Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
[Dossier] Les médias et les rendez-vous de Béziers de Robert Ménard

11 août 2016

Temps de lecture : 13 minutes
Accueil | Dossiers | [Dossier] Les médias et les rendez-vous de Béziers de Robert Ménard

[Dossier] Les médias et les rendez-vous de Béziers de Robert Ménard

Temps de lecture : 13 minutes

[Pre­mière dif­fu­sion le 23 juin 2016] Red­if­fu­sions esti­vales 2016

Béziers a été, le temps d’un week-end, la capitale d’une partie des droites françaises. Ce fut aussi pour les médias parisiens l’occasion d’affuter leurs plumes, de fourbir leurs slogans et de mettre en boîte toute image ou propos plus ou moins déviants – selon leur doxa –pour chercher à démontrer que décidément, « le-ventre-de-la-bête-est-toujours-fécond ». L’OJIM se propose de revenir à froid sur cet évènement intellectuel et politique, après avoir collationné une partie des articles, éditoriaux et reportages que la presse y a consacrés. Un mouvement à trois temps : Avant Béziers ; pendant Béziers ; après Béziers.

I – Avant Béziers

Les papiers ne furent guère nom­breux, en ver­tu d’une inoxyd­able loi d’airain jour­nal­is­tique selon laque­lle la non-évo­ca­tion d’un évène­ment à venir suf­fit à ne jamais le faire exister.

On pour­ra néan­moins butin­er çà et là, para­graphes, stro­phes et stances qui demeureront en bonne place dans l’anthologie des sou­verains pon­cifs. Ain­si du Huff­in­g­ton Post (27 mai) plan­tant un décor hor­ri­fique en annonçant « la con­vo­ca­tion de ce col­loque icon­o­claste, réu­nis­sant des asso­ci­at­ifs, des intel­lectuels et des poli­tiques issus de la droite sou­verain­iste ou ultra-catholique, venus de la Manif pour tous ou des réseaux qui col­por­tent les théories racial­istes du “grand rem­place­ment” ou de la “rem­i­gra­tion” ». Pour le site mon­di­al­iste, la preuve que ce rassem­ble­ment surfe sur les vaguelettes de l’infréquentable est qu’il est « co-organ­isé avec le site d’ex­trême droite Boule­vard Voltaire, fondé par Robert Ménard, et par le mag­a­zine ultra-con­ser­va­teur Valeurs Actuelles ». On notera les adjec­tifs d’emblée dis­qual­i­fi­ants d’« extrême droite » et d’« ultra-con­ser­va­teur » (en ver­tu de pos­tu­lats séman­tiques pro­pres aux dis­cours intim­i­dants) lesquels, con­jugués avec les mots « ultra-catholique » et « racial­iste », font, de manière sub­lim­i­nale, accroire au lecteur peu ren­seigné que se tenait dans cette cité du midi, une réplique douce­ment foldingue des Nuits de Nurem­berg avec les ado­ra­teurs d’un IIIe Reich new-look. A cette enseigne quelque peu baroque, RTL (25 mai) était effec­tive­ment fondé à dire que « Robert Ménard ose tout », ren­voy­ant incon­sciem­ment le lecteur à une célèbre référence audi­ardesque qui n’était, en l’occurrence, guère à l’avantage du maire de Béziers.

Bref, les jeux étaient faits et les dés uni­ment jetés, dans un bal­tringue médi­a­tique où la démonolo­gie le dis­putait sévère­ment à la mau­vaise foi. Metronews (26 mai) écrit, par exem­ple, que « le cast­ing de Robert Ménard sent la poudre » (une « odeur de soufre » sug­gère même son inter­titre). Explo­sive, donc, cette réu­nion d’« édi­to­ri­al­istes, intel­lectuels et autres pam­phlé­taires de la droite “dure”, celle qui se mon­tre très à cheval sur les mœurs et sou­vent ultra­l­ibérale sur l’é­conomie ». « Pam­phlet » fait automa­tique­ment penser à Céline ou Rebatet – et l’on voit plan­er aus­sitôt, l’ombre glaçante de Je suis partout – quand la « droite dure » sous-entendrait un film du ciné­ma bis, du genre Ilsa la lou­ve SS et « ultra­l­ibéral sur l’économie » ren­voie sans hési­ta­tion à l’affreux Don­ald Trump.

Une reduc­tio ad hitlerum sem­blable­ment menée par Le Monde (27 mai) qui, à l’occasion d’un « por­trait » d’Emmanuelle Duverg­er, Mme Robert Ménard à la ville et ani­ma­trice du site Boule­vard Voltaire, écrit que « huit ans plus tôt, en 2003, Emmanuelle Duverg­er et son époux avaient com­mis un pre­mier ouvrage, La Cen­sure des bien-pen­sants (Albin Michel), dont les pro­pos se voulaient tout aus­si polémiques. Il remet­tait en ques­tion le bien-fondé de la loi Gayssot, loi hon­nie par une par­tie de l’extrême droite rad­i­cale, qui punit notam­ment la con­tes­ta­tion de l’existence de crimes con­tre l’humanité ». À lui seul, cet extrait mérit­erait une dis­sec­tion exégé­tique. Nous ne retien­drons que l’association, avec inten­tion de nuire, des mots et expres­sions « polémique », « bien-fondé de la loi Gayssot » et « extrême droite rad­i­cale » qui con­duiraient à laiss­er penser, selon son Olivi­er Faye qui a rem­placé Abel Mestre que la « pré­ten­due » défense de la lib­erté d’expression servi­rait de voile d’honorabilité à des sup­pôts extrémistes. On peut lire plus loin que « d’une cer­taine manière, les réprou­vés et les mon­trés du doigt attirent le maire de Béziers et son épouse. ». Là encore, le choix des ter­mes con­notés par­ticipe du procès d’intention d’une volon­té de dia­bolis­er des gens taxés de « réprou­vés » (on demande Ernst von Salomon et quelques Corps-Francs en goguette) voire car­ré­ment mis à l’index (« mon­trés du doigt »), comme aux temps bénis de la Sainte Inqui­si­tion traquant héré­tiques et relaps.

II – Pendant Béziers

Tout com­mença le 27 mai, dans la salle prin­ci­pale du palais des con­grès. Devant un pub­lic présent en masse, l’écrivain Denis Til­l­inac ouvrit le bal par une con­férence sur les valeurs et l’imaginaire de la droite où la cama­raderie et la fidél­ité con­sti­tu­aient, somme toute, le fil rouge d’une inter­ven­tion bril­lante (« vibrante » estimeront même Emmanuel Gal­liero et Amau­ry Peyrach dans Le Figaro du 28 mai) mais guère unanime, notre hus­sard se faisant épin­gler pour sa prox­im­ité avec un Chirac, catal­y­seur réel ou sup­posé, de nos maux actuels. Subis­sant la répro­ba­tion d’une vox pop­uli désireuse d’en finir avec le « ven­trisme mou » qu’elle prête, à tort ou à rai­son, à la droite « bien comme il faut », le pau­vre Til­l­inac sera lit­térale­ment écharpé par un Mau­rice Szafran dans les colonnes de Chal­lenges (30 mai). « Denis Til­l­inac, jadis chi­raquien donc par déf­i­ni­tion mod­éré et human­iste, pour­suit les mêmes objec­tifs que Ker­drel, mais avec une rad­i­cal­ité droitière, une vio­lence dans le vocab­u­laire, une vul­gar­ité de pen­sée et d’ex­pres­sions que nous ne lui con­nais­sions pas. Après avoir dénon­cé la “mélasse com­bi­na­rde de la classe poli­tique” (dénon­ci­a­tion tra­di­tion­nelle de l’ex­trême-droite anti démoc­ra­tique), l’écrivain cor­rézien s’est lais­sé aller davan­tage encore en appelant à une poli­tique en faveur des “séden­taires enrac­inés”. Cela fait bien longtemps que la prési­dente du Front Nation­al s’in­ter­dit toute sor­tie xéno­phobe de cet acabit ». Til­l­inac, habil­lé pour trois hivers, au moins, devient l’icône d’une « extrême droite » crypto-fasciste.

L’édito de Szafran mérit­erait d’être cité in exten­so. Rien à sauver de ce sym­po­sium d’« une droite non pas décom­plexée mais sans inhi­bi­tion aucune qui s’est exprimée en terre sud­iste. Une droite extrême et iden­ti­taire qui se réu­nit autour d’une détes­ta­tion com­mune, vio­lente, désor­mais sans lim­ite, celle des immi­grés et, en par­ti­c­uli­er, des immi­grés de reli­gion musul­mane. A cet égard rap­porter les pro­pos tenus à Béziers provoque des hauts le cœur ». À not­er la prox­im­ité, dans la même phrase, de la terre « sud­iste » avec « droite iden­ti­taire et extrême » nour­ris­sant une « détes­ta­tion com­mune vio­lente, désor­mais sans lim­ite, des immi­grés ». En chaus­sant ses jumelles, on apercevrait, chevauchant à l’horizon, les rég­i­ments immac­ulés du Ku Klux Klan traî­nant un immi­gré à même le sol. Ce qui est exces­sif est insignifi­ant, dit-on, à la suite de Tal­leyrand. Pas pour cer­tains jour­nal­istes. « Les deux journées de Béziers se sont en réal­ité résumées à un meet­ing de haine anti-immi­grés », dont « les paroles et la musique de l’ex­trême droite raciste et xéno­phobe » sont insup­port­a­bles. La con­clu­sion est sans appel : « pour­tant il ne fait guère de doute qu’après cet affligeant week-end de délires idéologiques et xéno­phobes, Nico­las Sarkozy et l’aile la plus droitière de LR ne peu­vent envis­ager aucune alliance d’au­cune sorte avec cette droite iden­ti­taire et dan­gereuse ». Et la man­sué­tude va jusqu’à ten­ter d’absoudre Denis Til­l­inac et Yves de Ker­drel qui se sont four­voyés « avec des tarés de l’e­spèce de Renaud Camus. Ils se sont égarés, au moins. Il serait temps qu’ils revi­en­nent dans ce “cer­cle de la rai­son” qu’ils dén­i­grent ». La messe est dite. Si l’on devait résumer le pro­pos aigre-amer de Mau­rice Szafran, on retiendrait que ce week-end fut tout aus­si lax­atif que vom­i­tif, où les fumées idéologiques les plus nauséabon­des ont été rejetées dans un ciel assom­bri par les vols funestes d’aliénés au-dessus de nids de coucous non moins infréquenta­bles (« tarés », « qu’ils revi­en­nent dans ce “cer­cle de la rai­son” », autant de mar­queurs séman­tiques sig­nifi­ant la psy­chi­a­tri­sa­tion de l’adversaire).

Nous ne revien­drons pas sur les manchettes et encadrés du Midi Libre notam­ment dans son édi­tion du 28 mai (voir égale­ment notre papi­er du 30 mai) sauf à sig­naler l’incontournable bro­chette exper­to­cra­tique, invitée pour l’occasion à jouer les mouch­es du coche et à prodiguer son avis for­cé­ment éclairé. C’est ain­si que les illus­tres incon­nues mai­son, l’une, chercheuse au CEPEL (?) de Mont­pel­li­er et « maîtresse » (sic) de con­férences, l’autre, « pro­fesseure (re-sic) de lit­téra­ture à Stan­ford, spé­cial­iste du FN » (??), délivrent leur docte ordon­nance : « pour la chercheuse, Ménard recy­cle de vieilles idées d’extrême droite », quand « la pro­fesseure » affirme que « Ménard veut se pos­er en leader d’une force alter­na­tive ». Finale­ment, rien d’original ou de ful­gu­rant, sauf à étay­er sous un angle pseu­do sci­en­tifique le pro­pos jour­nal­is­tique rédigé à charge.

Pour le reste, l’ensemble de la presse retien­dra, en sub­stance, le coup d’éclat de Mar­i­on Maréchal Le Pen qui aura pré­cipi­ta­m­ment « claqué la porte de Béziers » (Le Figaro, 28 mai) voire « au nez de Ménard » (Le Midi Libre, 29 mai). Le motif ? L’édile biter­rois aurait déclaré devant les caméras de télévi­sions, que cette ren­con­tre de la droite « hors les murs » dans sa ville ne devait pas servir de « marchep­ied » à quiconque et notam­ment pas à la prési­dente du FN. Sans les citer tous, la plu­part des jour­naux ont repris comme une anti­enne cette ver­sion. Par paresse ou igno­rance peu se sont don­né la peine de rap­pel­er que Ménard avait pronon­cé ces mêmes pro­pos dans Valeurs actuelles (26 mai). Mais alors, à quoi ont donc servi ces journées de Béziers ? Ménard répond : « pen­dant ces trois jours, nous avons élaboré ces mar­queurs qui per­me­t­tent de dif­férenci­er la vraie droite de la gauche, pour voir qui par­mi les can­di­dats pour­ra les repren­dre ». Nico­las Bay de surenchérir dans un entre­tien accordé à L’Opinon : « il faut dire que les propo­si­tions qui ont été faites à Béziers sont com­pat­i­bles à 70 ou 80% avec celles du FN. La dynamique poli­tique se crée y com­pris avec des gens avec qui on n’est pas d’ac­cord sur tout. Il peut y avoir une occa­sion de faire gag­n­er nos idées en 2017 en por­tant Marine Le Pen à l’Elysée et, dans ce cadre-là, le Front Nation­al compte rassem­bler le plus large­ment pos­si­ble au-delà des petites diver­gences ».

Quoi qu’il en soit, une telle obses­sion médi­a­tique à vouloir débus­quer les dis­sen­sions et les dif­férences (réelles, pour cer­taines) a entrainé un dis­cours jour­nal­is­tique volon­taire­ment émol­lient, dis­crédi­tant la portée poli­tique de cette ren­con­tre. Dominique Alber­ti­ni (Libéra­tion, 28 mai) soulèvera d’ailleurs, qu’« Yves de Ker­drel, patron du droiti­er heb­do Valeurs Actuelles, avait rail­lé une cer­taine ‘‘extrême extrême droite’’ et son pro­gramme économique ‘‘sec­taire’’».

III – Après Béziers

Si l’on en croit Le Midi Libre (30 mai), ce ren­dez-vous des droites à Béziers fut un échec : « la droite dure voulait faire l’u­nion, mais elle a quit­té Béziers hier extrême­ment divisée, à la fois ignorée par Les Répub­li­cains, et surtout brouil­lée avec le FN, qui se dis­tan­cie ain­si de l’un de ses rares alliés, Robert Ménard et son mou­ve­ment ‘‘Oz ta droite’’. Les organ­isa­teurs du ‘‘Ren­dez-vous de Béziers’’, le sul­fureux maire de la ville, le très droiti­er heb­do­madaire Valeurs Actuelles et le site inter­net Boule­vard Voltaire espéraient pour­tant en faire ‘‘un moment-clé de recom­po­si­tion poli­tique’’ ». Et le quo­ti­di­en de Mon­sieur Baylet de con­clure sur une cita­tion éva­sive d’une « source interne» : « un ‘‘ren­dez-vous’’ qui sus­ci­tait sur place ce com­men­taire acri­monieux d’un des acteurs : ‘‘Le degré d’a­ma­teurisme de l’ex­trême droite est juste dingue. Tout est foireux.’’ La République ne s’en plain­dra pas ». On notera cette dernière phrase qui sous-entend que ce rassem­ble­ment aurait été plus que « bor­der line » au regard des »valeurs répub­li­caines ». Même son de cloche du côté des Echos (29 mai) qui vont jusqu’à par­ler de « ren­dez-vous man­qué » « entre extrême et droite de la droite ».

Louis Haus­salter, de l’hebdomadaire Mar­i­anne (29 mai) évo­quera la « potion choc » des 51 mesures « soumis­es » aux votes des con­gres­sistes « priés de se pronon­cer en lev­ant une feuille bleue pour oui, rouge pour non. Sans sur­prise, le pub­lic approu­ve à une qua­si-una­nim­ité – et avec une sat­is­fac­tion bruyante – la potion choc qu’on lui soumet ». Il est vrai que la dernière mat­inée du dimanche 29 mai eut des allures de con­grès du Par­ti com­mu­niste, du temps où ce par­ti était encore un par­ti de masse. Quant à soulign­er le fait que « la sono lance ensuite le Chant des par­ti­sans, hymne de la Résis­tance… dont qua­si­ment per­son­ne ne con­naît les paroles ! La Mar­seil­laise aura plus de suc­cès », le procédé relève d’une ironie phar­isi­enne, tant il est cer­tain que l’ignorance du fameux texte du duo Kessel-Druon est qua­si-unanime au sein des salles de rédac­tion. Mais le comble a sans doute été atteint par… Yves de Ker­drel, lui-même, qui, aux dires du Point (2 juin) « a expliqué à l’A­gence France-Presse être “mal à l’aise” après le ren­dez-vous de Béziers (…) esti­mant avoir été trahi par [Robert Ménard] après un week-end qui a tourné à la créa­tion d’un “mou­ve­ment ménardiste”. “Notre jour­nal cherche à être indépen­dant. Je cherche pas (sic) à faire de l’épicerie politi­ci­enne”, a déclaré Yves de Ker­drel, inter­rogé par télé­phone, se dis­ant “mal à l’aise” alors que son jour­nal a par­ticipé au finance­ment de cette réu­nion de la droite de la droite et de l’ex­trême droite, qui s’est, selon lui, trans­for­mée en “rampe de lance­ment pour les lég­isla­tives ou une autre ambi­tion de Ménard”. (…) “Arrivé là-bas, il y a eu des petites choses qui m’ont mis la puce à l’or­eille. Il ne s’agis­sait pas du tout, comme il m’avait été ven­du, de créer un think-tank par­tic­i­patif. Les propo­si­tions étaient déjà écrites à l’a­vance (ndlr : des propo­si­tions avaient fuité dans la presse dans la semaine). Il s’agis­sait pas (sic) de réu­nir l’ensem­ble des droites. C’é­tait très sec­ondaire pour Ménard par rap­port à sa volon­té de créer un mou­ve­ment ménardiste. Tout était con­trôlé, fait en sous-main par Ménard et son équipe”, a‑t-il déploré. “Pour moi, cette affaire est close et enter­rée”, mais “ce n’est jamais agréable de se sen­tir cocu­fié”, a pour­suivi M. de Ker­drel ». Un moment d’hypocrisie pour un heb­do­madaire ayant à sa tête un libéral mon­di­al­iste bon teint flat­tant le lecteur à l’encolure d’un argu­men­taire de droite assumée pour d’évidentes raisons com­mer­ciales, tout en sou­tenant en sous-main la can­di­da­ture déjà émoussée d’un Nico­las Sarkozy ou du can­di­dat LR remplaçant.

L’on ne ter­min­era pas ce con­cert médi­a­tique du ratage des ren­con­tres biter­rois­es, sans évo­quer cette poignée de man­i­fes­tants venus hurler leur mécon­tente­ment devant le palais des con­grès aux scan­sions habituelles du « fas­cisme-qui-ne-passera-pas ». Selon BFMTV (28 mai) « entre 400 per­son­nes, selon la police, et 600, selon les organ­isa­teurs » (sans doute plus près de 200) décla­maient des slo­gans du type : « nous sommes, nous sommes les fils de Jean Moulin” (né à Béziers, NDLR) ou “Vous n’êtes pas les bien­venus dans notre ville. Fachos, ren­trez chez vous!” ». C’était sans compter à nou­veau sur l’inénarrable Midi Libre qui dans son édi­tion du 31 mai offre à ses lecteurs un entre­tien assez sur­réal­iste du sous-préfet de l’arrondissement de Béziers, lequel, de con­cert avec l’intervieweur, affirme que « l’É­tat ne saurait rester silen­cieux lorsque des pro­pos aus­si non-con­formes aux valeurs de la République sont tenus », en référence aux déc­la­ra­tions de l’édile à pro­pos des fes­tiv­ités de Ver­dun. L’article est d’ailleurs inti­t­ulé : « Béziers : le sous-préfet recadre à nou­veau Robert Ménard », le reste de l’interview étant servi par des ques­tions com­plaisantes, le déla­teur perçant sous l’inquisiteur, du style « dans votre quo­ti­di­en de sous-préfet, le dossier Béziers — et donc Robert Ménard — représente-t-il une vig­i­lance par­ti­c­ulière ? » ou encore « est-ce que le sous-préfet que vous êtes arrive objec­tive­ment à traiter un dossier provenant de la mairie de Béziers avec la neu­tral­ité néces­saire alors que les attaques du maire envers l’É­tat sont récur­rentes ? » A ce niveau de ser­vil­ité, dif­fi­cile de ne pas accréditer la réal­ité d’une con­nivence entre lune cer­taine presse et le pouvoir.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés