Créée en 1968, l’École publique de journalisme de Tours (EPJT) a été reconnue par la profession en 1981. Son cursus de formation a évolué au cours du temps, passant d’un enseignement de niveau post-bac (DUT puis licence professionnelle) à un diplôme de master rattaché à l’UFR Lettres et Langues de l’université de Tours. Les enseignements continuent néanmoins d’être dispensés au sein de l’IUT de Tours Nord et l’école se targue d’être l’une des plus accessibles de ce niveau, dans la mesure où l’écolage ne dépasse pas les droits de scolarité universitaire (243 € par an pour un non boursier).
Première diffusion le 22 février 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
Soutien des Assises du journalisme
Les formations de l’EPJT bénéficient par ailleurs d’un double label, celui du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et celui de la Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ). Les 36 élèves de chaque promotion profitent également des liens privilégiés de l’école avec les « Assises internationales du journalisme de Tours », un événement national qui rassemble chaque année, en mars, l’ensemble des acteurs de la profession dans la capitale tourangelle. Comme toutes ses consœurs, l’école affirme mettre l’accent sur « l’éthique et la déontologie propres à l’exercice journalistique ».
Voir aussi : Assises du journalisme de Tours, maltraitance médiatique des quartiers populaires : clichés et clichés au carré
Un « pluralisme » qui ne saute pas aux yeux…
L’école met également en avant son attachement à une « information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste ». La réalité de ce dernier point n’apparaît pourtant pas de façon très évidente, notamment au regard des professionnels intervenant dans le cursus de formation et qui proviennent tous de médias « mainstream » classés à gauche. On pourra citer notamment Raphaëlle Aubert et Léa Sanchez, des Décodeurs, Frédéric Potet et Alexandre Pouchard, du Monde, Clare Byrne et Estelle Cognacq, de France Info, ou Thomas Chauvineau, de Radio France et Arte.
Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, les étudiants journalistes de l’EPJT réalisent des blogs hébergés sur LeMonde.fr.
Absence des médias conservateurs
De médias conservateurs ou considérés comme tels, il n’est évidemment pas question. Une absence de « diversité » parmi les formateurs et les médias partenaires qui se ressent d’ailleurs dans les sujets des articles d’étudiants mis en avant sur les réseaux de l’école et qui ne brillent ni par leur originalité ni par leur « prise de risque », qu’il s’agisse de déplorer les « nombreux obstacles rencontrés par la communauté musulmane pour construire de nouvelles mosquées en France »(sic) ou de dénoncer la réforme du Master Meef (formation des enseignants) lancée par l’ancien ministre de l’éducation nationale, le « réac » Jean-Michel Blanquer, et qui « comme beaucoup de réformes Blanquer, faite sans tenir compte ni des enseignants ni des principaux intéressés, est un échec ». Un ton et une phraséologie qui fleurent bon l’objectivité et la neutralité tant vantées par ailleurs…
Connivence de gauche
Comme le raconte Emilie, ancienne étudiante à la fin des années 2010, « il n’y a pas vraiment, je trouve, de tentative d’endoctrinement ou de matraquage idéologique… C’est plutôt une sorte d’ambiance générale, de connivence partagée, de sentiment commun d’une unicité de pensée, de réflexion… Il est tellement évident que tout le monde est de gauche et pense à peu près la même chose sur les principaux sujets qu’il est inutile d’y revenir, de s’appesantir, cela coule de source… On est entre-soi, l’ennemi est à l’extérieur, tapis dans les colonnes de Valeurs Actuelles et du Figaro Vox… »
Spécialistes du « fact-checking »
L’école a également mis en place le projet VIJIE – Vérification de l’Information dans le Journalisme, sur Internet et dans l’Espace public -, qui s’inscrit clairement dans la mode des « vérificateurs d’informations » sensés lutter contre la désinformation et les manipulations issues essentiellement des réseaux sociaux mais qui se sont surtout avérés être des instruments de contrôle et de mise en conformité de l’information afin qu’elle n’échappe pas aux canons de la bien-pensance et des conventions idéologiques de l’époque. Ce « fact-checking » est devenu une véritable spécialité de recherche et d’enseignement de l’école, plus particulièrement depuis 2016 et la création du média-école Factoscope (en partenariat avec l’ONG Nothing2Hide et CFI Médias). Un portail international « offrant un accès le plus complet possible aux ressources en lien avec l’éducation aux médias et à l’information (EMI) et la vérification journalistique dans le monde francophone » plus particulièrement destiné à l’Afrique.
Écologiquement correct
L’EPJT est, « évidemment » serait-on tenté de dire, engagée « pour le climat » et a notamment signé la « charte pour un journalisme à hauteur de l’urgence écologique ». Elle a ainsi répondu positivement aux injonctions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui, dans son dernier rapport, insistait sur le rôle crucial des médias pour «cadrer et transmettre les informations sur le changement climatique». Une formulation qui pourrait ressembler à un véritable appel à la propagande en faveur d’une thèse discutable et discutée mais qui semble réjouir les apprentis journalistes tourangeaux conscients que « face l’urgence absolue de la situation, nous, journalistes, devons modifier notre façon de travailler pour intégrer pleinement cet enjeu dans le traitement de l’information ». Les petits soldats de l’écologiquement correct semblent donc fin prêt pour le combat. Dans le plus grand respect du « pluralisme des opinions » bien évidemment…