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Écologie : les croisades contraires des médias de grand chemin

11 octobre 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Écologie : les croisades contraires des médias de grand chemin

Temps de lecture : 5 minutes

Une « croisade anti-écolo ». C’est en ces mots que le site Reporterre définit les articles des médias de droite – et même, selon ce site, d’extrême-droite – sur le réchauffement climatique. On pourrait signaler à l’auto-proclamé « média de l’écologie » que les médias de gauche, eux, martèlent souvent – et parfois au mépris des faits — l’urgence climatique à tort et à travers.

La triple mission écologique des médias de droite : et alors ?

Selon Reporterre, les médias d’extrême-droite se sont chargés d’une triple mis­sion : « nier le change­ment cli­ma­tique, atta­quer les mil­i­tants, dévelop­per une “écolo­gie de droite” ». Au reste, l’accusation n’est pas fausse. Cer­tains médias s’attellent à dis­cuter la thèse du réchauf­fe­ment cli­ma­tique ou la respon­s­abil­ité qu’y a l’homme, ou le Français, ce qui équiv­aut à un crime de lèse-majesté. Les mil­i­tants écol­o­gistes ne béné­fi­cient pas dans les médias de droite d’un totem d’immunité qui jus­ti­fierait toutes leurs actions, y com­pris les plus vio­lentes. Enfin, une « écolo­gie de droite » val­orisant l’innovation et le mode de vie européen est bien en cours de développement.

Comment Reporterre défend l’idéologie écolo

Reporterre se donne la peine de lis­ter les pro­pos dis­si­dents tenus dans les médias de droite. Sur CNews, un invité a affir­mé que « le réchauf­fe­ment cli­ma­tique anthropique est un men­songe et une escro­querie ». Dans Punch­line, Philippe Her­lin a qual­i­fié le réchauf­fe­ment anthropique, donc d’origine humaine, de « com­plot qui jus­ti­fie l’intervention de l’État dans nos vies ». Sur Sud Radio, le physi­cien François Ger­vais avait sig­nalé à André Bercoff que le change­ment cli­ma­tique était prin­ci­pale­ment le fait des cycles naturels et que les rap­ports du GIEC étaient « pseu­do-sci­en­tifiques » et ne tenaient le dis­cours qu’on leur con­naît que pour obtenir des finance­ments. Reporterre cite encore Ivan Rioufol par­lant de « l’écologisme qui men­ace la France » ou de « la jeunesse manip­ulée des march­es cli­mat », le dossier de Valeurs actuelles « Cli­mat : infos et intox », Pas­cal Praud qui fustige les « khmers verts », et Élis­a­beth Lévy qui estime que l’écologisme a « la couleur du total­i­tarisme, l’esprit du totalitarisme ».

Écologie : la droite a‑t-elle tort ?

Reporterre n’apporte dans cet arti­cle que peu de con­tra­dic­tion aux asser­tions fustigées, car son pub­lic est prob­a­ble­ment déjà con­va­in­cu qu’elles sont fauss­es. Le sont-elles vrai­ment ? On sait depuis plusieurs années que la Terre a déjà con­nu des épisodes de chaleur plus impor­tants qu’aujourd’hui, en des temps où l’humanité était bien moins dévelop­pée, notam­ment au Moyen-âge, mais égale­ment aux pre­miers temps de notre planète. Le car­ac­tère anthropique du réchauf­fe­ment est donc rien moins que cer­tain, et s’il y a un « con­sen­sus » à ce sujet, c’est aus­si parce que les sci­en­tifiques qui s’écartent de ce nar­ratif sont sys­té­ma­tique­ment voués aux gémonies… notam­ment par des médias comme Reporterre. Les rap­ports du GIEC ser­vent, de l’aveu même de ses mem­bres, à défendre le bud­get de cet organ­isme, rai­son pour laque­lle les résumés des­tinés aux décideurs poli­tiques et aux jour­nal­istes pressés sont infin­i­ment plus cat­a­strophistes que les rap­ports inté­graux. Ajou­tons enfin que les mil­i­tants écol­o­gistes qui n’ont que l’urgence cli­ma­tique à la bouche deman­dent sans cesse des efforts, par­fois aber­rants, aux Français, en cri­ant haro sur tous ceux qui font remar­quer que la France n’est que pour 1% dans le réchauf­fe­ment cli­ma­tique anthropique. Si le total­i­tarisme est un mot à manier avec pré­cau­tion, il s’applique en général assez bien aux idéolo­gies qui refusent toute con­tra­dic­tion et cherche à s’imposer dans le quo­ti­di­en des gens.

À gauche, une croisade « réchauffiste » ?

Qu’une grande par­tie de la droite remette en ques­tion le nar­ratif écol­o­giste, c’est donc exact. Qu’elle ait tort, cela reste à prou­ver. Que la gauche, elle, martèle ce même nar­ratif, c’est vis­i­ble. Ain­si, l’ensemble de la classe médi­a­tique a ain­si repris l’information sig­nalant que l’été 2024 était le plus chaud jamais enreg­istré dans le monde. Si Le Monde admet que « ces qual­i­fi­cat­ifs peu­vent paraître exces­sifs, tant les derniers mois ont pu sem­bler maus­sades dans l’Hexagone », il s’empresse de pré­cis­er que « partout sur le globe, de la Laponie à l’Australie, en pas­sant par la Chine et les États-Unis, des pays ont souf­fert de canicules, d’inondations, de sécher­ess­es ou d’incendies causés par le dérè­gle­ment cli­ma­tique d’origine humaine. Des calamités qui ont affec­té des mil­lions de per­son­nes, tué des mil­liers d’entre elles et entraîné des mil­liards de dol­lars de pertes économiques. » Un plaidoy­er vibrant qu’un mil­i­tant de Green­peace n’aurait pas renié. Les Échos affir­ment que « le dérè­gle­ment cli­ma­tique lié aux activ­ités humaines con­tin­ue, implaca­ble­ment, son œuvre mor­tifère » et liste les morts inscrits au compte du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. TF1 explique même que « ces tem­péra­tures moyennes sont sans précé­dent depuis au moins 120.000 ans, selon les don­nées de la paléo­cli­ma­tolo­gie, établies notam­ment grâce aux carottes de glace et de sédi­ments ». Une phrase sur­prenante qui va à l’encontre des don­nées disponibles dans les ouvrages trai­tants du sujet.

La gauche libérale libertaire seule à pouvoir mener des combats ?

Les nom­breux jeunes éco-anx­ieux qui choi­sis­sent de ne pas avoir d’enfants par peur de trop pol­luer sont une preuve que le nar­ratif général con­cer­nant le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est bel et bien cat­a­strophiste, et cela n’a rien d’une bonne nou­velle. Alors que les médias de gauche ne cessent de répéter dif­férentes nou­velles aus­si effrayantes qu’exagérées, cer­tains médias de droite choi­sis­sent de remet­tre en ques­tion cer­tains pon­cifs. Sans nier le réchauf­fe­ment (les vignerons en savent quelque chose et doivent s’y adapter), cer­tains diront que c’est le tra­vail des jour­nal­istes que d’informer. Mal­heureuse­ment, pour d’autres comme Reporterre et ses con­frères, le jour­nal­iste de grand chemin doit d’abord endoctriner.

Voir aus­si : Vers une nou­velle loi Gayssot sur le climat ?

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