire parler de lui que pour accomplir quoi que ce soit”. Et, ajoute un patron de presse, ”il est plus doué pour les relations publiques que pour la gestion’ ».
Un jugement peut-être un peu rapide : Denis Olivennes connaît tout le monde dans le secteur des médias. Pour Libération, sa connaissance des réseaux lui permettra de contrôler – si possible en douceur – la transition du statut de presse classique à celui de fondation. Avec sans doute une clause de conscience offerte aux journalistes, autrement dit un plan social enrobé de sucre.