Parmi les milliers d’articles et de vidéos consacrés à ce qui est devenu « l’affaire Dieudonné », après l’interdiction de ses spectacles par le Conseil d’État, très peu ont laissé des partisans de l’humoriste s’exprimer.
Le site Arrêt sur Images a mis en ligne (disponible uniquement pour les abonnés) une émission d’une heure et demie en invitant un « soutien de Dieudonné ». Autour de la table : l’humoriste Didier Porte, le conseiller régional PS Pierre Kanuty, André Déchot de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ancien animateur de Ras L’Front (activistes hostiles au Front National) et co-auteur d’un ouvrage sur la Galaxie Dieudonné, Laure Daussy journaliste attachée à l’émission et un ancien stagiaire d’Arrêt sur Images qui a vu la totalité des spectacles de l’humoriste au Théâtre de la Main d’or et « quenelliste » confirmé.
En prologue, Daniel Schneiderman s’interroge sur le « sac de nœuds politique, juridique, philosophique, historique. Dieudonné est-il un humoriste, un politique, un homme d’affaires, un agent iranien, tout ça à la fois ? ». Revenant sur sa tribune de Libération où il avait marqué son désaccord avec Patrick Cohen auteur d’une « liste noire » à exclure des médias, il souligne qu’il n’a aucune envie d’inviter Dieudonné mais « si d’autres journalistes souhaitent l’inviter, l’interviewer, le cuisiner, formidable qu’ils le fassent et ils font leur boulot de journalistes ».
Les animateurs ont fait visionner le sketch « Les Juifs » de Pierre Desproges de 1986 à Alain Jakubowicz Président de la LICRA. Ce dernier considère qu’en 2014 il demanderait probablement l’interdiction de ce sketch au grand étonnement de Didier Porte. Ce dernier « protestant vigoureusement contre l’interdiction a priori » des spectacles de Dieudonné.
Eric Naulleau avait pris la même position en déclarant sur Canal+ qu’il condamnait Dieudonné mais n’excluait pas de l’inviter sur Paris Première pour qu’il puisse s’exprimer. Sur une autre chaîne, le dessinateur Plantu face à Alain Finkielkraut se déclarait fermement opposé à l’interdiction de ses spectacles.
Au milieu de la confusion générale, des prises de position moralisantes ou stigmatisantes, il est remarquable et réconfortant qu’une émission sur le « diable Dieudonné » puisse se dérouler dans une atmosphère de courtoisie (avec de très solides différends) et à travers des arguments plutôt que des invectives. Seuls des formats longs permettent d’échanger de manière rationnelle. Ce n’est pas le moindre des paradoxes qu’internet, où règne le format court, puisse abriter des émissions de qualité comme celles que réalise Arrêt sur Images.
L’Ojim reviendra bientôt sur l’analyse médiatique de la tempête Dieudonné.