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ÉDITORIAL. Une nouvelle enseigne pour sauver les vendeurs de presse !

16 mars 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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ÉDITORIAL. Une nouvelle enseigne pour sauver les vendeurs de presse !

Temps de lecture : 4 minutes

Qui a osé dire que nos dirigeants n’étaient pas en prise avec le réel et qu’ils se mon­traient inca­pables d’agir con­crète­ment et effi­cace­ment pour régler les dif­fi­cultés du bon peu­ple et en l’occurrence des petits com­merçants, et, dans ce cas plus par­ti­c­uli­er, des vendeurs de presse con­fron­tés à d’innombrables dif­fi­cultés, notam­ment depuis la crise du Covid ? Que ceux qui se sont per­mis ces juge­ments hâtifs et injustes se repen­tent hum­ble­ment et salu­ent comme il se doit la dernière bril­lante ini­tia­tive du min­istère de la Cul­ture cor­naqué par Rachi­da Dati : le rem­place­ment du logo des marchands de journaux.

Baisse de la lecture et défiance envers les médias

Il est vrai que, pour répon­dre aux attentes d’un milieu con­fron­té à des prob­lé­ma­tiques aus­si mul­ti­ples que  crois­santes allant de la baisse générale de la lec­ture à la défi­ance crois­sante du pub­lic envers les médias, il était indis­pens­able que les pou­voirs publics posent enfin un acte fort. Ce sera donc le renou­velle­ment du logo « Presse », la fameuse plume rouge sur fond jaune indi­quant les points de vente de jour­naux depuis 1950. Après un appel d’offre et des heures de réflex­ion et de tra­vail acharné d’un « trio de design­ers » œuvrant depuis 2022, celui sera finale­ment rem­placé par une grosse plume grise (très) stylisée.

Salon le min­istère, il s’agit de bien plus qu’un sim­ple « change­ment d’enseigne », mais de la démon­stra­tion de la volon­té de « garan­tir aux marchands de presse un avenir en phase avec les attentes d’aujourd’hui, tout en restant fidèles à leur mis­sion fon­da­men­tale de prox­im­ité et d’accès à l’information». Rien de moins.

Douceur et accessibilité

Mais com­ment un sim­ple logo va-t-il par­venir a rem­plir un tel ambitieux objec­tif ? Et bien car ce dernier s’avère, selon ses pro­mo­teurs, beau­coup « plus doux et acces­si­ble » que le précé­dent. Ain­si, l’amateur de presse qui autre­fois était rebuté par l’agressivité arro­gante du car­ré jaune en plas­tique osera-t-il désor­mais franchir le pas, ras­suré par la douceur bon­homme de l’enseigne grise en métal.

Par ailleurs, et ce n’est pas nég­lige­able, le nou­veau logo est réal­isé « dans des matéri­aux plus durables et écologiques et avec une décli­nai­son lumineuse con­forme aux régle­men­ta­tions définies par le Code de l’environnement ». Le vendeur de jour­naux n’est donc plus désor­mais seule­ment un vecteur d’information et de cul­ture, mais aus­si un acteur à l’avant-garde du com­bat écologique. Nul doute que les poten­tiels acheteurs seront nom­breux à se mon­tr­er sen­si­bles à cet argument.

6 millions d’argent public

Pour accom­pa­g­n­er et accélér­er le déploiement de ce nou­veau logo, jusqu’à 90 % de son prix d’acquisition, dont le mon­tant n’est pas encore pré­cisé, pour­ra être pris en charge par des sub­ven­tions publiques (80 % en zone urbaine et 90 % en zone rurale sem­ble-t-il), a fait savoir le min­istère. Le tout pour un mon­tant prévi­sion­nel d’environ 6 mil­lions d’euros, ce chiffre n’incluant évidem­ment pas le coût de con­cep­tion du chef‑d’œuvre, qui n’a pas été non plus communiqué.

Cet encour­age­ment financier sera néan­moins cer­taine­ment fort bien­v­enue au regard des réac­tions assez large­ment néga­tives sus­citées par le dévoile­ment de la nou­velle enseigne.

« Dés­espérant. Et encore 6 mil­lions d’argent pub­lic fichu en l’air (…) Et puis, pas mer­ci pour la presse : on la voit moins que l’ancienne cette enseigne », a ain­si déploré Marie-Estelle Pech, rédac­trice en chef de Mar­i­anne.

« Sidéré non pas sim­ple­ment par le rem­place­ment du logo “presse” par un autre plus laid, moins vis­i­ble et plus cher, mais que l’on juge que c’est le moment oppor­tun pour en tir­er fierté et faire une cam­pagne nationale. Hors sol. », juge pour sa part le général Olivi­er Kempf.

Les réseaux soci­aux réson­nent ain­si d’autant d’incompréhension que de colère, de « c’est une blague ? » à « foutage de gueule ! », la majorité des com­men­ta­teurs ne sem­blant pas partager le bel ent­hou­si­asme de la min­istre de la cul­ture expli­quant « qu’il était essen­tiel de repenser cet emblème pour accom­pa­g­n­er la trans­for­ma­tion du méti­er. » La trans­for­ma­tion ou la mort programmée ?

Xavier Eman

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