Ils étaient nombreux dans la rue, ce samedi 28 novembre 2020, à manifester sous le coup de l’émotion suscitée par les images de l’arrestation musclée de Michel Zecler et de bousculades de clandestins place de la République à Paris. Syndicats, associations droits de l’hommistes, partis politiques d’extrême gauche, black blocks, tous affirmaient défendre la liberté de filmer et de diffuser les images de policiers en service et plus généralement la liberté d’expression. Et si toute cette agitation était un bal de faux derches ?
L’arrestation qui met le feu aux poudres
Il y a eu de nombreux motifs de s’indigner ces dernières semaines. L’attaque sauvage au couteau par un Pakistanais de deux personnes dont le seul tort était de se trouver à proximité des anciens locaux de Charlie hebdo, la décapitation d’un professeur à Conflans-Sainte-Honorine qui voulait sensibiliser ses élèves à la liberté d’expression, l’agression mortelle au couteau par un clandestin tunisien de trois personnes dans une basilique à Nice. Mais il faut croire qu’il y a des événements auxquels on doit s’habituer, et d’autres non. Pierre Sautarel le souligne sur Twitter : la notoriété sur Google de “Michel Zecler”, et celle de “Vincent Loquès”, le sacristain égorgé dans l’église à Nice, sont sans commune mesure.
En ce samedi 28 novembre, c’est une émotion quasi nationale qui a poussé des dizaines de milliers de manifestants à battre le pavé dans plusieurs villes de France. Leur motivation : dénoncer le fameux article 24 de la loi sur la sécurité globale, et aussi, et peut-être surtout, dénoncer l’arrestation musclée d’un producteur de musique le 21 novembre à Paris, rendue publique grâce à des images de télésurveillance.
Un précédent : la tribune sur la liberté de la presse
En septembre de cette année, près d’une centaine de médias français a signé une tribune parue en couverture de Charlie Hebdo pour la « liberté d’expression et de la presse ».
L’OJIM avait à l’époque souligné toute l’ambiguïté, et le terme est faible – de cette tribune, qui excluait tout ce que les médias comptent de politiquement incorrect. De récents exemples nous montrent de nouveau que la « liberté d’expression » que nos parangons de la vertu prétendent défendre est bien étriquée.
Un reporter d’images téméraire, mais sans trop
Ce 28 novembre, les images d’un « reporter d’images » ont été largement diffusées dans les médias : un policier se faisant copieusement tabasser par des black blocks lors de la manifestation parisienne.
Mais ne vous avisez pas à les chercher sur le compte Twitter de son auteur : il les a purement supprimées après leur diffusion dans les médias de grand chemin.
Gilles-William Goldnadel s’interroge faussement innocent sur Twitter :
« Pourrais-je connaître @TaoualitAmar l’impérieuse raison qui vous a fait supprimer la vidéo d’un policier lynché? Un esprit chagrin penserait que c’est pour éviter des ennuis judiciaires aux Antifas, BlackBlocks ou autres fascistes d’extrême-gauche. Mais je ne suis pas chagrin ».
France 3 a le floutage sélectif
Les médias de grand chemin ne sont pas en reste : France 3 Aquitaine a filmé des exactions des blacks blocs à Bordeaux. Comme Jean-Pierre Versini le fait remarquer sur Twitter :
« Les journalistes floutent le visage d’émeutiers et participent à des manifs pour ne pas flouter les visages de flics c’est bien à ça qu’on voit qu’on a atteint le bout du bout ».
Les journalistes de la chaîne locale auraient-ils déjà anticipé la loi sur la sécurité globale, ou est-ce un choix délibéré de ne pas faciliter les poursuites judiciaires de certains manifestants ?…
Reprenons, des manifestants veulent continuer à filmer des policiers en service car ils peuvent être violents. Mais il est tellement inconfortable de filmer les casseurs qu’il vaut mieux ne pas afficher l’avoir fait, voire, il vaut mieux flouter les images des casseurs pour les préserver…
Les images que vous ne verrez jamais
Pour éviter les problèmes, mieux vaut les supprimer. C’est probablement ce raisonnement qu’a eu l’équipe du journaliste Thomas Sotto. Ce dernier souhaitait animer une émission à Grigny, en Essonne. Loin des beaux quartiers et des sièges des grands médias. Vous n’y pensez pas !
Thomas Sotto l’a reconnu le 26 novembre lors de l’émission « Vous avez la parole » sur France 2 : « Cette émission, on voulait la faire à Grigny à l’origine. La police nous a dit : on n’est pas sûr, on n’est pas capable de sécuriser les lieux. En 2020, on ne peut pas faire une émission de télévision ».
Un reportage qui serait parti en live et aurait montré la situation totalement chaotique des banlieues en France, vous n’y pensez pas !
Dans ce contexte, André Bercoff est bien seul à continuer à s’indigner sur Sud Radio de l’attaque de plus de 60 commissariats par des crapules depuis le début de l’année, jusque dans la province autrefois la plus tranquille.
Les mots et les images
Il n’y a pas que les images qui sont manipulées par certains journalistes. On aura compris que les violences des black blocks sont à relativiser.
Pierre Sautarel le souligne sur Twitter :
« Hallucinant comment la journaliste de @CNEWS présente le lynchage d’un policier. “Des coups sont donnés de part et d’autre” »
Il souligne également que France 24 n’est pas en reste quand la chaîne titre :
« Loi “sécurité globale” : au moins 133 000 manifestants en France, quelques incidents à Paris ».
Quels sont ces « incidents » dont parle France 24 ?
Les Dernières nouvelles d’Alsace nous informent du bilan des manifestations de samedi :
« 98 policiers et gendarmes blessés ». Combien de dents cassées, de membres brisés, de brûlures, etc. ? On cherche vainement des précisions et de la compassion dans les médias de grand chemin…
Se poser ce type de question semble relever du mauvais goût. Il devient patent que par un souverain mépris de classe, on ne s’apitoie pas sur les flics blessés. Des images de flics qui cassent du manifestant, voilà qui fait vendre. On avait compris…