[Rediffusion – article publié initialement le 10/10/2017]
À chaque nouvel attentat, le débat est relancé : faut-il publier les nom, prénom et photo des terroristes dans les médias ? La députée Les Républicains Brigitte Kuster a déposé une proposition de loi dans ce sens. Respect de l’anonymat, refus de glorifier les jihadistes ou simple « padamalgamisme » compulsif, toutes les raisons sont bonnes pour masquer la vérité au public.
En ce sens, la députée Les Républicains Brigitte Kuster a déposé, le 27 septembre 2017, une proposition de loi visant à interdire la diffusion du nom de famille et des images des terroristes dans les médias. Avec quelques autres de ses confrères, la député se demande si la diffusion de ces informations ne risque pas « d’octroyer à l’assassin une gloire posthume auprès de personnes radicalisées et en quête de modèles ».
Aussi, celle-ci s’interroge sur l’intérêt que cela représente pour le public, ainsi que sur la surexposition de l’auteur de l’attentat par rapport aux victimes. Citant le juge antiterroriste David Benichou, Mme Kuster estime que « les médias sont l’oxygène du terrorisme ».
Ainsi, pour éviter que la télévision et la presse ne demeurent une « caisse de résonance de la barbarie », la député souhaite rendre les terroristes anonymes, « sans pour autant entraver le travail d’investigation des journalistes ».
Il existe déjà, à l’heure actuelle, quelques limites. En juillet 2016, le CSA avait préconisé « une vigilance particulière dans le traitement des sujets relatifs à la personnalité ou au parcours des auteurs de ces actes ». Dans le droit aussi, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse sanctionne la diffusion d’informations permettant l’identification de certains individus, comme un mineur suicidé ou ayant quitté ses parents, ou encore de photographies montrant une personne menottée ou entravée n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation.
C’est justement dans le cadre de cette loi que Brigitte Kuster compte agir en ajoutant, après l’article 39 : « Sauf avis de recherche du ministère de l’intérieur, est puni de 15 000 euros d’amende le fait de diffuser, de quelque manière que ce soit, le nom de famille et l’image des personnes physiques poursuivies pour un acte de terrorisme ou ayant été jugées coupables d’un acte de terrorisme. »
Ce genre de pratique, consistant à cacher l’identité des auteurs, est pourtant déjà monnaie courante dans la presse lorsqu’il est question de délinquance. Bien souvent, les prénoms sont changés, et la plupart du temps francisés pour ne pas créer de « discrimination ». À l’avenir, si la députée LR est entendue, il devrait en être de même pour les attentats, tous pourtant commis par des personnes issues de l’immigration, ce qui est loin d’être une information anecdotique.
Reste à savoir si la démarche de Mme Kuster part réellement d’une volonté de ne pas glorifier les jihadistes… ou si le politiquement correct, véritable « Madame Anastasie » du XXIe siècle, y est pour quelque chose.