L’image des médias et des journalistes est tout simplement désastreuse et souvent auto-entretenue par un comportement tout aussi désastreux. Ce qui est bien entendu injuste car il y a une minorité importante de journalistes consciencieux, honnêtes, professionnels, loyaux avec l’information et leurs lecteurs. Il y a aussi hélas une forte majorité qui recopie les infox de l’AFP ou des confrères du Decodex, qui se complait dans l’entre soi arrogant (« ceux qui nous critiquent sont ceux qui clopent et qui roulent au diesel », pour imiter un ministre en exercice) ou geignard (« pourquoi personne ne nous aime ? On fait de notre mieux »). La rédaction de Marianne s’est amusée à faire une typologie des mauvais journalistes dans son numéro daté du 25 janvier 2019. Quelques extraits savoureux.
Le journaliste politique ou l’inconvénient de se croire un puissant
Il est le mieux informé de la place de Paris… contrairement à ses lecteurs. Et pour cause moins il balance et plus il en sait…. Il ne sait plus si la thèse des trois droites en France est de René Rémond ou de Raymond Aron, à moins que ce ne soit Raymond Rémond ?
Le « social justice warrior » ou le redresseur de tordus
Ne choisissez pas entre « il » ou « elle », vous commettriez un infâme sacrilège, optez pour « iel ». Iel peuple désormais toutes les rédactions et est prêt.e à tout pour dénoncer les injustices les plus révoltantes : le hijab n’est pas encore autorisé à l’école primaire, l’humour « sexiste » pas encore interdit par le gouvernement, le Haut Commissariat aux stigmatisations contre les peintres daltoniens pas encore créée.
Le Fact checker ou le « vrai » fossoyeur
Il ne sort jamais de sa rédaction. Pas besoin : …la vérité n’est pas ailleurs sur le terrain, mais sur le Web accessible en quelques clics. …Mais retenir une statistique plutôt qu’une autre, n’est ce pas déjà subjectif ? Un jour, le robot qui n’aura aucun mal à remplacer cet obsédé des tableurs Excel saura sans doute aussi répondre à cette question.
La rédac’chef de féminin ou la vendue aux marques en Louboutin
Pour le prochain numéro je vois du…bleu. Inutile de comprendre ce qu’elle a derrière la tête : rien. Cette radasse payée en voyages classe affaires et en sacs griffés s’est surtout fait un nom auprès des annonceurs qui l’ont imposée à la rédaction, via la régie du journal. Elle règne sur trois stagiaires terrorisés en attendant la revente du mag à une start-up.
Le critique culture ou l’adepte des renvois d’ascenseur
Il aime les artistes « maudits », c’est à dire au Smic. Ceux qui exposent à la MJC de Noisy-le-Sec ou postent des morceaux sur Youtube… Maqué avec une ou deux maisons d’édition (qui publient ses propres livres) il n’aime que ce qu’il est autorisé à aimer.
Le journaliste de duplex ou comment survoler le terrain sans complexes
Un jour il se rendra compte que son boulot n’a qu’un but : combler le vide entre deux débats d’experts qui eux-mêmes ne sont là que pour meubler les temps morts… entre deux duplex. En attendant, le planton de la chaine d’info en continu sur le terrain. Certes le terrain ne fait que deux mètres carrés.
On pourrait ajouter à ces amusants portraits Le chasseur d’opinions non conformes, La pasionaria des pétitions, Le journaliste reporter d’images qui chipe les reportages de ses camarades (parfois en les ayant expulsé de l’action pour protéger ses intérêts), Le censeur antifa, L’adorateur des migrations, Le minou me-too etc… Quand une partie de la profession a encore de l’humour, la capacité de se moquer d’elle-même, il reste un peu d’espoir. Comme conclut l’article en parlant du journaliste de Marianne : « ou la colère est toujours bonne conseillère : il n’est jamais content ». Un bon indice de mécontentement de soi est toujours un signe de bonne santé journalistique