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Des États généraux de l’information entre (très) bien-pensants

29 octobre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Des États généraux de l’information entre (très) bien-pensants

Temps de lecture : 4 minutes

Nous revenons sur ces fameux « États généraux ». Alors que se tenait jeudi 19 octobre 2023 la première réunion plénière des États généraux de l’information (EGI), initiative d’Emmanuel Macron, effectuons un retour sur les différents groupes de travail constitués pour « poser les bases modèle d’espace médiatique et numérique pour les générations à venir ».

Une initiative présidentielle

Au CESE, jeu­di 19 octo­bre 2023, prési­dents et mem­bres des cinq groupes de tra­vail com­posant les États généraux de l’in­for­ma­tion se réu­nis­saient pour lancer le début de leurs travaux. Promesse du prési­dent la République, l’ini­tia­tive est des­tinée à établir un diag­nos­tic sur l’ensemble des enjeux liés aujourd’hui à l’in­for­ma­tion », dans un con­texte de « fake news, deep­fake (sic), intel­li­gence arti­fi­cielle, ingérence […] qui per­turbent notre rap­port à l’in­for­ma­tion et ce, sur fond de défi­ance glob­ale ». L’Élysée, qui ambi­tionne un objec­tif de « trans­parence et dans le cadre d’un proces­sus ouvert et con­tra­dic­toire », invite ain­si à la par­tic­i­pa­tion citoyenne (par l’in­ter­mé­di­aire d’une con­sul­ta­tion du CSE), à la par­tic­i­pa­tion des pro­fes­sion­nels et la par­tic­i­pa­tion du monde académique.

L’or­gan­i­sa­tion des EGI est aux mains de Bruno Lasserre, ancien vice-prési­dent du Con­seil d’État (nom­mé par Emmanuel Macron) et prési­dent du comité de pilotage et de Christophe Deloire, secré­taire général de Reporters sans fron­tières, son délégué général. Le pre­mier, mis en exa­m­en en octo­bre 2019 pour «com­plic­ité de har­cèle­ment moral» sera à n’en pas douter un chef d’orchestre aus­si avisé que son col­lègue dont la ges­tion direc­tive aurait été dénon­cée dans un arti­cle du Canard enchaîné du 3 févri­er 2016…

Voir aus­si : RSF érige des fron­tières à la lib­erté d’expression

Innovation et « démocratie »

Ce sont les cinq groupes de tra­vail, dont la com­po­si­tion a été présen­tée le mer­cre­di 18 octo­bre, qui  devront audi­tion­ner les pro­tag­o­nistes des sujets con­cernés par leur thé­ma­tique. Dotés de titres ron­flants, d’une pré­ci­sion par­fois con­testable, ces groupes se com­posent de fig­ures bien con­nues du paysage médi­a­tique. Dans le groupe 1, con­sacré à l’espace infor­ma­tion­nel et l’innovation tech­nologique, on retrou­ve ain­si Alice Antheaume, ce mem­bre du comité relatif à « l’hon­nêteté, à l’indépen­dance et au plu­ral­isme de l’in­for­ma­tion et des pro­grammes de Radio France » dont l’Ojim évo­quait les dif­férentes cas­quettes dans un arti­cle du 28 juin 2023. Assez divers, les mem­bres de ce groupe vien­nent pour quelques-uns de l’ENS et de l’É­cole Poly­tech­nique (Jean Massi­et, Lau­rent Frisch), d’autres de la CNIL (Rahaf Har­fousch, Celia Zolyn­s­ki). Ils devront pro­pos­er des solu­tions des­tinées à assur­er « l’ac­cès de toutes et tous (sic) à une infor­ma­tion fiable et plu­ral­iste » et évo­queront la ques­tion de la con­cil­i­a­tion entre lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion et lib­erté d’expression. Le sec­ond groupe, relatif à la citoyen­neté, l’information et la démoc­ra­tie, com­prend des « jour­nal­istes » mar­qués, à l’image de Lucile Berland, con­tribu­teur à Slate, La Croix ou XXI et ou de Lau­rence de Ner­vaux,  « CEO » de Des­tin com­mun, un lab­o­ra­toire d’idées dont le but est notam­ment de « bâtir une société plus soudée » dans un con­texte où les Français seraient sujets à  « la ten­ta­tion du repli ten­tés par « l’at­trac­tion qu’ex­er­cent les extrêmes ». Il devra, à en croire un média spé­cial­isé, se pencher sur le rôle de la « société et des indi­vidus pour assumer la réso­nance démoc­ra­tique lorsque l’on s’in­forme ». Com­prenne qui pourra…mais on peut  quand même crain­dre le pire.

L’avenir des médias dans un contexte de perte de souveraineté nationale

Les deux autres groupes de tra­vail, relat­ifs à l’avenir des médias d’information et du jour­nal­isme dune part, et de la sou­veraineté et lutte con­tre les ingérences étrangères, de l’autre. Vastes pro­grammes, respec­tive­ment dirigés par Christophe Baldel­li (PDG de Pub­lic Sénat) et Aran­cha Gon­za­lez Laya, doyenne de l’École des affaires inter­na­tionales de Sci­ences Po. Le pre­mier groupe devra pro­pos­er des pistes pour les poli­tiques publiques en matière de médias notam­ment face à la mon­tée de la con­cur­rence des réseaux soci­aux, quand le deux­ième devra mesur­er les effets de l’e­space d’information sur la « sou­veraineté et la démoc­ra­tie ». On notera la stratégie employée, qui met sous la tutelle d’une prési­dente de nation­al­ité espag­nole la préser­va­tion de Ia sou­veraineté française en matière médiatique…

Grand débat à venir…

Le dernier groupe con­sti­tué, relatif à l’É­tat et la régu­la­tion, doit con­forter « la con­fi­ance des Français dans le rôle de la puis­sance publique » selon le média spé­cial­isé cité plus haut- en pro­posant des « mesures sur la régu­la­tion et la gou­ver­nance inté­grant européen et inter­na­tion­al ». Une mis­sion présidée par un pro­fil tech­nique, celui d’Is­abelle Falque Pier­rotin, con­seil­lère d’État qui fut l’une des per­son­nes garantes désignée pour organ­is­er le « grand débat nation­al » relatif à la crise des Gilets Jaunes. Une mis­sion au suc­cès au moins égal à la capac­ité de bras­sage de vent vers lequel sem­blent s’ori­en­ter ces États généraux de l’information.

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