Excellent article dans le Figaro sous la plume allègre de Lucas Latil sur une escroquerie devenue commune : le détournement de photographies originales et leur revente aux médias internationaux.
La recette en trois phases. Tout d’abord vous vous construisez une fausse identité séduisante : un profil sur les réseaux sociaux avec un physique avantageux ; une histoire personnelle larmoyante, orphelin de mère, ayant survécu à une leucémie, membre obligatoire d’ONG toutes plus humanitaires les unes que les autres, travaillant pour l’ONU ; prenez un nom banal comme Eduardo Martins, originaire du Brésil. Puis vous interceptez sur internet des photos de vrais reporters de guerre et vous les transformez dans Photoshop. Rien de plus simple, vous inversez la photo (ce qui est à gauche passe à droite et inversement), vous modifiez les contrastes et le tour est joué. Enfin vous proposez votre “travail” à des médias ayant pignon sur rue et pouvant payer comme le Wall Street Journal, la BBC, Al-Jazeera, Le Point, France Culture.
Eduardo Martins, démasqué par un vrai reporter, s’est évanoui dans la nature, fermant son compte Instagram qui comptait 130 000 abonnés et annonçant son désir de « partir en Australie ». Il est probable qu’il ne sera jamais retrouvé. Cette affaire en rappelle d’autres comme celles de la police française soupçonnée d’avoir manipulé les photos de la Manif pour tous, celle d’un prix Pulitzer utilisant Photoshop ou encore la véritable mise en scène avec recadrage et suppression d’éléments lors de la mort d’un jeune noyé syrien en septembre 2015. Photo ne veut pas dire automatiquement vérité.