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Fin de la distribution des journaux par La Poste : nouvel obstacle à la survie des petits quotidiens

22 février 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Fin de la distribution des journaux par La Poste : nouvel obstacle à la survie des petits quotidiens

Temps de lecture : 4 minutes

Nous reproduisons un article du quotidien Présent du 17 février 2022 sur un sujet qui peut paraître technique, la fin programmée de la distribution des journaux papiers par La Poste, mais qui aura des conséquences sur l’équilibre économique de ces derniers. Certains sous-titres sont de notre rédaction

Un plan gouvernemental de la distribution de la presse papier

La dis­tri­b­u­tion de la presse quo­ti­di­enne à ses abon­nés est con­fron­tée à des échéances dif­fi­ciles : une qua­si-dis­pari­tion du « cour­ri­er rapi­de » de La Poste en 2023, et, d’ici 2026, le « portage » appliqué à grande échelle pour les quo­ti­di­ens papi­er. Les con­séquences pour les abon­nés papi­er des « petits » quo­ti­di­ens seront grandes, voire fatales.

En 2023, l’engagement de La Poste pour la dis­tri­b­u­tion du cour­ri­er passera de J+2 à J+3. Cela sig­ni­fie qu’un cour­ri­er envoyé le lun­di pour­ra arriv­er le jeu­di sans que le client (« l’usager », comme on dit dans le secteur pub­lic) puisse trou­ver à y redire. Cela ne sem­ble pas très grave quand on sait que les Français, qui, au début des années 2000, envoy­aient chaque année une moyenne de quar­ante-cinq let­tres en cour­ri­er rapi­de, n’en envoient plus que huit, aujourd’hui. Inter­net a changé la donne.

Une réforme mortelle pour les abonnements papier des quotidiens

Mais ce pas­sage d’une garantie de J+2 à J+3 est préju­di­cia­ble à la presse écrite, spé­ciale­ment pour les heb­do­madaires, voire mor­tel pour les quo­ti­di­ens. Nos lecteurs se plaig­nent – à juste titre – de recevoir par­fois leur quo­ti­di­en un ou plusieurs jours après la date nor­male. En 2023, ils ne pour­ront se plain­dre que si le jour­nal arrive dans leur boite aux let­tres qua­tre jours ou plus après sa date de paru­tion. C’est la sig­ni­fi­ca­tion de ce J+3 annon­cé. Qui va accepter de gaité de cœur de recevoir les infor­ma­tions écrites dites « quo­ti­di­ennes » avec un tel décalage par rap­port aux évènements ?

Trafic en baisse, déficit en hausse

La Poste ne fait que pren­dre acte de l’évolution de son traf­ic… et de son déficit. Depuis 2018 cette entre­prise, investie d’une mis­sion de ser­vice pub­lic, est en effet défici­taire, et c’est l’Etat qui bouche les trous, et le client, par le biais de fortes aug­men­ta­tions des tar­ifs postaux. Or tout ce qui est urgent est désor­mais envoyé par cour­riel, par le numérique. La Poste ne trans­porte plus guère que les autres plis, et développe surtout sa dis­tri­b­u­tion de paque­ts.  Le mou­ve­ment s’est accéléré avec la crise san­i­taire. Les cour­ri­ers ont chuté de 18%.

C’est dire si la presse quo­ti­di­enne – dont les prin­ci­paux revenus provi­en­nent des abon­nés – est inquiète de cette évo­lu­tion. Les « grands » (gros) jour­naux ont déjà dévelop­pé, dans les prin­ci­pales métrop­o­les, le portage, mais d’une part les petites com­munes ne pour­ront jamais être desservies par portage, et en out­re le prob­lème est spé­ciale­ment com­pliqué pour les « petits » quotidiens.

Mais il faut savoir aus­si que le vol­ume des jour­naux dis­tribués par La Poste, qui était de 1,8 mil­liards en 2008, est tombé à 622 mil­lions en 2020. Cette chute a deux raisons prin­ci­pales : la pre­mière, c’est tout sim­ple­ment le recul des abon­nements à la presse papi­er, con­cur­rencée par l’information en ligne ; les quo­ti­di­ens en sont les pre­mières vic­times. La sec­onde, c’est le Covid, les aléas de dis­tri­b­u­tion qui en ont découlé, spé­ciale­ment pen­dant le pre­mier con­fine­ment. Il a créé de nou­velles habi­tudes dans la recherche d’information, avec un retour de la télévi­sion, le suc­cès des chaines d’information en continu.

Pour favoris­er le portage au détri­ment du cir­cuit postal, les quo­ti­di­ens béné­ficieront d’une aide légale au numéro qui priv­ilégiera ce cir­cuit de dis­tri­b­u­tion au détri­ment des exem­plaires envoyés par La Poste.

Développer le numérique ou disparaître

Un accord a été signé ce lun­di 14 févri­er entre l’Etat, La Poste et les édi­teurs de jour­naux. Il a pour but de favoris­er le portage tout en sta­bil­isant les coûts postaux, qui avaient ten­dance à s’envoler, du fait du déficit de La Poste qui se creu­sait. Dans les zones urban­isées, La Poste ne dis­tribuera plus les quo­ti­di­ens, le portage sera pro­gres­sive­ment imposé sur les qua­tre ans à venir. Elle con­tin­uera à dis­tribuer les quo­ti­di­ens unique­ment dans les zones rurales et isolées.

Le patron de La Poste a con­sid­éré que c’était un bon accord. Mais ne nous leur­rons pas : la sit­u­a­tion va devenir de plus en plus dif­fi­cile pour les « petits » quo­ti­di­ens comme Présent. Sauf à dévelop­per sig­ni­fica­tive­ment sa ver­sion numérique. Ce que nous nous employons à faire.

Fran­cis Bergeron
[email protected]

Voir aus­si : Presse : le papi­er pleure, le numérique rit

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