Le quotidien algérien, un des derniers de la sphère privée francophone, croule sous les dettes et se trouve proche de la disparition, au grand plaisir des militaires au pouvoir.
Un quotidien emblématique
Né en 1990 de la volonté de journalistes venus du service public, El Watan (La Patrie, en arabe) avait traversé des périodes fastes, allant jusqu’à investir dans une imprimerie avec un confrère. Le quotidien était considéré comme celui des élites intellectuelles francophones, à la fois hostiles aux islamistes et aux militaires. La Francophonie est en piteux état en Algérie, les jeunes se tournant vers l’anglais et les francophones plus anciens disparaissant peu à peu.
Dettes, erreurs de gestion et hostilité du pouvoir
La construction d’un « éléphant blanc » à savoir le siège du journal en 2016 avec une vue splendide sur la baie d’Alger s’est avérée désastreuse. Non conforme, le bâtiment n’a jamais été utilisé. Les pouvoirs algériens ont également asséché les recettes publicitaires institutionnelles du quotidien, déjà mises à mal par la période Covid.
L’État réclame le paiement de charges impayées et le remboursement de certains crédits. D’un autre côté une partie des employés – sans doute encouragés par le pouvoir militaire – se sont mis en grève et s’opposent ouvertement aux actionnaires. Ces derniers, peu désireux de se mettre en délicatesse avec les kleptomanes politiques de l’armée, ne manifestent aucune volonté de remettre au pot.