Nous revenons sur ces fameux « États généraux ». Alors que se tenait jeudi 19 octobre 2023 la première réunion plénière des États généraux de l’information (EGI), initiative d’Emmanuel Macron, effectuons un retour sur les différents groupes de travail constitués pour « poser les bases modèle d’espace médiatique et numérique pour les générations à venir ».
Une initiative présidentielle
Au CESE, jeudi 19 octobre 2023, présidents et membres des cinq groupes de travail composant les États généraux de l’information se réunissaient pour lancer le début de leurs travaux. Promesse du président la République, l’initiative est destinée à établir un diagnostic sur l’ensemble des enjeux liés aujourd’hui à l’information », dans un contexte de « fake news, deepfake (sic), intelligence artificielle, ingérence […] qui perturbent notre rapport à l’information et ce, sur fond de défiance globale ». L’Élysée, qui ambitionne un objectif de « transparence et dans le cadre d’un processus ouvert et contradictoire », invite ainsi à la participation citoyenne (par l’intermédiaire d’une consultation du CSE), à la participation des professionnels et la participation du monde académique.
L’organisation des EGI est aux mains de Bruno Lasserre, ancien vice-président du Conseil d’État (nommé par Emmanuel Macron) et président du comité de pilotage et de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, son délégué général. Le premier, mis en examen en octobre 2019 pour «complicité de harcèlement moral» sera à n’en pas douter un chef d’orchestre aussi avisé que son collègue dont la gestion directive aurait été dénoncée dans un article du Canard enchaîné du 3 février 2016…
Voir aussi : RSF érige des frontières à la liberté d’expression
Innovation et « démocratie »
Ce sont les cinq groupes de travail, dont la composition a été présentée le mercredi 18 octobre, qui devront auditionner les protagonistes des sujets concernés par leur thématique. Dotés de titres ronflants, d’une précision parfois contestable, ces groupes se composent de figures bien connues du paysage médiatique. Dans le groupe 1, consacré à l’espace informationnel et l’innovation technologique, on retrouve ainsi Alice Antheaume, ce membre du comité relatif à « l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes de Radio France » dont l’Ojim évoquait les différentes casquettes dans un article du 28 juin 2023. Assez divers, les membres de ce groupe viennent pour quelques-uns de l’ENS et de l’École Polytechnique (Jean Massiet, Laurent Frisch), d’autres de la CNIL (Rahaf Harfousch, Celia Zolynski). Ils devront proposer des solutions destinées à assurer « l’accès de toutes et tous (sic) à une information fiable et pluraliste » et évoqueront la question de la conciliation entre lutte contre la désinformation et liberté d’expression. Le second groupe, relatif à la citoyenneté, l’information et la démocratie, comprend des « journalistes » marqués, à l’image de Lucile Berland, contributeur à Slate, La Croix ou XXI et ou de Laurence de Nervaux, « CEO » de Destin commun, un laboratoire d’idées dont le but est notamment de « bâtir une société plus soudée » dans un contexte où les Français seraient sujets à « la tentation du repli tentés par « l’attraction qu’exercent les extrêmes ». Il devra, à en croire un média spécialisé, se pencher sur le rôle de la « société et des individus pour assumer la résonance démocratique lorsque l’on s’informe ». Comprenne qui pourra…mais on peut quand même craindre le pire.
L’avenir des médias dans un contexte de perte de souveraineté nationale
Les deux autres groupes de travail, relatifs à l’avenir des médias d’information et du journalisme dune part, et de la souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères, de l’autre. Vastes programmes, respectivement dirigés par Christophe Baldelli (PDG de Public Sénat) et Arancha Gonzalez Laya, doyenne de l’École des affaires internationales de Sciences Po. Le premier groupe devra proposer des pistes pour les politiques publiques en matière de médias notamment face à la montée de la concurrence des réseaux sociaux, quand le deuxième devra mesurer les effets de l’espace d’information sur la « souveraineté et la démocratie ». On notera la stratégie employée, qui met sous la tutelle d’une présidente de nationalité espagnole la préservation de Ia souveraineté française en matière médiatique…
Grand débat à venir…
Le dernier groupe constitué, relatif à l’État et la régulation, doit conforter « la confiance des Français dans le rôle de la puissance publique » selon le média spécialisé cité plus haut- en proposant des « mesures sur la régulation et la gouvernance intégrant européen et international ». Une mission présidée par un profil technique, celui d’Isabelle Falque Pierrotin, conseillère d’État qui fut l’une des personnes garantes désignée pour organiser le « grand débat national » relatif à la crise des Gilets Jaunes. Une mission au succès au moins égal à la capacité de brassage de vent vers lequel semblent s’orienter ces États généraux de l’information.