Première diffusion le 6 novembre 2023
Par principe, nous ne publions pas d’éditorial qui exprime l’opinion du signataire. Nous préférons apporter des faits et une analyse, au lecteur de se faire son opinion. Au moment où les divers conflits entraînent un flot d’émotions, émotions légitimes mais qui souvent entraînent loin du principe de réalité, nous utilisons ce format pour réaffirmer une position claire, celle des non-alignés.
Le Monde diplomatique non aligné
Dans sa livraison de novembre, le Diplo se présente comme un « journal non aligné ». Une attitude raisonnable dans un temps qui ne l’est pas. Dans le secteur journalistique, la pire des attitudes est certainement celle de « l’aveuglement sincère ». La deuxième dans le genre est celle de l’oubli de l’histoire. On le voit dans le traitement des conflits où le diable se trouve d’un côté et le bon ange de l’autre. D’un autre côté, le rétrécissement du domaine de la lecture, l’extension de celui de l’image produisent souvent un effet de sidération. Cet effet est renforcé par le spectacle de la violence. La violence constitue un paramètre-clé d’attraction/répulsion dans les affrontements informationnels et communicationnels. Submergés, les yeux littéralement collés à l’actualité, nous ne voyons plus le tableau d’ensemble, nous vivons en état d’urgence, nous ne réfléchissons plus.
S’extraire (un peu) de l’évènement du moment
Nous disons bien au moins un peu car il est impossible de s’isoler complétement de l’actualité quotidienne. Comme le dit Le Monde diplomatique, « depuis le rachat de YouTube par Google en 2006 et la montée en puissance des réseaux sociaux, le fragment de vidéo brut (et souvent brutal) s’installe comme la forme dominante de l’information ». Le mot à souligner est fragment, un tout petit morceau de réel (ou d’irréel fabriqué) qui va occulter le tableau d’ensemble voire prendre sa place.
Trois principes pour guider notre action
S’appuyer sur le fragment émotionnel même gratifiant, ce n’est pas notre style, ni notre grille d’analyse. Pendant la crise du Covid, nous avons pris du recul, sur le conflit entre l’Ukraine (en réalité l’OTAN par ukrainiens interposés) et la Russie nous nous sommes contentés d’exposer les partis pris militants atlantistes trop évidents comme ceux de L’Express ou du Point. Certains lecteurs nous ont demandé de prendre parti sur le conflit dramatique au Proche-Orient et ses répercussions évidentes en Europe via l’immigration massive musulmane. Prendre parti au nom de « la morale ». Notre expérience — en période de guerre en particulier — est que la morale est à géométrie variable. Nous resterons non alignés ou plutôt nous resterons alignés sur trois principes simples :
- Le respect du réel, pas d’occultation des faits ;
- Le pluralisme idéologique des médias et des sources ;
- Le maximum de liberté de l’information face aux censures.
Trois principes sur lesquels nous continuons à nous appuyer, trois principes de votre Observatoire du journalisme (OJIM), un média indépendant d’analyse des médias, tricoté main par notre équipe pour nourrir la réflexion de chacun.
Claude Chollet
Président de l’Ojim