Créée en 1990, l’École de journalisme de Toulouse (EJT) est un établissement français privé d’enseignement supérieur au statut d’association à but non lucratif régi par la loi du 1er juillet 1901. Elle a été reconnue par la profession en 2001 et par l’État en 2012. L’école forme ses étudiants au métier de journaliste dans la presse quotidienne régionale et nationale, dans les périodiques et les médias audio-visuels et web.
Un cursus sur trois ans
Le cursus se déroule sur trois années, ce qui la distingue de la plupart de ses concurrentes qui proposent des formations en deux ans. Située rue de la Fonderie, dans le centre de Toulouse, l’EJT loue ses locaux à l’Institut Catholique mais est totalement indépendante de cette institution.
L’entrée en « filière classique » (formation initiale) s’effectue par un concours ouvert aux étudiants titulaires au minimum d’un diplôme de niveau Bac+2 ou d’un bac avec expérience professionnelle (CDI de 2 ans au minimum). Les frais de scolarité en première et deuxième année sont de 4 250 euros et sont réduits à 3 000 euros la troisième année.
Parmi les anciens élèves, on peut citer Tania Young, animatrice à France 2, Alexandre Ruiz, journaliste sportif, Myriam Bounafaa, journaliste à France Info, ou encore Dimitri Pavlenko, présentateur de la matinale d’Europe 1 où officie également l’humoriste iconoclaste Gaspard Proust.
La « diversité » toujours proclamée
Comme la plupart de ses consœurs, l’EJT revendique la sacro-sainte « diversité » des profils de ses étudiants, rejetant les accusations de « formatage » souvent (légitimement) portées contre ces établissements. « Formation ne signifie pas formatage ! » s’exclame Pierre Ginabat1, son directeur, sur le site internet de l’école, affirmant qu’il ne s’agit pas d’imposer un « moule » aux étudiants mais de leurs offrir « un socle de règles élémentaires » pour qu’ensuite ils puissent exercer leur métier en toute indépendance et, bien sûr, en se défiant de la « désinformation » qui n’est cependant pas définie. « C’est comme cela que peut fonctionner la démocratie, et c’est l’exact contraire de la pensée unique, imposée par les minorités agissantes aux majorités silencieuses et par les forts aux faibles, qui est la caractéristique des dictatures. » proclame également avec emphase et gravité le directeur.
La « diversité » est donc une véritable « passion » à l’EJT où « tout le monde a sa place, quelque soit son parcours » à condition de partager les « valeurs » de l’établissement qui sont : « Honnêteté, curiosité, rigueur, enthousiasme, passion pour l’actualité et le journalisme ». À l’EJT, qu’on se se dise, on considère que « l’humain est une valeur fondamentale » contrairement sans doute à d’autres structures où la passion de l’inhumain prédomine.
De bien belles professions de foi toutefois quelque peu malmenées dans la réalité si l’on en croit certains anciens étudiants.
La religion catholique exclue des enseignements ?
Ainsi Marc, qui a fréquenté l’école au cours des années 2010, nous explique que s’il n’a jamais ressenti de pression idéologique « explicite », il a néanmoins très rapidement compris qu’il était plus prudent de cacher sa foi catholique et de ne pas exprimer d’opinions politiques « droitières ». Une impression confirmée par les sessions de formation « Religions » où des présentations de plusieurs heures ont été consacrées à l’Islam et au Judaïsme mais aucune au Catholicisme, qui reste pourtant, officiellement tout du moins, la religion majoritaire en France. Une absence dont l’étrangeté s’avérera renforcée par le caractère « orienté » de ces enseignements.
« Honnêtement, le cours ressemblait plus à une leçon de promotion de l’Islam qu’à autre chose. La professeure faisait par exemple l’apologie du voile islamique, de manière absolument partisane, et avait défendu corps et âme Émilie König2» explique notamment Marc en précisant que cette présentation avait suscité des « débats » avec des élèves quelque peu interloqués, bien que fort peu soupçonnables « d’islamophobie ».
Qui plus est, dans le cadre de ce cours, les élèves avaient été amenés à rencontrer l’imam Abdelfattah Rahhaoui qui leur avait exposé sa vision de l’Islam et de la société pendant plus d’une heure, sans contradiction. L’imam Rahhaoui est pourtant un homme pour le moins controversé, ayant notamment été condamné en 2016 à quatre mois de prison avec sursis pour enseignement non-conforme au sein de son école musulmane hors contrat Al Badr (avant d’être relaxé en appel en 2018). « Il avait notamment critiqué la laïcité avec virulence, et en particulier Manuel Valls » se souvient Marc qui avait alors tenté de rappeler l’exigence de neutralité avant d’être interrompu par la professeure, sans être soutenu par ses camarades.
Des étudiants « divers », mais tous de gauche !
Si le pluralisme des « profils » et des « parcours » est promu jusqu’à la passion, celui des convictions politiques et des orientations idéologiques semble par contre, une fois encore, totalement absent. Ainsi, selon Marc, sur les 36 membres de sa promotion, 34 s’affirmaient clairement de gauche, les deux derniers restant prudemment évasifs sur leurs convictions pour ne pas risquer de nuire à leurs études. Dans un tel contexte, tous les journaux considérés comme de droite – même le très libéral et modéré Figaro – étaient exclus de l’univers de l’école, les étudiants ne jurant que par la presse de gauche et d’extrême gauche, tendance Rue89 et Mediapart.
Fort naturellement, suite au rachat, en 2016, d’i>Télé par le groupe Canal+ dirigé par Vincent Bolloré, et sa transformation en Cnews, les étudiants s’étaient unanimement mobilisés contre ce qui ne pouvait être qu’une intolérable atteinte à la « liberté journalistique », celle-ci se confondant dans leur esprit avec l’hégémonie sans partage ni contestation de l’idéologie libérale-libertaire.
Avec une telle formation et de telles œillères idéologiques, nul doute que les élèves de l’EJT aient de grandes chances de décrocher un stage ou un poste à la très bien-pensante Dépêche du midi, le grand quotidien régional aux mains de la famille Baylet.
Notes
1 Pierre Ginabat, ancien directeur administratif et financier du quotidien L’Indépendant, fondateur en 2014 de L’Écho du Roussillon dont la durée de vie ne sera que de 7 mois.
2 Émilie König, française convertie à l’islam, membre de l’État islamique, arrêtée en Syrie en 2017 puis rapatriée en France en 2022 et mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».