Le journaliste Serge Faubert vient d’annoncer son départ forcé de la chaîne d’info en ligne Blast dirigée par Denis Robert. En cause : une chronique de Faubert sur Taha Bouhafs sortant des clous et l’étalage de dissensions au sein de la France insoumise. Robert accuse depuis Faubert de créer le scandale pour lancer sa nouvelle chaîne. Faubert persiste et signe : il n’a fait que respecter la Charte de déontologie de Munich et accuse Robert d’avoir voulu dissimuler des faits avérés sur le candidat malheureux de Vénissieux.
Serge Faubert s’estime victime d’une censure
Connu pour son émission hebdomadaire sur Blast, « Un Bourbon sinon rien », Serge Faubert a été licencié de la Web TV lancée il y a un an par l’écrivain et journaliste Denis Robert. Faubert affirme avoir été censuré par la directrice de la rédaction de Blast, Soumaya Benaissa, et par Denis Robert, pour sa chronique du 28 avril 2022, plus exactement sur la séquence portant sur Taha Bouhafs, candidat aux législatives qui sera plus tard écarté par LFI pour des accusations de violences sexuelles.
La directrice de la rédaction et Denis Robert auraient refusé de diffuser des informations pourtant largement répandues dans la presse mainstream : le tweet de Bouhafs contre Charlie Hebdo, l’affaire de la fake news du blessé de la faculté de Tolbiac et la condamnation en première instance dans le procès intenté par une syndicaliste policière.
Des sujets d’autant plus sensibles que Faubert avait eu vent de conflits au sein de la France insoumise sur la personnalité de Taha Bouhafs, et prévoyait de les révéler. Inacceptable pour Denis Robert.
Voir aussi : Taha Bouhafs, portrait
« Logorrhée de l’extrême-droite »
Serge Faubert prétend avoir eu droit au traditionnel couplet du « jeu de l’extrême-droite ». Il évoque un SMS que lui aurait adressé Denis Robert pour lui demander de procéder à de grosses coupes voire de ne pas du tout évoquer le sujet Bouhafs dans sa chronique :
« Nous ne sommes ni BFM ni Valeurs Actuelles […], [tu joues] de la même logorrhée que la droite Valls et que l’extrême-droite. »
Si cela est vrai, on aura connu Denis Robert plus courageux…
Blackrock et BHL, oui, Taha Bouhafs, non ?
Il faut le reconnaître : Blast occupe une place particulière dans la galaxie des médias de gauche. Il arrive à cette chaîne de déranger et de faire bouger les lignes, alors que son chef de file et ancien du Média, Denis Robert, est incontestablement un journaliste de qualité. Ce dernier s’est fait connaître pour ses travaux de journaliste d’investigation — une approche du journalisme peu répandue et mal-maîtrisée en France — sur différentes affaires politico-financières. Il est également l’auteur d’un ouvrage intéressant sur le premier gérant d’actifs financiers du monde, Blackrock. Récemment, Blast a même fait condamner BHL dans le cadre d’un procès en diffamation, autant dire pas une mince affaire ! Robert avait eu le courage d’évoquer BHL en ces termes : « pigiste de luxe qui refourgue sa quincaillerie »
Denis Robert n’a donc pas peur de BHL, mais reculerait devant Taha Bouhafs ? Étonnant… Voire inquiétant : cela laisse entrevoir le poids de l’islamo-gauchisme au sein de cette « nouvelle gauche », mais encore l’inertie de certains tabous chez un homme comme Robert, que l’on ne peut taxer de naïveté ou de couardise.
Autre blocage mental : l’Ukraine. Face à Marc Eichinger, dans une émission intitulée « Ukraine : les oligarques et vendeurs d’armes derrière la guerre », Denis Robert peinait à dissimuler qu’il faisait semblant de découvrir que Zelensky n’était pas tout rose et que l’Ukraine était aux mains d’oligarques depuis la chute du Mur, tout en feignant la surprise en entendant que ces oligarques n’étaient pas russes mais ukrainiens.
Robert n’a pas la même version des faits
Pour se défendre, il affirme que son ancien collègue Faubert a inventé cette histoire de toute pièce pour lancer sa nouvelle chaîne YouTube — à peine créée, elle compte déjà plus de 35 000 abonnés. Denis Robert promet quant à lui de prouver très prochainement qu’il a raison et que Faubert ment dans cette affaire.
Quoiqu’il en soit, cet épisode montre une chose : ceux déclarant faire la promotion du collectif, de la coopération et de l’émulation sont d’ordinaire les moins aptes à travailler en bonne entente. Le décalage entre le discours et la réalité est abyssal et la gauche compte parmi ses rangs tout autant de personnalités fortes et autoritaires que la droite. Avec peut-être le côté mélodramatique et procédurier en plus.
Faubert va aux Prud’hommes
Dans un mail adressé à ses collègues le 29 avril, qui aurait déclenché son licenciement, Serge Faubert demande aussi la création d’une SDJ (Société des Journalistes), c’est-à-dire d’une instance collective qui en cas de désaccord éditorial serait en mesure d’assurer un rôle de médiation.
Faubert soutient, dans sa lettre de motivation, que cette demande a été qualifiée de « volonté d’imposer par des manœuvres aussi sournoises que brutales dans le but d’imposer un projet journalistique différent de celui défini dès la création de Blast. »
Le hic, selon Faubert, c’est que Blast n’a pas de charte éditoriale et que la direction se prévaut donc de quelque chose qui n’existe pas. Une lacune qui, selon lui, risque d’interpeller ceux qui se prononceront sur le bien-fondé de son licenciement au conseil des Prud’hommes. Affaire à suivre.