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[Dossier] Les réfugiés : une chance pour l’Allemagne ?

15 février 2017

Temps de lecture : 16 minutes
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[Dossier] Les réfugiés : une chance pour l’Allemagne ?

Temps de lecture : 16 minutes

Selon la presse française mainstream, et de manière unanime, les « réfugiés » auraient boosté la croissance allemande en 2016. Pourtant, une étude officielle de l’Office fédéral allemand aux migrations et aux réfugiés démontre que les réfugiés représentent bien au contraire une charge nette non seulement lourde, mais qui plus est durable pour l’économie allemande.

Qu’il s’agisse du Monde, de RTL, des Échos ou de La Tri­bune, la presse française de gauche comme de droite est unanime et ne con­naît ni nuance ni plu­ral­isme des opin­ions sur ce sujet : l’arrivée des réfugiés a dopé la crois­sance alle­mande, qui a ain­si béné­fi­cié d’un coup de pouce de 0,25% pour attein­dre les 1,9%. C’est une infor­ma­tion de source sûre, puisque provenant de l’Office Fédéral alle­mand de la Sta­tis­tique (Sta­tis­tis­ches Bun­de­samt / Desta­tis) – l’équivalant de notre INSEE. Hour­rah ! La preuve est faite ! Quelle aubaine !

On ne peut qu’être éton­né de la par­tial­ité, de la super­fi­cial­ité et de l’absence totale de com­pé­tence économique la plus élé­men­taire de jour­nal­istes cen­sés tra­vailler pour des ténors de la grande presse française, dont la qual­ité de tra­vail ne dépasse pas celle de la pire presse à sen­sa­tion ou des hoax répan­dus sur les médias soci­aux. Ils n’ont vis­i­ble­ment soumis les infor­ma­tions com­mu­niquées par Desta­tis à aucune analyse et n’ont à aucun moment cher­ché à con­naître les ten­ants et les aboutis­sants de ce résul­tat ô com­bi­en intéres­sant. Ils ont encore moins recher­ché des infor­ma­tions plus détail­lées qui leur aurait per­mis d’affiner leur analyse et de fournir une infor­ma­tion plus fondée. Ce qu’est pour­tant cen­sé exiger la déon­tolo­gie de leur méti­er. Deux chiffres et quelques salades ont large­ment suf­fi à leur ragout idéologique.

Les arti­cles pub­liés passent pour­tant assez près des élé­ments d’analyse à pro­pre­ment par­ler cen­traux : Le Monde dit bien que ce coup de pousse provient « de la hausse des dépens­es de l’Etat » (pour l’accueil des « réfugiés ») et « des dépens­es de con­som­ma­tion » (par les aides accordées aux « réfugiés »). « Les dépens­es publiques ont bon­di de 4,2% », dix­it Le Monde, « l’État ayant con­sacré 20 mil­liards d’euros à l’accueil des réfugiés ».

Les Échos enfon­cent le clou sans qu’aucun voy­ant ne s’allume dans la tête du jour­nal­iste écrivant pour­tant pour un quo­ti­di­en réputé libéral lorsqu’il décrit des phénomènes économiques con­crets : « Le négo­ciant berli­nois (Peter Bonitz) a déjà ven­du 1 650 con­tain­ers à la ville de Berlin pour abrit­er les cen­taines de réfugiés qui arrivent chaque jour. Les four­nisseurs sont en rup­ture de stock. […] A Lützel­bach, dans la Hesse, le fab­ri­cant de tentes Tartler croule aus­si sous les appels. Toute une économie s’est mise en place […] Des entre­pris­es de restau­ra­tion aux fab­ri­cants de mate­las en pas­sant par les sociétés de sécu­rité, qui emploient entre 5000 et 10 000 vig­iles pour sur­veiller les foy­ers d’accueil, les retombées sont énormes […] »

Nous y sommes : la pen­sée naine des songe-creux keynésiens a encore frap­pé. Le coup de pouce à la crois­sance alle­mande provient tout sim­ple­ment des énormes dépens­es engagées par l’État pour accueil­lir les « réfugiés ». Et des dépens­es sup­plé­men­taires de con­som­ma­tion, c’est-à-dire des dépens­es, par les « réfugiés », des aides qui leur ont été accordées. En bon français et en ter­mes économiques : l’État a sim­ple­ment affec­té des impôts prélevés actuelle­ment sur les Alle­mands, et con­trac­té des dettes que devront pay­er les enfants de ces derniers, à une intéres­sante « indus­trie de l’accueil » (qui vaut celle des tech­nolo­gies de pointe ?). Des impôts et des dettes entière­ment prélevés sur le pro­duit du labeur des pro­duc­teurs alle­mands … et d’aucun réfugié. Cet argent aurait tout aus­si bien pu être affec­té à la recherche avec un effet futur plus promet­teur, ou affec­té à tous autres grands travaux ou secteurs économiques de pointe, ou être don­né à toute autre caté­gorie de la pop­u­la­tion alle­mande, et ce avec stricte­ment le même effet de relance. Cela n’a rien à voir avec la nature à court terme de l’objet de leur des­ti­na­tion en l’occurrence !

Si nos jour­nal­istes français s’étaient inter­rogé sur l’apport sub­stantiel réel des réfugiés à la crois­sance, ils auraient été chercher plus loin, en lisant par exem­ple par le menu le rap­port actu­al­isé com­mu­niqué récem­ment par l’Office fédéral alle­mand aux migra­tions et aux réfugiés.

Ce dernier, autrement plus fouil­lé, anéan­tit en effet cru­elle­ment leurs affir­ma­tions erronées : les réfugiés ne peu­vent, par manque dras­tique de qual­i­fi­ca­tion, fournir pra­tique­ment aucune con­tri­bu­tion à une économie alle­mande sophis­tiquée d’un niveau de savoir-faire élevé ; ils vont bien au con­traire peser lour­de­ment sur les comptes soci­aux, et par con­séquent sur les impôts et les charges des tra­vailleurs et des entre­pris­es alle­man­des. Et ce durable­ment. Un coup dur pour la com­péti­tiv­ité allemande.

L’Office fédéral alle­mand aux migra­tions et aux réfugiés (Bun­de­samt für Migra­tion und Flüchtlinge, BAMF) a ren­du pub­lic fin 2016 une actu­al­i­sa­tion de son rap­port annuel « Inte­gra­tion von Asyl­berechtigten und anerkan­nten Flüchtlin­gen » (« Inté­gra­tion des deman­deurs d’asile et des réfugiés recon­nus ») pub­lié tous les ans depuis 2013. Ce rap­port 2016, inti­t­ulé « Asyl­berechtigte und anerkan­nte Flüchtlinge in Deutsch­land: Qual­i­fika­tion­sstruk­tur, Arbeits­mark­t­beteili­gung und Zukun­ft­sori­en­tierun­gen » (« Deman­deurs d’asile et réfugiés recon­nus en Alle­magne : struc­ture de qual­i­fi­ca­tion, par­tic­i­pa­tion au marché du tra­vail et ori­en­ta­tion vers l’avenir »), a été rédigé par Susanne Worbs et Eva Bund.

Les con­clu­sions de ce doc­u­ment démon­trent de façon élo­quente le gouf­fre qui sépare la réal­ité des attentes des bien-pen­sants. On se sou­vient qu’une étude sur la for­ma­tion et l’emploi en Alle­magne avait fait ressor­tir que si les immi­grés issus de l’Europe de l’Est, et dans une moin­dre mesure d’Europe du Sud, réus­sis­saient plutôt bien leur inté­gra­tion et par­ve­naient dans des pro­por­tions sat­is­faisantes à acquérir une qual­i­fi­ca­tion et un emploi pour le plus grand béné­fice de l’économie alle­mande, la com­mu­nauté turque était, sur plusieurs généra­tions, restée sur le bord de la route dans ces mêmes domaines pour des raisons pro­fondé­ment culturelles.

Une photo instantanée partielle

Il faut not­er dans un pre­mier temps que l’étude du BAMF n’a jeté un coup de pro­jecteur que sur une par­tie seule­ment de la pop­u­la­tion des réfugiés ren­trés en Alle­magne entre 2013 et 2016 : celle-ci s’est en effet con­cen­trée, par­mi les 745 000 deman­deurs d’asile dûment enreg­istrés, sur quelques 2 800 per­son­nes venues essen­tielle­ment d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie âgés de 18 à 69 ans, et acces­soire­ment d’Iran, d’Irak et du Sri Lan­ka. Les mineurs ont donc été élim­inés, le chiffre des per­son­nes non enreg­istrées étant par nature incon­nu. Les spé­cial­istes du BAMF ont cepen­dant estimé que l’échantillon était représen­tatif de ces deman­deurs d’asile dont la qua­si-total­ité est de cul­ture musulmane.

Des caractéristiques structurelles déséquilibrées : 2/3 d’hommes jeunes, la moitié peu ou pas qualifiés, dont les 2/3 au chômage ; une très grande majorité des hommes, et pratiquement toutes les femmes sont pratiquement inemployables à moyen terme.

La struc­ture démo­graphique des deman­deurs d’asile est pour le moins déséquili­brée, et décon­cer­tante con­cer­nant des « réfugiés » : 60 à 65% d’entre eux (selon les pays) sont des hommes jeunes, dont 60 à 70% ont été classés dans la tranche d’âge 18–34 ans. Indépen­dam­ment de leurs orig­ines, 90% ont moins de 50 ans, et donc 10% seule­ment plus de 50 ans. L’âge moyen des per­son­nes exam­inées oscille entre 32 et 35 ans (on se rap­pelle que les mineurs ont été écartés de l’échantillon, l’âge moyen réel étant donc être inférieur à ce chiffre).

En ce qui con­cerne le niveau d’éducation, entre 15 et 25% des deman­deurs se sont com­plète­ment anal­phabètes (ne sont donc jamais allés à l’école et ne savent ni lire ni écrire leur pro­pre langue), et entre 20 et 35% doivent être con­sid­érés comme très faible­ment alphabétisés (sont allés moins de 4 ans à l’école, donc n’ont fréquen­té que l’équivalent de l’école pri­maire). Entre 20 et 30% ont béné­fi­cié d’une édu­ca­tion sec­ondaire allant jusqu’à l’équivalent du bac­calau­réat. Entre 40 et 50% ont béné­fi­cié plus ou moins d’une for­ma­tion pro­fes­sion­nelle quel­conque. Entre 2 et 3% env­i­ron ont fait des études.

Glob­ale­ment, entre 60 et 70% des per­son­nes exam­inées ne pos­sè­dent aucune qual­i­fi­ca­tion les ren­dant employ­ables en Alle­magne. Entre 30 et 40% donc peu­vent être con­sid­érées comme ayant obtenu une qual­i­fi­ca­tion pro­fes­sion­nelle ou être tout au moins en cours de qual­i­fi­ca­tion. Mais pas tou­jours trans­pos­able immé­di­ate­ment en Allemagne.

Autres faits saillants :

  • les Irakiens obti­en­nent dans cet échan­til­lon les plus mau­vais résul­tats, 75% d’entre eux devant être con­sid­érés comme ne pos­sé­dant aucune qualification ;
  • les Syriens obti­en­nent les meilleurs résul­tats, un peu moins de 60% d’entre eux devant être con­sid­érés comme ne pos­sé­dant aucune qualification ;
  • les femmes sont net­te­ment moins bien loties que les hommes à tous les niveaux, alphabéti­sa­tion et qual­i­fi­ca­tion. Quand on sait qu’elles sont partout meilleures à l’école là où elles ont le droit de béné­fici­er d’une édu­ca­tion, on mesure sans peine ce que per­dent économique­ment les pays qui défa­vorisent sys­té­ma­tique­ment les filles, comme cer­tains pays musulmans.

Sachant que « ayant béné­fi­cié d’une for­ma­tion quel­conque ou ayant com­mencé une for­ma­tion quel­conque » est un con­cept assez large, on peut con­sid­ér­er que 10% des réfugiés hommes en moyenne sont employ­ables à court terme à des emplois peu ou moyen­nement qual­i­fiés et que les femmes (qui représen­tent comme on l’a dit un tiers des effec­tifs) ne sont pra­tique­ment pas employ­ables à des niveaux qualifiés.

On se sou­vient que les études précédem­ment com­men­tées avaient fait ressor­tir que 85% des Alle­mands autochtones sor­taient du sys­tème édu­catif alle­mand avec une qual­i­fi­ca­tion et trou­vaient donc facile­ment un emploi, mais que 15% restaient tout de même en rade et n’entraient de ce fait que lente­ment et dif­fi­cile­ment dans le monde du tra­vail à des niveaux pas ou peu qualifiés.

Ces chiffres peu­vent être pra­tique­ment inver­sés au niveau de la struc­ture des qual­i­fi­ca­tions des réfugiés, sachant que tous les réfugiés pou­vant être con­sid­érés comme qual­i­fiés devront être mis à niveau, tant lin­guis­tique­ment que pro­fes­sion­nelle­ment. Con­crète­ment : le nom­bre des tech­ni­ciens, tech­ni­ciens supérieurs et ingénieurs, de médecins ou d’universitaires est sta­tis­tique­ment anecdotique.

Face à cette cru­elle réal­ité, les slo­gans répétés à l’envi par le monde politi­co-médi­a­tique pen­dant toute l’année 2016 et les arti­cles sur la crois­sance alle­mande pub­liés dans la presse française son­nent comme une sin­istre farce.

Après un an, un tiers des réfugiés ont trouvé un emploi peu ou pas qualifié ; les deux tiers sont à la charge des systèmes sociaux ; un bilan socio-économique largement négatif

L’examen plus pré­cis de la par­tic­i­pa­tion actuelle des réfugiés au marché du tra­vail reflète bien enten­du le faible niveau de qual­i­fi­ca­tion précédem­ment évoqué.

L’étude a fait ressor­tir les faits suivants :

  • la très grande majorité des réfugiés se situent dans une tranche d’âge active
  • 36,5% ont une activ­ité quel­conque, à plein temps ou à temps par­tiel ; a for­tiori 63,5% sont donc à la charge des sys­tèmes sociaux

Con­crète­ment, le taux d’emploi varie entre 25% pour les Syriens et un peu moins de 40% pour les Irakiens. Sachant que les Irakiens sont de loin les moins qual­i­fiés alors que les Syriens présen­taient à l’examen des qual­i­fi­ca­tions un pro­fil plus favor­able que les autres, on ne peut que se pos­er des questions

  • quant aux types d’emploi (peu ou pas du tout qual­i­fiés) occupés par les Irakiens et
  • à la réal­ité de la qual­i­fi­ca­tion moyenne des Syriens (sans doute inadaptée)

Sachant que l’essentiel des réfugiés qual­i­fiés doivent être remis à niveau, dans tous les cas lin­guis­tique­ment et presque sûre­ment pro­fes­sion­nelle­ment, un autre fait frap­pant de l’étude est la faible pro­por­tion des réfugiés suiv­ant au moins une for­ma­tion les pré­parant à l’emploi : moins de 10% des réfugiés étudiés suiv­aient une for­ma­tion, dans une fourchette vari­ant entre 7% (pour les Syriens) et 16% (pour les Afghans).

Ain­si, 45% au mieux des réfugiés tra­vail­lent ou suiv­ent une for­ma­tion menant à l’emploi… et 55% sont donc bien durable­ment enkys­tés dans l’inactivité sans réelles per­spec­tives ! Les Syriens par exem­ple ne sont que 25% à tra­vailler et 7% à suiv­re une for­ma­tion. 68% d’entre eux n’ont donc stricte­ment aucun pro­jet, et ce à long terme !

On rap­pellera utile­ment que le jeune Afghan qui a sauvage­ment assas­s­iné l’étudiante en médecine Maria Ladenburger :

  • était illé­gale­ment ren­tré en Alle­magne depuis un pays sûr (Inter­pol a décou­vert qu’il avait posé une demande d’asile en Grèce) et n’avait donc, selon les accords de Schen­gen, rien à faire en RFA,
  • qu’il était logé dans une famille d’accueil et s’était vu octroy­er un tuteur,
  • ne tra­vail­lait pas et
  • ne suiv­ait aucune for­ma­tion et n’avait donc aucun pro­jet de vie à long terme.

Quand on com­pare ce type de réal­ité avec les déc­la­ra­tions toni­tru­antes de la chancelière, on ne peut que se deman­der la rai­son pour laque­lle, dans ce cas pré­cis, la République Fédérale a vio­lé les accords inter­na­tionaux qu’elle avait elle-même signés, non pour accueil­lir un prix Nobel, mais pour accueil­lir Hus­sein K., et ce dans les con­di­tions décrites ! Quel pou­vait bien être le but d’une telle poli­tique en l’occurrence, ce cas n’étant sûre­ment pas isolé ?

La nature des emplois occupés a été égale­ment analysée dans cette étude, faisant ressor­tir des occupations :

  • dans le secteur de la restau­ra­tion col­lec­tive : aides en cui­sine et en salle…
  • dans le secteur de la restau­ra­tion privée : fab­ri­ca­tion et vente d’aliments
  • dans le secteur de l’emballage, le stock­age, la logis­tique et le trans­port : employés d’entrepôt, con­duc­teurs de véhicule de manu­ten­tion, chauf­feurs de camion, coursiers…
  • dans le secteur du net­toy­age : lavage des sols, murs et pla­fonds, lavage des vit­res et des glaces, employés de blanchisserie

Moins de 20 per­son­nes (0,7%) des per­son­nes exam­inées occu­paient un emploi qual­i­fié : pro­fes­sions médi­cales, enseignants et journalistes.

Out­re leur car­ac­tère anec­do­tique, ces métiers qual­i­fiés sont aus­si représen­tat­ifs de ce que l’on trou­ve dans les pays pau­vres : une poignée d’universitaires et aus­si de médecins, sou­vent issu de la haute bour­geoisie cul­tivée de hauts fonc­tion­naires dirigeant ces pays.

Il faut par con­tre se ren­dre à l’évidence : AUCUN réfugié – lit­térale­ment aucun – ne répondait aux qual­i­fi­ca­tions dont l’industrie alle­mande a besoin en pre­mier lieu, à savoir des tech­ni­ciens, des tech­ni­ciens supérieurs et des ingénieurs. Ce type de pro­fils provient, d’expérience, des pays de l’Est : surtout Russie, Pologne, Tchéquie et Slo­vaquie. Ou bien d’Europe de l’Ouest, mais là on ne par­le plus de « réfugiés ».

Sachant que les « réfugiés » présen­tent surtout des pro­fils qui per­me­t­tront de combler le trag­ique déficit de l’économie alle­mande en aides de cui­sine, serveurs, con­duc­teurs de véhicules, laveurs de car­reaux, blan­chisseurs et peut-être aus­si vig­iles, on comprendra :

  • que les PME-PMI, qui représen­tent le cœur de la puis­sance économique alle­mande, ne sont que peu soulagées par cette pop­u­la­tion présen­tée comme des « sauveurs de l’Allemagne » par un monde politi­co-médi­a­tique com­plète­ment à côté de la plaque.
  • on se sou­vien­dra aus­si de la forte impli­ca­tion médi­a­tique des grands groupes alle­mands, notam­ment dans le cadre de la fameuse Inte­gra­tions-Ini­tia­tiv­en der deutschen Wirtschaft(Ini­tia­tives d’intégration de l’économie alle­mande) qui a payé au prix fort des dou­bles pages en quadrichromie affichant fière­ment des équipes d’apprentis et de futurs employés aux couleurs arc-en-ciel. Il va sans dire que les grands groupes alle­mands n’ont guère fait que recruter quelques vig­iles de nuit et gar­di­ens de parking.

Comme nous l’avions dit à l’époque, les grands groupes alle­mands sont destruc­teurs d’emplois nets depuis 40 ans ! Il va donc sans dire qu’ils ne poussent pas à l’immigration pour des raisons liées à leurs besoins, qui sont nuls, et pas davan­tage – comme on l’entend sou­vent dire à tort – pour peser sur les salaires, tant il est évi­dent que les mai­gres paies des vig­iles n’ont sûre­ment aucun impact sur les salaires des tech­ni­ciens, des tech­ni­ciens supérieurs et des ingénieurs.

Les grands groupes ne font que com­mu­ni­quer dans le sens d’un monde politi­co-médi­a­tique afin de soign­er leurs rela­tions poli­tiques et de con­forter les rentes de sit­u­a­tions que celles-ci leur accor­dent sans béné­fice pour la société glob­ale, puisque la total­ité des créa­tions nettes d’emplois provient des PME-PMI qui n’ont rien non plus à pro­pos­er à des réfugiés ne répon­dant pas à leurs besoins, ce qui bien sûr n’a aucun impact sur leurs pro­pres échelles de rémunéra­tions, puisque celles-ci con­tin­u­ent à être durable­ment mar­quées par la pénurie de main d’œuvre qualifiée.

L’étude fait en revanche violemment ressortir que le monde politico-médiatique est un monde de pure illusion, vivant dans et pour des chimères : cela est vrai quand les politiques accordent des rentes de situation à de très grandes entreprises qui n’en ont pas besoin et ne créent pas d’emplois en échange de campagnes publicitaires ; c’est vrai quand la vague de réfugiés est présentée comme des « sauveurs de l’Allemagne » appelée à combler le déficit en emplois qualifiés du pays, alors que pratiquement AUCUN des 750 000 réfugiés actuellement comptabilisés officiellement (donc sans le chiffre noir) n’a le profil requis.

On par­le par ailleurs sou­vent de « mon­di­al­i­sa­tion libérale » et de « dump­ing social » à tra­vers la « pres­sion sur les salaires ». Le « dump­ing social » est peut-être vrai quand on par­le de délo­cal­i­sa­tions. Il est par­faite­ment faux quand on par­le d’immigration. L’examen métic­uleux de cette intéres­sante étude fait en effet ressor­tir tout autre chose dont on par­le peu parce qu’on ne le voit pas : la « mon­di­al­i­sa­tion des États sociaux ».

La mise en place des sys­tèmes dit « soci­aux », notam­ment sous leur forme étatisée, a per­mis à toute une mou­vance poli­tique de tir­er prof­it de ce qui n’a jamais été un trans­fert des rich­es vers les pau­vres, mais qui a tou­jours été un trans­fert des pro­duc­teurs vers les non-pro­duc­teurs, des act­ifs vers les inac­t­ifs, in fine à la charge nette des class­es moyennes (et non des vrais rich­es qui peu­vent s’extraire du sys­tème du fait même de leurs moyens financiers) pour met­tre en place des struc­tures clien­télistes extrême­ment renta­bles poli­tique­ment. Comme l’a écrit Oscar Wilde « Désha­biller Pierre pour habiller Paul apporte un avan­tage poli­tique cer­tain : le sou­tien de Paul ». Si on ne le fait pas, il faut men­er une poli­tique effi­cace sus­cep­ti­ble de sat­is­faire Pierre et Paul ou au moins l’un des deux. Ce qui est net­te­ment plus risqué.

C’est ce sys­tème qui est entre autres en train de se mon­di­alis­er, au béné­fice des pau­vres du monde entier et des poli­tiques dém­a­gogues, à la charge nette des class­es moyennes européennes qui sont invitées à faire vivre par leur tra­vail tous les pau­vres du monde pour le plus grand béné­fice de politi­ciens dém­a­gogues. Cela ne peut pas marcher à terme.

Il n’est guère besoin de faire des comptes pré­cis, que cette étude se garde bien d’évaluer : lorsque, dans une pop­u­la­tion don­née, 35% des indi­vidus pro­duisent de faibles richess­es, perçoivent de faibles salaires et payent donc peu d’impôts et de charges en con­som­mant peu alors que 65% des indi­vidus du même groupe est entière­ment à la charge des sys­tèmes soci­aux, il ne faut pas être un génie, ou alors être d’une mau­vaise foi absolue, pour ne pas arriv­er à la con­clu­sion que le sol­de compt­able net des entrées et des sor­ties ne peut être que forte­ment négatif.

Sachant que 75 à 90% des réfugiés veu­lent rester, on voit que la crise des réfugiés pèsera non seule­ment lour­de­ment mais encore durable­ment sur les comptes soci­aux en charge nette, et par con­séquent sur les impôts et les charges de la classe moyenne et des entre­pris­es, surtout des PME-PMI. Et ce durable­ment, d’autant que les précé­dentes études ont aus­si mon­tré que les pop­u­la­tions d’origine musul­mane restaient en panne de qual­i­fi­ca­tion sur plusieurs généra­tions, pour des raisons claire­ment culturelles.

Un coup dur pour la com­péti­tiv­ité allemande.

Pho­to : immi­grés clan­des­tins en par­tance pour l’Alle­magne, gare de Vienne, sep­tem­bre 2015. Source : Wiki­me­dia (cc)

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