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Détournement d’un avion de Ryanair, les deux poids deux mesures des médias de grand chemin

27 mai 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Détournement d’un avion de Ryanair, les deux poids deux mesures des médias de grand chemin

Temps de lecture : 3 minutes

Ce qui ressemble bien (sous réserve de vérification) à un enlèvement aérien pour mettre à l’ombre un opposant au régime biélorusse entraîne de justes condamnations… qui oublient généralement le précédent de 2013 où les États-Unis ont fait détourner par les Européens l’avion d’un président sud-américain avec la complicité très active de l’Union européenne.

Juillet 2013, l’avion du président bolivien détourné à la demande des Américains

2013, c’est si loin déjà… Edward Snow­den le lanceur d’alerte était blo­qué dans la zone de tran­sit de l’aéroport de Moscou, essayant de quit­ter la Russie par avion pour un pays de l’Amérique du sud, Cuba, Bolivie ou l’Équateur. Joe Robi­nette Biden, alors vice-prési­dent de Barack Oba­ma, fit pres­sion sur ces pays pour qu’ils refusent tout droit d’asile : Cuba et l’Équateur obtem­pérèrent. Evo Morales, le prési­dent bolivien (à Moscou pour une con­férence inter­na­tionale sur le gaz) donne le 1er juil­let une inter­view à un média russe annonçant la pos­si­bil­ité que la Bolivie accorde l’asile à Snow­den. Le lende­main 2 juil­let l’avion prési­den­tiel décolle avec un plan de vol sur­volant entre autres, Pologne, Tchéquie, Autriche, Ital­ie, France, Espagne avec un arrêt aux iles Canaries espag­noles pour repren­dre du car­bu­rant. C’est là que les choses se compliquent.

Volant au-dessus de l’Autriche, l’avion prési­den­tiel reçoit l’avertissement que la France, l’Italie et l’Espagne refu­saient leur accès aérien, con­traig­nant l’avion à s’arrêter à Vienne pour repren­dre du car­bu­rant. Morales et sa suite sont retenus pen­dant douze heures et sont infor­més que les trois pays ayant refusé leur espace aérien l’ont fait à la demande d’un « pays non spé­ci­fié » pour véri­fi­er que Edward Snow­den n’était pas à bord. L’avion est fouil­lé, les autorités autrichi­ennes ayant con­staté l’absence de Snow­den, l’avion peut repartir.

Qui était au pou­voir début juil­let 2013 dans les trois pays qui ont obéi à l’ordre de Biden/Obama ? France : François Hol­lande prési­dent, Jean-Marc Ayrault pre­mier min­istre, Lau­rent Fabius min­istre des affaires étrangères. Ital­ie : Enri­co Let­ta (PD, gauche) pre­mier min­istre, Emma Boni­no (par­ti rad­i­cal) min­istre des affaires étrangères. Espagne : Mar­i­ano Rajoy (PP, con­ser­va­teur) pre­mier min­istre, Jose Maria Gar­cia (PP) min­istre des affaires étrangères. Droite et gauche se sont donc ren­dus com­plices de ce que l’ambassadeur bolivien aux Nations-Unies a nom­mé un kid­nap­ping, la même pira­terie que celle observée avec l’enlèvement de l’opposant biélorusse. Voyons qui en a parlé.

Biélorussie/États-Unis, deux sons de cloche

Médi­a­part, sous la sig­na­ture de Ludovic Lamant, le 25 mai met l’accent sur « le débat sur l’efficacité des sanc­tions de l’Union européenne » envers la Biélorussie. De l’enlèvement de 2013 ? Pas un mot. Libéra­tion du même jour con­sacre trois arti­cles au sujet. Anna Novak par­le de « pira­terie organ­isée » sans en dire plus, ni Bernard Guet­ta dans une tri­bune inti­t­ulée « pira­terie d’État », ni Nel­ly Dide­lot dans un troisième papi­er ne dis­ent un mot de 2013. Le Monde du même jour con­sacre un édi­to­r­i­al non signé à l’enlèvement « Les vio­la­tions du droit inter­na­tion­al se mul­ti­plient et la répres­sion sans fron­tières s’intensifie… Le monde démoc­ra­tique se doit de réa­gir avec fer­meté et unité. L’impunité n’est plus une option ». Un autre arti­cle, signé source AFP, men­tionne « la fig­ure de l’opposition appelle Wash­ing­ton (sic) à pass­er à l’action ».  Et 2013 ? Tou­jours pas un mot.

Anne Rovan dans le Figaro suit la même ligne que ses con­frères appelant à « isol­er la Biélorussie de l’UE », sans la moin­dre allu­sion au brig­andage de 2013. Mathilde Vis­seyr­ias dans le même quo­ti­di­en et surtout Alain Bar­luet rap­pel­lent le précé­dent avec Evo Morales et sauvent un peu l’honneur. Par­mi les formes du men­songe, le men­songe par omis­sion est la plus efficace.

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