Alors que Facebook va accorder une aumône de 25M€ à l’ensemble de la presse française et sans que l’on en connaisse la répartition, l’AFP tend sa sébile à Google pour quelques miettes.
Des négociations qui remontent à 2019
C’est en septembre 2019 que la France a transcrit le droit européen dans son propre droit. Depuis cette date l’AFP essaie – tant à Paris qu’à Bruxelles – de faire payer quelque chose au californien. Ce dernier refusait estimant que rémunérer les agences de presse pour leur contenu serait une rémunération double, les agences étant déjà rémunérées par les médias qui achètent les dépêches.
L’AFP et l’alliance de la presse d’information générale (PQN, PQR et hebdos régionaux) en compagnie du SEPM (syndicat de la presse magazine) avaient alors saisi par deux fois l’autorité de la concurrence. Celle- ci sous la direction de son ancienne présidente Isabelle de Silva (partie depuis) avait infligé une amende de 500M€ à Google pour absence de bonne foi dans la négociation. Ces 500M€ s’ajoutaient aux 220M€ pour abus de position dominante dans le segment de la publicité digitale. Google a fait appel dans les deux cas.
Un accord obscur entouré de mystère
Si Sébastien Missoffe, directeur général de Google France s’est félicité de l’accord, ceux qui voudraient en connaître la teneur en seront pour leurs frais. Ni le montant de la rémunération, ni son mode de calcul et de versement ne seront connus, couverts par un accord de confidentialité.
Tout au plus saura t’on qu’un « accord de partenariat dans l’investigation numérique » fait partie du contrat, signé pour 5 ans à l’échelle européenne. Et Google « pourrait » (admirez le conditionnel) financer la formation d’une partie des journalistes de l’agence au « fact checking ». On comprend que Sébastien Missoffe se soit réjoui « de contribuer à une information de qualité dans les rédactions françaises ». Le président de l’agence s’est déclaré lui aussi heureux de cet accord. Il y aurait de quoi écrire un conte dans le style de La Fontaine, avec comme titre le gros californien et le petit français, devinez qui roule qui dans l’histoire.