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L’Éternelle trahison des clercs

18 août 2017

Temps de lecture : 13 minutes
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L’Éternelle trahison des clercs

Temps de lecture : 13 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 06/02/2017]

L’Éternelle trahison des clercs (ou L’Histoire mondiale de la France dans les médias)

En cette rentrée 2017, à quelques mois d’élections présidentielles qui s’annoncent pour l’heure comme une déroute historique de la gauche française, cette dernière livre une charge idéologique tout à fait retentissante avec la publication de L’Histoire mondiale de la France (Seuil), sous la direction de Patrick Boucheron, professeur au Collège de France. Bénéficiant d’une couverture médiatique inouïe, cette manœuvre de propagande rigoureusement orchestrée révèle comme jamais l’alliance tacite entre les élites universitaires, politiques et médiatiques du pays en vue d’enterrer ledit pays, non sans en avoir piétiné l’héritage.

La fin de la dom­i­na­tion cul­turelle de la gauche, le mou­ve­ment pro­fondé­ment « dex­tr­o­gyre » des opin­ions occi­den­tales, tout cela appar­tient désor­mais à l’ordre du con­stat rat­i­fié par les intel­lectuels médi­a­tiques et les jour­nal­istes de gauche, lesquels admet­tent par là que tout en ayant per­du leur mag­istère, ils con­ser­vent néan­moins leurs postes. Un para­doxe qu’on imag­ine rel­a­tive­ment anx­iogène, et qui doit par­ticiper à mobilis­er ain­si les forces dans une ten­ta­tive dés­espérée de repren­dre la main. La con­nex­ion entre poli­tiques, intel­lectuels et jour­nal­istes est spé­ciale­ment ténue après une ère qui fut car­ac­térisée par le tri­om­phe de 68 comme révo­lu­tion cul­turelle glob­ale, ère qui atteint aujourd’hui son cré­pus­cule. Aus­si, on voit ces dif­férentes caté­gories de per­son­nes réu­nir leurs moyens dans une con­so­nance assez extra­or­di­naire, ce qui prou­ve la puis­sance de feu sym­bol­ique dont elles dis­posent encore. Les élec­tions à venir lais­sant prédire, en tout cas pour le moment, un désaveu cinglant de la gauche poli­tique offi­cielle, et alors que les séismes suc­ces­sifs du Brex­it et de l’élection de Trump à la prési­dence des Etats-Unis ont enchainé leurs sec­ouss­es à quelques mois d’intervalle, 122 uni­ver­si­taires, sous la houlette d’un pro­fesseur au Col­lège de France, ont col­laboré au façon­nage d’un mon­u­ment de pro­pa­gande anti­na­tion­al, con­tenu dont la dif­fu­sion a été ensuite assurée par une espèce de ligue de la plu­part des médias offi­ciels, assur­ant au pen­sum d’auteurs à peu près incon­nus un écho toni­tru­ant, lequel est envis­agé comme une réplique mas­sive en pleine débâ­cle, et vise en pre­mier lieu à détru­ire l’influence des Zem­mour, Finkielkraut et autres Patrick Buis­son, ren­dus respon­s­ables de l’angoisse de tout un peu­ple devant son déclasse­ment, voire sa dis­pari­tion possible.

Crise identitaire

Après quar­ante ans d’une poli­tique migra­toire sui­cidaire et d’intoxication idéologique expi­a­toire en quoi s’est recon­ver­ti l’échec des fan­tasmes de révo­lu­tion mon­di­ale d’abord dif­fusés par la gauche, une grave crise iden­ti­taire a ébran­lé peu à peu l’un des plus vieux peu­ples d’Europe. Ce pro­fond désar­roi offrit d’immenses suc­cès de librairie à ceux capa­bles de le for­muler (Zem­mour, Vil­liers, Buis­son, Finkielkraut) – et non l’inverse, comme le pré­ten­dent ces intel­lectuels de gauche méprisant le peu­ple au point qu’ils imag­i­nent son désar­roi com­plète­ment arti­fi­ciel et inoculé par un poi­son extérieur dont ne saurait le garder la faib­lesse de son intel­li­gence… Se voy­ant à juste titre dépos­sédé de sa mémoire, de son hon­neur comme d’une par­tie de ses ter­ri­toires peu à peu « hal­lal­isés », une part impor­tante de ce peu­ple éprou­va le besoin de se res­saisir de lui-même, de son iden­tité, de son his­toire. Très con­crète­ment, ce phénomène se man­i­fes­ta, out­re l’audience accordée aux intel­lectuels sus­men­tion­nés, par un regain d’intérêt très pronon­cé pour l’Histoire nationale, et se traduisit par le suc­cès de nom­breuses émis­sions et de plusieurs ouvrages, recon­nec­tant ce peu­ple avec son « roman nation­al », qu’ils soient pro­posés par Lorant Deutsch, Franck Fer­rand, Stéphane Bern ou Max Gallo.

L’Histoire comme enjeu politique

Evidem­ment, l’Histoire est un enjeu poli­tique de pre­mier ordre, et toutes les idéolo­gies ten­tent de l’exploiter dans un sens qui les jus­ti­fie. Mais la sit­u­a­tion actuelle du pays pousse à une bataille par­ti­c­ulière­ment acharnée sur ce thème, comme l’OJIM l’avait déjà analysé au sujet de Lorant Deutsch, et essen­tielle­ment dans le champ médi­a­tique où le thème est plébisc­ité par les spec­ta­teurs et tenu pour sus­pect par les idéo­logues. L’argument essen­tiel de ces derniers est tou­jours de dénon­cer l’artifice que con­stituerait l’Histoire racon­tée comme un « roman nation­al », c’est-à-dire selon une cohérence fab­riquée et rétro­spec­tive. Cet argu­ment est éminem­ment spé­cieux. D’abord, parce que ceux qui l’exploitent ne dénon­cent jamais le « roman social­iste » ou le « roman mul­ti­cul­tur­al­iste », selon lesquels la France nivelée, dépres­sive, déclassée et atom­isée d’aujourd’hui est infin­i­ment plus souhaitable que celle d’hier ; ensuite parce que cette néces­sité d’un « roman nation­al » n’est pas à met­tre sur le même plan que celle de l’exactitude sci­en­tifique, au demeu­rant per­pétuelle­ment con­testable. En effet, il s’agit là de psy­cholo­gie d’un corps col­lec­tif, de sa cohé­sion, de sa struc­tura­tion. Qu’importe que les réc­its de soi par lesquels un indi­vidu se struc­ture psy­chologique­ment soient stricte­ment exacts, et ils ne le sont sans doute jamais, mais ces réc­its, du moment qu’ils ne sont pas pure­ment imag­i­naires, rem­plis­sent bien une fonc­tion car­di­nale, et on ver­rait mal un psy­chi­a­tre reprocher à un indi­vidu sain les arrange­ments avec la réal­ité qu’aura inévitable­ment opéré sa mémoire pour qu’il étab­lisse une con­science de soi équili­brée. Ce qui est val­able à l’échelle d’un indi­vidu l’est aus­si à l’échelle d’une con­science collective.

Droite Buisson et Gauche Boucheron

Cette néces­sité de res­sai­sisse­ment de la mémoire col­lec­tive, un homme l’avait sen­ti et avait su l’exploiter : Patrick Buis­son. His­to­rien et, juste­ment, patron de la chaîne His­toire, il mit ses analy­ses, sa cul­ture et le roman nation­al, au ser­vice de la cam­pagne vic­to­rieuse de Nico­las Sarkozy en 2007. Ce dernier ten­ta d’user du même levi­er lors des pri­maires de la droite, en sep­tem­bre dernier, avec sa déc­la­ra­tion sur les ancêtres gaulois que devrait adopter tout citoyen français, ce qui scan­dal­isa comme il se doit la classe médi­a­tique, mais ne suf­fit pas à lui ral­li­er un élec­torat déçu, d’autant que l’ancien prési­dent avait été poli­tique­ment mitrail­lé par le suc­cès du livre du même Buis­son (La Cause du peu­ple, Per­rin, 2016). La manœu­vre idéologique de la gauche Boucheron, face à la droite Buis­son, con­siste donc à désamorcer le levi­er extrême­ment puis­sant dont celle-ci dis­pose : le besoin, pour un organ­isme col­lec­tif en pleine dépres­sion, de se res­saisir de son réc­it per­son­nel his­torique, de son iden­tité longue, afin de sur­mon­ter cette dépres­sion. Seule stratégie effi­cace face à un mécan­isme de survie aus­si red­outable : dis­soudre cette iden­tité. C’est donc ce à quoi vont s’employer cette cen­taine d’universitaires bien dressés et la plu­part des médias français offrant avec une extra­or­di­naire générosité leurs colonnes, leurs créneaux, leurs micros pour max­imiser l’impact de la réplique, quelques mois avant l’élection du suc­cesseur de François Hollande.

L’Argument scientifique

Bien sûr, le batail­lon idéologique avance à demi cam­ou­flé, et insiste en pre­mier lieu sur la pré­ten­due sci­en­tificité de son approche. Dans l’émission « La Grande Librairie » du 19 jan­vi­er, sur laque­lle nous revien­drons, face à Michel Onfray, Boucheron argue d’une « ambi­tion d’apporter un dis­cours engagé et savant. » À traduire par : « de gauche et cas­tra­teur ». Cette ten­ta­tive d’intimidation de l’adversaire n’échappe pas au rhé­teur Onfray qui réplique : « Ce n’est pas sci­en­tificité con­tre sci­en­tificité, mais option idéologique con­tre option idéologique. » Pour­tant, dans L’Humanité du 5 jan­vi­er, Boucheron affiche son ambi­tion sans faux-fuyants : « Le défi qui est devant la gauche est celui de réarmer l’idée de pro­grès. On voit com­ment il a été com­pro­mis, par ceux qui le con­trari­ent, par ceux qui le cri­tiquent, et de quel prix et de quelles com­pro­mis­sions on l’a payé. Il faut réin­ven­ter une manière d’y croire à nou­veau et de men­er la bataille d’idées. »

Il s’agit bien de men­er une bataille, nulle­ment de rejoin­dre l’Olympe d’une His­toire pure­ment sci­en­tifique… La démarche est encore plus explicite chez Médi­a­part, le 13 jan­vi­er, quand le jour­nal­iste Joseph Con­favreux, sans être ni con­tred­it ni nuancé, résume l’ambition du livre comme devant « faire pièce à Lorant Deutsch, Stéphane Bern, Max Gal­lo, Franck Fer­rand, voire aux élu­cubra­tions d’un Michel Onfray traquant après d’autres la déca­dence de l’Occident, ou même d’un Zem­mour cher­chant les con­tours d’un “sui­cide français” depuis un quar­an­taine d’années. » Voilà au moins qui est clair.

Le Déo de la « gauche olfactive »

Élis­a­beth Lévy évo­quait avec per­ti­nence cette « gauche olfac­tive » qui préfère penser avec sa truffe qu’avec son cerveau et se con­tente de mor­dre l’adversaire en guise d’argumentation. La pub­li­ca­tion de L’Histoire mon­di­ale de la France aura vu se mul­ti­pli­er partout les mêmes métaphores pavlovi­ennes : « Les portes et les fenêtres bat­tent, lit-on car­ré­ment dans Le Monde du 11 jan­vi­er ; chaque page est une goulée d’oxygène. Une odeur française de ren­fer­mé (cer­tains ont pu dire, en leur temps, de moisi) se dis­sipe. » Chez les Inrocks, on s’extasie devant une véri­ta­ble libéra­tion, l’épopée française se trou­vant : « enfin libérée du cadre nos­tal­gique de ses grandes dates mythiques. » Est-ce si étroit que ça, la charge d’Eylau ? La geste de Jeanne d’Arc, donne-t-elle l’impression d’un quel­conque con­fine­ment ? On étouffe dans les jardins de Ver­sailles ? Qu’est-ce qui pue, au juste, dans ces deux mil­lé­naires d’une His­toire « clas­sique » à la fois extra­or­di­naire, baroque et ver­tig­ineuse ? Il faut se ren­dre à l’évidence, en réal­ité, ces épithètes mal­odor­antes n’ayant aucun sens pour qual­i­fi­er les hauts faits his­toriques du passé nation­al, car­ac­térisent en réal­ité, sub­stantielle­ment, le peu­ple français lui-même. Le peu­ple pue. Voilà ce que sug­gère la gauche olfac­tive, dont les nar­ines déli­cates récla­ment des fra­grances exo­tiques pour que soit enfin purgé cet infâme fumet français qui lui donne des haut-le-cœur.

Une nouvelle tactique

Le prob­lème sur lequel bute cette gauche olfac­tive, c’est que le peu­ple a la fâcheuse ten­dance à se com­plaire dans son odeur intrin­sèque. On lui a dit qu’il ne devait plus rien sen­tir, il a préféré sen­tir quelque chose. Il vaudrait donc mieux lui sug­gér­er de nou­veaux par­fums à aimer. Telle est la réflex­ion de Boucheron et ses sbires : la décon­struc­tion a échoué dans ses objec­tifs idéologiques. « La décon­struc­tion est un préal­able, il y a un moment où il faut s’engager dans une autre nar­ra­tion qui est égale­ment entraî­nante. », remar­que le pro­fesseur chez François Bus­nel. À la ques­tion que pose Joseph Con­favreux sur ce qui rendrait cette offen­sive idéologique plus per­for­mante que celle déjà menée par les « His­to­riens de garde » con­tre Lorant Deutsch, Boucheron répond par le con­stat que la décon­struc­tion ne marche pas, qu’il faut relancer une nar­ra­tion en exploitant notam­ment l’attractivité péd­a­gogique que représen­tent les listes de dates, puisque c’est ain­si qu’est organ­isé son livre. Non seule­ment, donc, le pro­jet du livre relève bien d’une stratégie de recon­quête idéologique, et non d’une quel­conque exi­gence sci­en­tifique supra-poli­tique, mais cette stratégie est par­faite­ment con­certée, prend acte des échecs passés, et éla­bore de nou­velles méth­odes non pour plus de vérité, mais pour plus d’impact.

Répliques

Les prin­ci­paux visés répon­dent, mais on s’étonnera tout de même que nul grand débat n’ait été organ­isé en leur présence, étant don­né l’audience qu’ils sus­ci­tent et l’espace tout à fait remar­quable que les médias auront alloué à cette antholo­gie com­posée par d’obscurs uni­ver­si­taires. Éric Zem­mour, donc, l’auteur du Sui­cide français, Alain Finkielkraut, celui de L’Identité mal­heureuse, tireront depuis leurs postes, sans qu’aucune télévi­sion n’organise un duel dont l’issue n’aurait prob­a­ble­ment pas béné­fi­cié au batail­lon Boucheron. « Dès la pre­mière date, la messe est dite: l’histoire de France com­mence… avant l’histoire de France. 34.000 ans avant J.-C. ! Dans la grotte Chau­vet, au temps de l’homme de Cro-Magnon. “Pour neu­tralis­er la ques­tion des orig­ine”, avoue sans bar­guign­er Boucheron. Une “France d’avant la France (qui) se dis­sout dans les prémices d’une human­ité métisse et migrante”». Voilà com­ment Zem­mour révèle l’objectif de la manœu­vre dans Le Figaro, le 17 jan­vi­er. Après la décon­struc­tion, la dis­so­lu­tion, c’est le même terme qu’emploie Alain Finkielkraut, dans son émis­sion « L’Esprit de l’Escalier » sur RCJ, le 15 jan­vi­er 2017 : « Mon­di­alis­er l’Histoire de France, c’est dis­soudre ce qu’elle a de spé­ci­fique, son iden­tité, son génie pro­pre, dans le grand bain – vous avez cité La Croix –, de la mix­ité, de la diver­sité, du métis­sage. Et c’est aus­si répon­dre au défi islamiste par l’affirmation de notre dette envers l’islam. De la France-patrie-lit­téraire, ce qui sur­nage dans cet ouvrage, c’est la tra­duc­tion des Mille et une nuits par Antoine Gal­land, qui a eu la mer­veilleuse audace d’ajouter au cor­pus orig­i­nal des his­toires que lui avait racon­tées un voyageur arabe venu d’Alep. Intéres­sante, instruc­tive aus­si, est l’histoire de l’invasion musul­mane à Nar­bonne, en 719, où les cul­tures, dit-on, se sont mêlées, avant que les Francs, hélas, n’arriment cette ville par la force à leur royaume. »

Régurgiter plutôt qu’assimiler

Pas de débat avec les adver­saires directe­ment désignés par Boucheron, mais un sem­blant de débat avec Onfray dans « La Grande Librairie » Onfray, un autre homme de gauche, mais qui fait mine de don­ner quelques gages à droite pour ne pas paraître totale­ment périmé, bref : il y a des lim­ites dans l’ouverture du champ. Onfray, défen­dant son pré car­ré, reprochera à Boucheron de défran­cis­er jusqu’à Descartes. Quand on lui demande de se défendre de la cri­tique de Zem­mour, Boucheron part dans une com­para­i­son biologique pour le moins para­doxale : « Nous voyons bien d’instinct (…) que les organ­ismes vivants, pour se défendre de la mort, accueil­lent évidem­ment ce qui leur est étranger pour faire du même avec l’autre. » Sauf que « faire du même avec l’autre », cela s’appelle assim­i­l­er, en biolo­gie comme en poli­tique, et donc vam­piris­er l’autre en quelque sorte, le nation­alis­er pure­ment et sim­ple­ment. Ce qui cor­re­spond à la démarche exacte­ment inverse à celle du pro­jet de Boucheron, une démarche qui con­siste non à assim­i­l­er mais à régur­giter, à recracher tout ce qui a con­sti­tué la France pour le ren­voy­er à son étrangeté ini­tiale, pré­cisé­ment, donc : à décom­pos­er le pays.

Entre deux morts

Cet étrange débat, sur la plateau de Bus­nel, aura donc pro­posé au spec­ta­teur une curieuse alter­na­tive : soit la mort avec élé­gance (Onfray), soit la dis­so­lu­tion avec entrain (Boucheron). Voilà le genre de choix que la télévi­sion publique offre au peu­ple français. D’un côté, le nar­cisse austère, lèvres pincées et lunettes sévères, vous dit que s’il con­state comme tant d’autres la déca­dence du pays, il ne faut pas pour autant regret­ter, se révolter, ten­ter de renaître, mais accepter stoïque­ment la fin et la sup­plan­ta­tion d’une civil­i­sa­tion ago­nisante par une civil­i­sa­tion en pleine san­té, la chré­ti­enne par l’islamique. De l’autre, le ravi de la crèche, avec son vis­age de patate incisée pour la bouche, vous explique qu’il n’y a rien à regret­ter puisqu’il n’y a jamais rien eu, à part quelques apports islamiques qui ne devraient, et cela tombe bien, ne faire que s’amplifier avec le temps ! Déjà, à l’époque de Jeanne d’Arc, les doc­teurs de la Sor­bonne, ral­liés au camp anglais, expli­quaient que 1000 ans représen­taient une durée de vie tout à fait remar­quable pour un roy­aume, et qu’il était bien temps de pass­er la main à la vigueur bri­tan­nique. Déjà, en 1940, les intel­lectuels ral­liés à l’Allemagne nazie invo­quaient l’Histoire impéri­ale car­olingi­en­ne de la France pour ten­ter de démon­tr­er que loin d’être envahie, la France ren­trait seule­ment chez elle, si l’on appréhendait les choses du point de vue de Charle­magne. Et puis dis­soudre la France représente finale­ment la con­clu­sion logique d’un long par­cours : comme les héros de Break­ing Bad ver­sant de l’acide dans la baig­noire où gît leur cadavre, les intel­lectuels anti-français, après quar­ante ans de trahi­son, de démoral­i­sa­tion, de décon­struc­tion, d’assassinat nation­al, ten­tent de faire dis­paraître le corps afin de dis­simuler leur crime. Si la France n’a jamais eu lieu, on ne pour­ra accuser per­son­ne de l’avoir détru­ite. Voilà, le réflexe sale, hon­teux, coupable, qui aura ani­mé incon­sciem­ment toute cette coali­tion intel­lo-médi­a­tique qu’on aura vu sévir à l’orée d’une année critique.

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