L’émission n’aura donc pas eu lieu. Jeudi, Marine Le Pen a annulé sa participation à « Des paroles et des actes » sur France 2, refusant de se rendre à ce qu’elle a qualifié de « mascarade ».
À l’origine, la présidente du Front National était l’invitée principale du rendez-vous très regardé de France 2. Mais face à la polémique déclenchée par les autres candidats aux régionales pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les conditions du débat ont changé à la dernière minute.
Estimant qu’on déroulait un tapis rouge à Marine Le Pen, ces derniers ont exigé d’être également invités sur le service public ce soir-là. De son côté, le secrétaire national du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a envoyé une lettre au président des Républicains, Nicolas Sarkozy, pour lui proposer de saisir conjointement le CSA à ce propos.
Peu après cette réclamation, le Conseil a annoncé que, « dès à présent, avant même l’entrée en vigueur de sa recommandation [liée à la période de campagne officielle], quand des personnalités fortement impliquées dans la compétition électorale sont invitées à prendre la parole sur les antennes, faisant valoir directement ou indirectement une candidature, la possibilité d’une expression contradictoire devrait être rapidement offerte aux concurrents ».
Ainsi, France 2 a décidé, au milieu de la nuit de mercredi à jeudi, de changer les règles du jeu. « Un mail adressé à mon attaché de presse à 23h40 cette nuit nous apprenait que, se soumettant aux exigences posées hier par MM. Cambadélis et Sarkozy, M. Pujadas rallongeait l’émission (déjà très longue) d’un débat sur les régionales de 45 minutes avec MM. Bertrand et de Saintignon, excluant d’ailleurs sans raison les autres candidats à cette élection », a commenté Marine Le Pen dans un communiqué.
Malgré cette « méthode cavalière et méprisante », la présidente du Front National avait tout de même accepté de se rendre à l’émission, mais à la condition que « ce débat régional se substitue au débat politique déjà prévu avec les représentants de l’UDI et du PS ». Une proposition rejetée par David Pujadas. « La proposition est sur la table, il n’y en aura pas d’autre », a‑t-il fait savoir, entraînant aussitôt la décision de Marine Le Pen de ne plus participer à cette émission.
« Avec une arrogance inouïe, M. Pujadas a cru pouvoir, pour la deuxième fois, me mettre devant le fait accompli, ce qu’il a admis lui-même ne jamais faire pour les autres responsables politiques », a‑t-elle commenté. « Parce que je représente des millions d’électeurs français qui ont droit à la considération et au respect du service public, à moi, M. Pujadas, on n’impose rien. Surtout quand ces changements de dernière minute visent à obéir aux caprices du système UMPS, système qui n’a pourtant pas à se plaindre, trustant déjà près de 95% du temps d’antenne politique dans le pays », a ajouté la présidente frontiste, donnée en tête dans la région Nord-Pas de Calais-Picardie.
Finalement, l’émission n’aura donc pas eu lieu du tout, déprogrammée par le directeur de l’information de France Télévisions, Pascal Golomer. « Nous sommes obligés d’annuler faute de combattant, ou plutôt faute de combattante », a pour sa part justifié David Pujadas sur Europe 1. Mais pour Marine Le Pen, le présentateur s’est tout simplement « soumis aux exigences posées par MM. Cambadélis et Sarkozy » et a brillé par son « amateurisme et (sa) servilité ».