Dans son édition de mercredi dernier, Le Canard Enchaîné relate les nombreux contrats passés entre Patrick de Carolis, ancien PDG de France Télévisions (2005–2010), et le groupe public, sur lesquels la justice enquête.
Après son départ en 2010, M. de Carolis a créé la société de production Anaprod, la société de conseil Patrick de Carolis Consulting, et a racheté la moitié des parts d’Eclectic, une autre société de production. Au total, France Télévisions aurait, de 2010 à aujourd’hui, passé pour près de 8,4 millions d’euros de contrats auprès de ces trois entités appartenant, totalement ou en partie, à l’ancien PDG du groupe audiovisuel…
Eclectic et Anaprod auraient produit une trentaine de documentaires pour l’émission « Des Racines et des ailes ». « France Télévisions a ainsi commandé à son pédégé sortant pour la bagatelle de 7,91 millions d’euros d’images sur ‘les trésors du Mexique’, ‘les routes mythiques de France’ ou ‘la Garonne et ses influents’ », écrit le Canard. En parallèle, M. de Carolis aurait passé d’autres contrats couteux via sa société de conseil. Le Canard poursuit : « Quatre contrats signés entre décembre 2010 et juin 2013 avec Patrick de Carolis Consulting, cette fois. Facture totale : 339.000 euros. »
Selon l’hebdomadaire satirique, qui estime que le journaliste a usé de ses liens avec son ancienne entreprise pour décrocher de nombreux contrats, ceux-ci auraient été signés « sans mise en compétition préalable ». Petit supplément pour arrondir les fins de mois : Patrick de Carolis présente à nouveau « Des Racines et des ailes » depuis 2013, émission qu’il a créée et présentée de 1997 à 2005. « Et hop ! encore un contrat à 153 000 euros sur le même programme ! », ajoute le journal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette émission est une poule aux œufs d’or pour son présentateur…
Mais ce n’est pas tout. Entre 2008 et 2013, France Télévisions aurait « décroché 22 missions, moyennant 1,2 millions d’euros » avec Bygmalion, société de conseil dirigée par Bastien Millot. Petit bémol : Martin Ajdari, l’actuel secrétaire général du groupe public qui a été entendu le 13 novembre et le 6 décembre 2013 par le juge Van Ruymbeke, n’aurait pas « trouvé trace de mise en concurrence » pour ces contrats…
La justice enquête donc toujours sur ces nombreux contrats depuis que, l’année dernière, une information a été ouverte suite à une plainte du syndicat CGC pour « favoritisme et prise illégale d’intérêts ».
Voir notre portrait de Patrick de Carolis
Photo en une : crédit Siren-Com via Wikimedia (cc)