[Première diffusion le 11 janvier 2016] Rediffusions estivales 2016
Après la tentative de lynchage qu’ont subie des pompiers dans la nuit de Noël, le mouvement de population né à Ajaccio a fait les unes des médias et secoué plusieurs jours de suite la torpeur digestive suivant les fêtes de familles. Avant l’an neuf, la plupart des médias français ont pu ainsi montrer leur vieille capacité intacte à tout inverser des responsabilités, des causes et des conséquences, pour le plus grand bénéfice de la racaille anti-française.
C’est une nuit de Noël, une nuit sacrée pour la plupart des Français comme pour de nombreux peuples dans le monde. La seconde plus grande fête religieuse chrétienne après Pâques, et qui a conservé son aura en dépit de la déchristianisation des pays d’Europe, quitte à se résumer, au-delà de la dimension purement consumériste, à une fête des enfants ou de la famille. Afin de demeurer au service de leurs concitoyens, beaucoup de fonctionnaires comme de simples volontaires, se privent néanmoins de ces réjouissances.
C’est le cas des pompiers et policiers d’Ajaccio qui vont être agressés ce soir-là dans le cadre de ce qui va donc se dérouler sous le signe d’une profanation multiple. Profanation d’une fête chrétienne au terme d’une année où le pays aura été ensanglanté systématiquement au nom de l’Islam. Profanation d’une fête de famille sur une île où les liens familiaux sont encore sacrés. Profanation des valeurs civiques élémentaires elles-mêmes : s’en prendre à des pompiers, venus dans l’intention de secourir leurs concitoyens au lieu d’être restés en famille ce soir-là, atteignant un degré de scandale particulièrement odieux.
Après avoir organisé un guet-apens, des jeunes gens de la cité des « Jardins de l’Empereur » se jettent sur les pompiers armés de battes de baseball, de clubs de golf et d’acide. Le nombre de personnes impliquées dans l’attaque est impressionnant, comme la violence déployée, c’est ce dont témoigne Nicolas, l’un des pompiers blessé : « Le pompier, blessé à l’œil, explique qu’à leur arrivée sur les lieux, les pompiers se sont trouvés face à une cinquantaine de personnes armées. En tentant de rebrousser chemin, ils se sont trouvés dans un “guet-apens d’une vingtaine de personnes”. Armés de pierres, parpaings et battes de baseball, leurs attaquants s’en sont pris violemment au camion et ont réussi à briser les vitres. “On a vraiment frôlé la catastrophe, il aurait pu y avoir des morts”, explique le pompier visiblement encore choqué par l’attaque. »
La Haine
La volonté de commettre le maximum de dégâts, voire de tuer, est manifeste. Qu’est-ce qui peut donc motiver une telle soif de profanation symbolique et de violence concrète ? « Là, c’était plus que de la violence. De la haine », rapporte encore le jeune pompier volontaire. Une haine farouche, en effet, furieuse, partagée, sans doute entretenue, et une haine de nature xénophobe : « Sales Corses de merde, cassez-vous, vous n’êtes pas chez vous ici ! », voilà avec quels cris fut perpétrée l’agression, voilà quelle fut la revendication accompagnant l’assaut, en somme : « Corsi fora ! », « Les Corses dehors ! »
Ce n’était donc pas aux pompiers ou aux policiers en tant que pompiers ou policiers que l’on s’en prenait, c’était à ces gens en tant qu’ils étaient corses, le soir d’une fête importante pour eux, parce qu’ils étaient également chrétiens. La haine raciste telle qu’elle avait été entretenue dans la cité des « Jardins de l’empereur » était donc parvenue à mobiliser soixante-dix personnes pour lyncher du Corse la nuit de Noël. En Corse. Ainsi ont été commis de tels actes : racistes, antichrétiens, antirépublicains et sécessionnistes, de manière préparée, revendiquée et caractérisée, dans la nuit du 25 décembre 2015.
Pourtant, et en dépit de leur gravité, ces actes n’auraient jamais dû être rapportés à la population française et leur évocation aurait dû être circonscrite à Corse Matin. En effet, ils auraient simplement dû gonfler la liste de ces faits divers cadrant mal avec le politiquement correct que les médias français laissent pudiquement dans l’ombre, et dont Laurent Obertone avait montré en revanche à la fois la masse et la cohérence dans son best seller : La France Orange Mécanique (Ring), paru en 2013.
Une étrange équivalence
Si ces faits ont été portés à la connaissance du pays entier, ce n’est pas parce qu’ils étaient particulièrement choquants, ce n’est pas parce qu’ils étaient le symptôme alarmant d’une guerre civile larvée aux épisodiques explosions qu’il eût été essentiel de prendre en compte, non, il faudrait pour cela disposer, dans les médias français, d’autre chose que de larbins dévoués à la propagande que n’entourent, visiblement, que des lâches ou des idiots. Si ces faits ont été portés à la connaissance du pays entier, c’est parce que pour la première fois, le peuple autochtone insulté, agressé et humilié, s’est levé. Parce que, préservée par la situation insulaire, une solidarité populaire instinctive subsiste toujours en Corse, et que n’y règne pas encore l’ignoble indifférence dans laquelle se sont fait agressés en 2014, par exemple, 1600 pompiers, dans la France continentale. Et ce réflexe de santé morale, cette preuve de cohésion sociale, d’authentique « vivre-ensemble » qui fait que toute la population locale s’est sentie blessée à travers ses pompiers, a donc été relayée, elle, afin d’être criminalisée par les médias dominants. C’est un tweet du premier ministre qui a donné la ligne à suivre, ligne qui fut à peu près relayée partout : « Corse : après l’agression intolérable des pompiers, profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman. Respect de la loi républicaine. »
« Agression intolérable » vs. « Profanation inacceptable » : la balle au centre, et vive la République ! C’est-à-dire Valls et le pouvoir médiatico-politique. Entre une population légitimement indignée qu’il est censé représenter et protéger par son mandat de Premier ministre et une horde brutale d’ennemis déclarés du pays se livrant à des actes de guerre civile, le ministre voit une équivalence et refuse de choisir son camp… Et la plupart des médias aussi, par la même occasion, réduits à leur rôle de haut-parleurs de la Pensée Unique. Sauf que la mise en équivalence de ces faits relève de la pure manipulation, et qu’elle est possible, cette mise en équivalence, justement parce que le premier fait n’aurait pas été relayé si n’avait été le second.
Manipulation de masse
Pourquoi cette équivalence est-elle absurde ? Pourquoi tient-elle d’une manipulation parfaitement malhonnête ? C’est d’abord mettre sur le même plan agressés et agresseurs. C’est ensuite considérer qu’attaquer des pompiers à soixante-dix avec des parpaings, des battes de baseball et de l’acide une nuit de Noël est un acte d’une gravité comparable à celle de brûler deux exemplaires du Coran en représailles…
Débordements regrettables, peut-être, mais tellement infimes, tellement raisonnables, quand on imagine qu’une foule de trois cents personnes légitimement scandalisée s’est limitée à de telles bavures… Faut-il avoir une seule notion d’Histoire et de psychologie des foules pour s’indigner de « débordements » aussi remarquablement infimes ? Que connaissent donc du monde et de la réalité humaine ceux des journalistes qui se sont émus ? Comment ose-t-on présenter un imam en victime sur toutes les télévisions du pays en suggérant les souffrances des Musulmans de France, dans un pays où, on n’a cessé durant toute une année de faire couler le sang au nom de l’Islam et alors que les Musulmans n’ont, pour l’heure, qu’à déplorer la perte de deux exemplaires du Coran ? Comment ose-t-on traiter de xénophobes des Corses insultés, agressés et priés de dégager de leur propre terre parce que ces derniers se contentent de répliquer à ceux qui les insultent qu’ils sont chez eux ?
De l’équivalence à l’inversion
L’article de Kael Serreri, dans le Libération du 27 décembre, s’inquiète du problème corse et parvient à franchir un degré supplémentaire dans la manipulation. En effet, au-delà d’une mise en équivalence oiseuse et odieuse, il s’agit carrément de présenter le peuple corse agressé comme une classe dangereuse, et les agresseurs comme des victimes essentialisées pour les siècles des siècles.
Le journal de gauche composé intégralement de bourgeois blancs parisiens et dont l’ennemi juré est devenu le prolétariat trahi, se trouve toujours à la pointe de la désinformation et le prouve encore à cette occasion. Dès le chapô de l’article, c’est l’ « islamophobie » qui est dénoncée. Puis on lit : « Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Ajaccio. Depuis quatre-vingt-seize heures flotte une odeur rance dans les rues de la cité impériale. Des effluves nauséabonds produits par des tensions lentement macérées. »
Le vocabulaire standardisé de journalistes disposant d’autant de mots pour décrire la réalité qu’une standardiste hitlérienne nous livre un bel échantillon de ce qu’Élisabeth Lévy appelle « la gauche olfactive ». « Pourri », « odeur rance », « effluves nauséabonds », la truffe du rédacteur se plisse, il bave, aboie : « Fachos ! Fachos ! Fachos ! » L’intertitre du second paragraphe est « Fantasme », pour évoquer la crainte de l’insécurité et de l’islamisation afin de ranger dans le camp des « victimes » la population des « Jardins de l’empereur » : « ces derniers endossant le costume de boucs émissaires devant le risque d’une prétendue “islamisation” de l’île. » Voilà. Le chien de garde a fait sa besogne et en quelques phrases, les bourreaux sont devenus des victimes et les victimes des bourreaux. Pourtant, si le rédacteur pensait avec sa raison plutôt qu’avec sa truffe, il se pourrait qu’il s’aperçoive qu’il est difficile de présenter comme un « fantasme » le développement de l’insécurité dans l’île quand les événements qui viennent précisément de s’y produire consistent en un guet apens pour ratonner du Corse organisé par soixante-dix racailles. Qu’il est difficile de présenter comme un fantasme la possible « islamisation » de l’île, quand on rapporte toujours dans le même article deux témoignages concordants qui la prouvent : «Depuis deux ou trois ans, la situation évolue. Les assistantes sociales témoignent de ce changement : les hommes refusent plus fréquemment de leur serrer la main qu’auparavant, les femmes se voilent davantage.» «Nous n’avons pas l’habitude de voir ce genre de choses en Corse. La vie du quartier est devenue plus tendue au fil des ans. Des femmes voilées de la tête aux pieds, des hommes en jellaba, cela alimente le sentiment diffus de division de la société insulaire, et crée une angoisse», témoigne une ancienne enseignante à l’école de l’Empereur. » Fantasme, l’article de Libé ?
L’unanimisme médiatico-politique
« Les réactions sont unanimes » pouvait-on entendre dans le journal de France 2 du 26 décembre, unanimes pour condamner la profanation d’une salle de prière musulmane, fait érigé en sommet du scandale ajaccien.
S’ensuivait un reportage sur les Musulmans terrorisés (victimes n’ayant pas le moindre blessé à exhiber à charge) et enfin, conclusion ultime du sujet corse : le témoignage d’un imam expliquant que l’islamophobie est ce qui nourrit la radicalisation, ce pourquoi l’effrayaient les événements d’Ajaccio. Personne, bien sûr, pour décrypter en quoi cette morale finale tenait d’un chantage parfaitement dégueulasse, en somme : « Tenez-vous bien avec les Musulmans, même quand ceux-ci ratonnent vos pompiers, sinon les radicalisés se multiplieront et viendront fusiller vos gosses ».
Dans ce conflit, les médias comme les politiques auront donc pris la défense de la racaille de banlieue contre le peuple humilié, sur-jouant la carte d’une prétendue islamophobie afin d’immuniser les coupables, arguant d’équivalences aberrantes, et retirant tous la même leçon de cette histoire où les Corses sont victimes de racisme anti-corse : il y aurait un danger islamophobe sur l’île. Tandis que leurs nouveaux élus « nationalistes » rivalisaient d’allégeance à la Pensée Unique, au point qu’on se demandait quelle identité corse ils pouvaient bien défendre, si l’essence de cette identité se trouvait être le cœur de la doxa progressiste parisienne, les Corses durent subir, après les insultes et les agressions de la racaille, le mépris de la caste. Preuve qu’insulaires ou non, les Corses sont bien définitivement français.
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