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Droits de diffusion du football : DAZN menace de rompre son contrat avec la LFP, un divorce annoncé ?

7 avril 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Droits de diffusion du football : DAZN menace de rompre son contrat avec la LFP, un divorce annoncé ?

Temps de lecture : 4 minutes

DAZN, dif­fuseur prin­ci­pal de la Ligue 1 de foot­ball, envis­agerait de met­tre fin à son con­trat avec la LFP dès la fin de la sai­son, lassé par des dis­cus­sions stériles et un manque de coopéra­tion des clubs. Une rup­ture qui pour­rait plonger le foot­ball français dans une crise majeure.

Droits télévision et gros sous

L’été 2024 avait mar­qué un tour­nant pour les droits TV de la Ligue 1. Après l’échec reten­tis­sant de Medi­apro, inca­pable d’honorer ses engage­ments financiers, la Ligue de Foot­ball Pro­fes­sion­nel (LFP) s’était tournée vers un duo inédit : DAZN et beIN Sports. La plate­forme bri­tan­nique, ambitieuse et en quête d’expansion sur le marché français, s’était vu con­fi­er la dif­fu­sion de huit des neuf matchs par journée pour 400 mil­lions d’euros par sai­son, tan­dis que beIN Sports récupérait le match restant pour 100 mil­lions. Un con­trat sur cinq ans, avec une clause de sor­tie pos­si­ble après deux saisons, sem­blait offrir une sta­bil­ité bien­v­enue. Pour­tant, moins d’un an plus tard, ce parte­nar­i­at vac­ille dangereusement.

Le faux départ de l’écurie britannique

Dès le départ, le choix de DAZN avait divisé. Lors d’une réu­nion explo­sive le 14 juil­let 2024, cer­tains prési­dents de clubs, comme Joseph Oughourlian (RC de Lens) et John Tex­tor (Olympique Lyon­nais), avaient prédit un fias­co, cri­ti­quant un mod­èle économique jugé irréal­iste avec l’objectif très auda­cieux de 1,5 mil­lion d’abonnés visés d’ici fin 2025 et un prix d’abonnement trop élevé : 39,99 € par mois sans engage­ment. Face à eux, Nass­er Al-Khe­laï­fi, prési­dent qatarien du PSG et influ­ent via beIN, chaîne qatari, avait imposé sa vision, bal­ayant les réti­cences. Le deal fut scel­lé, mais les pre­mières fis­sures sont apparues rapi­de­ment. Des défauts tech­niques avec des retrans­mis­sions pas à la hau­teur mais égale­ment la dif­fi­culté à séduire des abon­nés. Avec seule­ment 600 000 abon­nés en avril 2025, DAZN est loin de ses objec­tifs, et les ten­sions avec la LFP n’ont cessé de croître.

Des difficultés en cascade pour DAZN

Le dif­fuseur bri­tan­nique n’a pas caché sa frus­tra­tion. En févri­er 2025, il ne ver­sait que la moitié de son échéance de 35 mil­lions d’euros, met­tant sous séquestre le reste pour forcer une réac­tion. DAZN reproche aux clubs de ne pas respecter un plan d’action visant à val­oris­er le pro­duit : accès lim­ité aux joueurs stars, refus de tour­nages exclusifs, et une lutte insuff­isante con­tre le piratage. En effet, face au prix démen­tiel de l’abonnement, de nom­breux pas­sion­nés de foot­ball se sont tournés vers le stream­ing illé­gal. Une étude Ipsos citée par RMC Sport estime ain­si que 37% des per­son­nes ayant regardé de la Ligue 1 en 2024–2025 l’ont fait de manière illégale.

Une médi­a­tion, entamée le 28 févri­er a apaisé les échanges sans résoudre les dif­férends de fond. DAZN pro­pose désor­mais une répar­ti­tion des paiements en deux parts : une part fixe et une part vari­able liée aux engage­ments des clubs, mais la LFP peine à faire pli­er ces derniers.

Les prési­dents de Ligue 1, eux, sont divisés. Lors d’une visio­con­férence ten­due le 14 févri­er, Walde­mar Kita (FC Nantes) dénonçait un « sui­cide col­lec­tif », tan­dis que Joseph Oughourlian fustigeait une « bêtise col­lec­tive » et un « désas­tre » imputable à une « gou­ver­nance défail­lante ». Jean-Michel Roussier (Le Havre) qual­i­fi­ait le pro­duit DAZN de « daube », reflé­tant un mécon­tente­ment général­isé. Ces dis­sen­sions internes com­pliquent toute ten­ta­tive de réponse unifiée face à la crise.

Une rupture imminente ?

Selon RMC Sport, DAZN envis­agerait désor­mais de cla­quer la porte dès la fin de la sai­son, après les bar­rages de mai 2025, sans atten­dre la clause de sor­tie de décem­bre. Une men­ace trans­mise à la LFP, qui y voit une pos­ture de négo­ci­a­tion mais promet des sanc­tions plus dures con­tre les clubs récal­ci­trants. Peu con­va­in­cus, les dirigeants de DAZN, pes­simistes, pour­raient aus­si retenir une par­tie des 70 mil­lions d’euros dus au 30 avril si leurs exi­gences ne sont pas sat­is­faites. Une telle rup­ture ouvri­rait un nou­veau front judi­ci­aire, à moins d’un improb­a­ble accord amiable.

Côté LFP, les options sont lim­itées. Une clause con­tractuelle bloque toute dis­cus­sion avec d’autres dif­fuseurs, bien que DAZN soit prêt à la lever con­tre une con­trepar­tie. L’idée d’une chaîne interne refait sur­face, portée par Oughourlian, mais sa mise en œuvre reste incer­taine face aux divi­sions per­sis­tantes. À quelques semaines de la fin du cham­pi­onnat, le foot­ball français joue gros : une crise finan­cière guette, et le spec­tre d’un pro­duit déval­orisé plane pour les années à venir. De nom­breux clubs déjà dans une sit­u­a­tion finan­cière très préoc­cu­pante pour­raient voir leur avenir menacé.

Sur le jour­nal­isme sportif, voir aus­si : L’Équipe : avis de gros temps pour le groupe Amaury

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