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D’un reportage de « Pièces à conviction » au RSA pour les jeunes migrants…

9 février 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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D’un reportage de « Pièces à conviction » au RSA pour les jeunes migrants…

Temps de lecture : 6 minutes

Quel rapport y a‑t-il entre l’émission « Pièces à conviction » et la mise en place d’une allocation de 500 euros pour les jeunes migrants ? À priori aucun. Pourtant, cette émission n’est pas étrangère à l’annonce par le secrétaire d’État à la protection de l’enfance d’une allocation pour les jeunes majeurs pris en charge par les services sociaux des départements. 

Entre la dif­fu­sion en jan­vi­er 2019 d’un reportage sur les enfants placés lors de l’émission « Pièces à con­vic­tion » et l’annonce deux années plus tard par le secré­taire d’État à la pro­tec­tion de l’enfance de mesures en faveur des jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), beau­coup de choses se sont passées. Un rap­pel de la chronolo­gie des événe­ments per­met d’en com­pren­dre les derniers rebondissements.

Première émission de « Pièces à conviction » sur les enfants placés en foyer

En jan­vi­er 2019, la chaine France 3 a con­sacré un reportage du mag­a­zine « Pièces à con­vic­tion » sur les mau­vais­es con­di­tions de vie de cer­tains enfants placés dans des foy­ers. Comme le soulig­nait le jour­nal Le Monde à l’époque, les images mon­traient « des enfants mal­traités, humil­iées ou vio­lés ». Et la suite du par­cours de vie de cer­tains jeunes placés en foy­er n’est pas réjouis­sante : «  Un SDF sur qua­tre est un ancien enfant placé », témoigne l’auteur d’un livre sur le sujet. Le reportage a eu un grand reten­tisse­ment dans l’opinion publique. Ses images ont selon France inter « sec­oué jusqu‘au som­met de l’État ».

Des missions d’enquête pour étayer les constats

Hasard ou suite logique, dans les mois suiv­ants la dif­fu­sion du reportage, deux corps de con­trôle admin­is­trat­ifs ont mené une enquête sur les jeunes pris en charge par les ser­vices soci­aux des départements :

- En jan­vi­er 2020, la Cour des comptes menait une enquête sur la pro­tec­tion de l’enfance qui l’a amené à con­trôler plus de 75 struc­tures. Ses con­clu­sions sont con­signées dans un rap­port pub­lié en novem­bre 2020 sous-titré sans ambiguïté « une poli­tique inadap­tée au temps de l’enfant ».

La Gazette des com­munes résume le 1er décem­bre 2020 le con­stat de la Cour des comptes : « Mal pilotée, trop com­plexe, trop lente, les griefs sont nom­breux ».

- À la même péri­ode, l’Inspection Générale des Affaires Sociales était mis­sion­née pour réalis­er un « état des lieux des accueils de mineurs pro­tégés dans des étab­lisse­ments et struc­tures non autorisés ou habil­ités au titre de l’aide sociale à l’enfance». A la suite de son enquête, l’IGAS a fait dans un rap­port paru égale­ment en novem­bre 2020 plusieurs pré­con­i­sa­tions pour amélior­er le sort de cer­tains jeunes pris en charge par les ser­vices soci­aux mais par­fois lais­sés à eux-mêmes.

Le secré­taire d’État à la pro­tec­tion de l’enfance a rapi­de­ment réa­gi à ce rap­port et fait savoir qu’il allait pren­dre des déci­sions à ce sujet. Dans un com­mu­niqué de presse du 25 jan­vi­er, s’appuyant notam­ment sur le con­stat de l’hébergement à l’hôtel de 7 500 à 10 000 mineurs non accom­pa­g­nés, il annonçait « très prochaine­ment des déci­sions pour met­tre fin à cette sit­u­a­tion qui com­pro­met le bien-être des enfants con­cernés ».

Deuxième émission de « Pièces à conviction » sur les enfants placés en foyer

Le 27 jan­vi­er 2021, l’émission « Pièces à con­vic­tion » a con­sacré un nou­veau reportage aux enfants placés, sobre­ment inti­t­ulé « les sac­ri­fiés de la République ». Les jour­nal­istes ont invité pour l’occasion le secré­taire d’État à la pro­tec­tion de l’enfance lors d’un débat. Il y a annon­cé notam­ment l’interdiction du place­ment des « enfants » en hôtel et « l’ac­com­pa­g­ne­ment de tous (les jeunes majeurs issus de l’ASE NDLR) vers l’emploi ou la for­ma­tion et une allo­ca­tion de 500€ par mois ».

La chaine d’information en con­tinu France Info a con­sacré un arti­cle le 27 jan­vi­er aux déc­la­ra­tions du secré­taire d’État. La radio affil­iée à l’État français n’a fait que repro­duire les pro­pos du ministre :

« “Entre 7 000 et 10 000 de ces enfants” sont aujour­d’hui placés en hôtels, selon Adrien Taquet ».

Le secré­taire d’État s’est bien gardé de pré­cis­er l’un des con­stats de l’Inspection Générale des Affaires Sociales dans son rapport :

« 95%des mineurs hébergés à l’hôtel seraient des Mineurs Non Accom­pa­g­nés et 28%des MNA admis à l’Aide Sociale à l’Enfance seraient pris en charge à l’hôtel ».

Pour les non-ini­tiés, les Mineurs Non Accom­pa­g­nés, ce sont les jeunes extra-Européens, très sou­vent majeurs, qui arrivent en France par dizaine de mil­liers par an, comme le soulig­nait le Figaro en sep­tem­bre 2020, pour béné­fici­er d’une prise en charge inté­grale par les ser­vices soci­aux des départements.

Autre infor­ma­tion que ne relèvent ni France Info ni le secré­taire d’État : en prévoy­ant dans une loi qui devrait être adop­tée prochaine­ment une allo­ca­tion de 500 euros par mois, le gou­verne­ment institue sans le dire un RSA non seule­ment pour les jeunes Français sor­tis de l’ASE, mais aus­si pour tous les jeunes migrants passés par l’ASE venus dans notre pays béné­fici­er des largess­es de son généreux sys­tème social.

Cela fait réa­gir sur Twit­ter Ane Dufer­ret :

Autre point passé sous silence : l’obligation qui sera faite aux ser­vices soci­aux des départe­ments de ne plus héberg­er à l’hôtel ( !) les jeunes extra-Européens mais en struc­ture adap­tée va dou­bler la note. Le coût uni­taire moyen de l’hôtel, inclu­ant l’hébergement et l’accompagnement, est selon le rap­port de l’IGAS de 77 euros, soit un peu moins de la moitié du prix de journée moyen observé en mai­son d’enfants à car­ac­tère social. Un épiphénomène sans doute… ?

Les projecteurs braqués sur l’aide sociale à l’enfance : une indignation sélective ?

Si le 4ème pou­voir, celui des médias, a pu avoir un rôle dans les mesures annon­cées par le secré­taire d’État à la pro­tec­tion de l’enfance, on peut s’étonner que les pro­jecteurs n’aient pas été braqués sur l’explosion du coût de l’accueil des jeunes extra-Européens appelés Mineurs Non Accom­pa­g­nés qui se pressent aux guichets de l’Aide sociale à l’enfance des départe­ments. Il y a pour­tant de la matière en cette péri­ode de suren­det­te­ment de l’État français : la prise en charge de chaque jeune s’élève à près de 50 000 euros par an, soit comme le soulig­nait récem­ment Valeurs actuelles un coût de 2 mil­liards d’euros par an pour les départe­ments aux­quels il faut ajouter la par­tic­i­pa­tion finan­cière de l’État.

Autre scan­dale qui ne fait pas l’objet d’un tra­vail d’investigation appro­fon­di, l’effet d’éviction  créé par l’afflux des MNA. Le Prési­dent du départe­ment du Nord affir­mait dès 2017 au micro de RMC ne plus avoir les moyens d’accueillir de jeunes nordistes « car pri­or­ité est don­née aux mineurs non accom­pa­g­nés étrangers (…) qui arrivent à rai­son de 100 par semaine ».

Quant à l’impact sur l’immigration clan­des­tine de l’instauration d’’une nou­velle allo­ca­tion dont pour­ront béné­fici­er les jeunes migrants, ren­dez-vous dans quelques mois. Un reportage y sera-t-il consacré ?

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