À force d’être régulièrement pris à partie, les journalistes travaillent-ils désormais avec des gardes du corps ? C’est ce que semblent indiquer plusieurs témoignages de manifestants ayant défilé hier à Paris à l’appel de la « Manif pour tous ».
Les voitures de presse avaient toutes été rassemblées à l’avant du cortège, séparées des manifestants par un cordon de sécurité. Certains journalistes étaient équipés de casques ; d’autres, donc, de gardes du corps… L’un d’eux a pris ces photos étonnantes que nous publions.
L’Ojim avait déjà recueilli des témoignages de cette curieuse pratique lors des manifestations pro-palestinienne de cet été. Apparemment, la pratique se généralise.
Il est vrai que depuis quelques années, les journalistes ne peuvent plus exercer leur travail sans un certain risque. Dès qu’ils apparaissent dans un lieu où s’exprime une colère, ils sont systématiquement insultés, moqués, voire molestés, que ce soit par des militants UMP, par des militants du Front de Gauche, par les « Bonnets Rouges », par la « Manif pour tous », par les manifestants de « Jour de Colère », par des chauffeurs de taxi en grève ou par les manifestants du port de Rouen (liste non exhaustive).
Des gardes du corps sont certes aptes à assurer la sécurité physique des journalistes mais ils ne résoudront pas un problème sur lequel ces derniers ne semblent pas vouloir se pencher : pourquoi ce divorce et cette hostilité ? Pourquoi les journalistes sont-ils mis dans le même sac que les politiques ? Pourquoi sont-ils soupçonnés de présenter l’information de manière partisane ? Pourquoi sont-ils accusés de relayer les intérêts et les points de vue des pouvoirs en place ? Pourquoi ce qu’ils écrivent ou filment provoque-t-il autant de colère ? Autant de questions que les gardes du corps, aussi efficaces soient-ils, ne résoudront malheureusement pas… En attendant, le symbole est éloquent de cette rupture totale entre eux et le « peuple ».
Crédit photo : Ojim (cc)