Première diffusion le 3 février 2023
Il y eut les Wikileaks en 2010, par lesquels Julian Assange a pu révéler les turpitudes des autorités américaines, les Macronleaks en 2017 lorsque vingt mille courriers électroniques liés à la campagne devinrent publics, puis les Panama Papers etc. Il y a maintenant les Drahileaks.
Patrick Drahi and Mister Hacker
C’est une affaire de fuites de documents, un évènement devenu banal à l’heure du numérique. Courant août 2022 un groupe de hackers (peut-être russes) et avec un pur objectif de chantage financier, réussit à faire fuiter des milliers de documents piratés venant du groupe Altice de Patrick Drahi. Ces documents sont alors disponibles en ligne, mais comment les exploiter ?
Reflets se met à la tâche
Le premier à s’y intéresser est le site reflets.info et publie dès septembre une série d’articles sur les petites affaires du sieur Drahi.
Halte-là ! Les avocats de Drahi interviennent et attaquent le média au titre du secret des affaires. Parmi les informations autrefois privées devenues publiques figurent de nombreuses données sur le patrimoine de la famille Drahi : œuvres d’art, immobilier, gestion des family offices, mécanismes d’optimisation fiscale etc.
Les avocats de Drahi saisissent le tribunal de commerce et obtiennent pour un temps l’interdiction d’utiliser les documents autres que ceux déjà utilisés, une censure préalable. Le journal fait appel et le 19 janvier 2023 la cour d’appel de Versailles infirme le jugement d’octobre du tribunal de commerce, rendant exploitables les données devenues publiques.
Une liste à la Prévert
Depuis d’autres médias se sont lancés dans l’exploitation dont Blast (on en pense plutôt du bien) et StreetPress (on en pense beaucoup de mal). Parmi les révélations et en vrac :
- Les vingt-sept (27 !) passeports de la famille Drahi entre France, Israël, Suisse, Portugal, Maroc et même le très exotique Saint-Kitts-et-Nevis aux Caraïbes. Liste non exhaustive.
- Les astuces fiscales pour renflouer Libération, nous avons publié un article que vous trouverez ici.
- Les propriétés familiales à New-York, Genève, Zermatt, Tel Aviv, on en oublie sans doute.
- Le choix de Zermatt comme résidence fiscale, les autorités genevoises le contestent et réclament plus de 7 milliards de francs suisses.
- Les gentilles générosités pour Bernard Henri Lévy et les frères Jacques et Bernard Attali.
- Les moyens de transport de la famille entre jet privé (un Bombardier 7500, le plus gros sur le marché) et yacht (le Quite Essential, semble-t-il revendu depuis).
Bref Patrick Drahi qui aime la discrétion et qui n’a pas le sens de l’humour pour nous avoir menacé de ses avocats pour un innocent poisson d’avril se trouve sous les projecteurs, une situation qui ne lui plaît guère. Aurait-il quelque chose à cacher ?
Voir aussi : Patrick Drahi, infographie