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Des étudiants en journalisme lancent un « appel à la vigilance »

1 février 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Des étudiants en journalisme lancent un « appel à la vigilance »

Temps de lecture : 5 minutes

Si jeunes et déjà si convenus…

Un collectif de 668 apprentis journalistes, issus de 26 établissements de formation à ce noble métier, a en effet signé une grandiloquente tribune (rédigée en écriture inclusive comme il se doit, sans doute pour marquer leur imperméabilité à l’air du temps et à ses diktats), publiée par le Nouvel Obs, pour « lancer un appel à un sursaut pour protéger l’indépendance des médias ».

Rachat de l’ESJ en ligne de mire

La cause de cette belle « mobil­i­sa­tion citoyenne » ? Le rachat de la doyenne des écoles de jour­nal­isme, l’ESJ Paris, par un con­glomérat de mil­liar­daires souhai­tant vis­i­ble­ment don­ner à celle-ci une ori­en­ta­tion « libérale conservatrice ».

C’est donc l’incursion de ces investis­seurs dans le paysage sen­sé­ment idyllique jusque-là des écoles de jour­nal­isme qui sus­cite l’émoi, le cour­roux et l’inquiétude de nos sour­cilleux futurs informateurs.

En effet, pour eux, ce rachat de l’ESJ serait (écri­t­ure inclu­sive oblig­a­toire) une « nou­velle expres­sion de la sub­or­di­na­tion de l’indépendance jour­nal­is­tique à des intérêts économiques, poli­tiques et idéologiques », face à laque­lle « un front com­mun » est réclamé. No pasaran !

Et les nou­veaux résis­tants de poursuivre :

« Ce raid (sic) sur la plus vieille école de jour­nal­isme au monde est une attaque con­tre la pro­fes­sion, et ce dès sa for­ma­tion. Aurons-nous la garantie du respect de la déon­tolo­gie jour­nal­is­tique alors que cer­tains pro­prié­taires précédem­ment cités per­me­t­tent la dif­fu­sion de con­tenus fréquem­ment épinglés par l’Arcom [le régu­la­teur de l’audiovisuel] ? Aurons-nous la garantie du respect de l’indépendance des étudiant·es dans leur appren­tis­sage du méti­er et dans l’exercice de la pro­fes­sion en sor­tie d’école ? »

Touche pas à mon formatage de gauche !

Out­re le fait que l’on par­le ici d’une seule école sur les dizaines que compte l’offre de for­ma­tion actuelle (on est donc fort loin d’un quel­conque mono­pole sur celle-ci…), ces inter­ro­ga­tions reposent sur un pré­sup­posé haute­ment dis­cutable puisqu’elles induisent le fait que, à l’heure actuelle, l’apprentissage de la déon­tolo­gie jour­nal­is­tique, de l’objectivité pro­fes­sion­nelle et du respect de la diver­sité des opin­ions régn­erait dans les écoles non détenues par les vilains oli­gar­ques cap­i­tal­istes. 

Un éclairage sur le formatage

Une affir­ma­tion très éloignée de la réal­ité, c’est le moins que l’on puisse dire, comme pour­ront le con­stater tous les lecteurs de l’enquête réal­isée par Xavier Eman, For­matage con­tinu. Tour de France des qua­torze prin­ci­pales écoles de jour­nal­isme, pub­liée par les édi­tions de la Nou­velle Librairie en col­lab­o­ra­tion avec l’OJIM. Se bas­ant sur des témoignages d’anciens élèves, l’étude des con­tenus des enseigne­ments ain­si que celle des pro­fils des for­ma­teurs et des inter­venants, l’ouvrage révèle l’extraordinaire endogamie idéologique qui règne dans ces étab­lisse­ments, le for­matage intel­lectuel « libéral-lib­er­taire » imposé aux étu­di­ants aboutis­sant à un absolu con­formisme qu’il est impos­si­ble de con­tester sous peine de dénon­ci­a­tion ou de mise à l’écart.

Un monopole contesté

Ce que men­ace, très mar­ginale­ment d’ailleurs, le rachat de l’ESJ et sa nou­velle « ori­en­ta­tion », ce n’est donc nulle­ment « l’indépendance » de la for­ma­tion jour­nal­is­tique mais le mono­pole incon­testé et tyran­nique de la gauche et de l’extrême-gauche sur celle-ci depuis des dizaines d’années.

Ain­si, si nos péti­tion­naires s’insurgent con­tre le fait que le nou­veau prési­dent de l’ESJ, Vian­ney-Marie Aude­mard d’Alançon, affirme vouloir for­mer des jour­nal­istes « non-wokes, pro-entre­pris­es et économie de marché » — ce que l’on peut en effet trou­ver contestable‑, ce n’est pas au nom d’une hypothé­tique neu­tral­ité ou hon­nêteté de la for­ma­tion des futurs jour­nal­istes mais parce qu’ils ne peu­vent imag­in­er – et encore moins accepter — que les écoles de jour­nal­isme puis­sent être autre chose que des usines à pro­duire des jour­nal­istes « wok­istes, immi­gra­tionnistes, et ant­i­cap­i­tal­istes ». Leur réac­tion n’est donc pas le moins du monde « morale » ou « éthique » mais pure­ment « poli­tique », celle de mil­i­tants s’inquiétant de la pro­gres­sion (encore une fois très rel­a­tive) de leurs adver­saires dans un secteur qu’ils esti­ment être leur chas­se gardée.

Pour recevoir la brochure

For­matage con­tinu, tour de France des qua­torze prin­ci­pales écoles de journalisme
Vous pou­vez l’acheter sur le site des édi­tions de la Nou­velle Librairie ou faire un don de 50 € (16 € après reçu fis­cal) à l’OJIM pour la recevoir chez vous avec une jolie dédi­cace à votre nom.

Je donne 50 € (ou plus, ce n’est pas inter­dit) et je reçois ma brochure :

Liste des 26 écoles et formations dont sont issus les « vigilants »

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