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Élection de Trump : motus et bouches décousues, retour des vieilles rengaines médiatiques

9 novembre 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Élection de Trump : motus et bouches décousues, retour des vieilles rengaines médiatiques

Temps de lecture : 5 minutes

Lives (directs) sur les réseaux sociaux, « décryptages » spéciaux, analyse des résultats en direct… Depuis quelques jours, les journalistes ne comptent pas leurs heures sur les chaînes de télévision, dont toute l’attention se porte sur les élections étasuniennes. Sans grande surprise, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne fait pas l’unanimité et offre l’occasion à la pléthore de chaînes moralisatrices de réchauffer les discours acerbes ou paniqués conservés au congélateur durant quatre ans.

Chasse au Trump en toute saison

Comme l’avait déjà dénon­cé l’OJIM, les chaînes améri­caines comme français­es avaient tout fait au long de la cam­pagne prési­den­tielle pour décrédi­bilis­er Don­ald Trump en faveur de la can­di­date démoc­rate, la télévi­sion publique française faisant suc­céder les pro­grammes aux titres sans équiv­oque : « l’émission En Société, inti­t­ulée “Trump, la men­ace fas­ciste”, était suiv­ie par C Poli­tique, qui pro­po­sait le thème “Trump, le nou­veau vis­age du fas­cisme”. Le 23, cette même chaîne présen­tait dans C Ce Soir “Trump, un fas­cisme à l’américaine”, et dif­fu­sait trois jours plus tôt en prime time le doc­u­men­taire d’Antoine Witkin, “Opéra­tion Trump : les espi­ons russ­es à la con­quête de l’Amérique”. » Ces efforts bien que con­sid­érables n’ont de toute évi­dence pas per­mis d’empêcher une nou­velle vic­toire de l’emblématique busi­ness­man améri­cain et de son self-made VP J.D. Vance, dont nous avions analysé le par­cours dans un arti­cle dédié.

La litanie médi­a­tique a — en toute logique — pour­suivi avec une nou­velle ardeur ses élu­cubra­tions, aler­tant tan­tôt sur une fin prophé­tique de la démoc­ra­tie, tan­tôt sur la men­ace « fas­ciste » que représente le nou­veau prési­dent dont les méth­odes ont tou­jours déstabilisé.

TF1 in love with Kamala

La pre­mière chaîne de la TNT, TF1, a mon­tré l’exemple en affichant sans ambages son sou­tien net à la can­di­date démoc­rate au fil de ses divers pro­grammes, inti­t­ulés « La sto­ry Kamala Har­ris, un doc­u­ment inédit » sur « le des­tin de celle qui pour­rait devenir la pre­mière femme prési­dente des États-Unis », « la femme qui se dresse face à Don­ald Trump » ou « Don­ald Trump — La soif de revanche ». Il y a quelques années déjà, la chaîne nar­rait « com­ment Trump a cassé l’Amérique » à tra­vers un « road trip inédit et édi­fi­ant de l’Amérique après 4 ans de Don­ald Trump au pou­voir » au cœur d’une « Amérique plus frac­turée que jamais. »

Le secteur public à l’unisson

L’audiovisuel pub­lic, aus­si impar­tial et plu­ral­iste qu’attendu, a sans sur­prise large­ment défendu Kamala Har­ris face à « l’au­tori­tarisme à l’améri­caine » de Trump « en marche vers la dic­tature », ni plus ni moins. La Chaîne Par­lemen­taire — Assem­blée Nationale se ques­tionne : « Et si les États-Unis vivaient leur dernière année de démoc­ra­tie ? » Les dis­cours alarmistes se suc­cè­dent : « Don­ald Trump se pré­pare à repren­dre la Mai­son Blanche avec un pro­gramme plus extrême encore que son pre­mier man­dat. Il veut déman­tel­er l’État ; il veut une jus­tice, une presse et une armée à son seul ser­vice, comme dans les régimes autori­taires qu’il admire tant. » La chaîne qui, rap­pelons-le, est tout de même le canal offi­ciel du Par­lement français était par ailleurs allée jusqu’à se par­er à l’occasion de la cam­pagne du dra­peau nord-améri­cain sur son logo.

Mêmes sons de cloche sur France 5, autre chaîne publique qui témoigne de ses « inquié­tudes » après une « cam­pagne très vio­lente axée sur les ques­tions économiques et l’immigration. » Selon les jour­nal­istes de France 5, la « la stratégie du chaos » pro­pre au per­son­nage mène le pays à « un fas­cisme à l’américaine ».

CNews prend du recul

Côté CNews, les échos sont plus clé­ments à l’égard de Don­ald Trump. La chaîne pro­pose de nuancer les poten­tiels effets de la poli­tique inter­na­tionale des États-Unis : le nou­veau prési­dent mène-t-il la planète « vers une grande crise inter­na­tionale ou un retour d’une paix plus durable dans cer­taines régions du monde ? » Le canal de Vin­cent Bol­loré dont on peut retrou­ver l’organisation dans cette info­gra­phie OJIM avait égale­ment aver­ti ses audi­teurs quant à l’acharnement médi­a­tique autour de Don­ald Trump. « Pourquoi tout un sys­tème poli­tique et médi­a­tique a‑t-il pris fait et cause pour un camp, dia­bolisant l’autre ? » s’est demandé dans l’émission Punch­line Lau­rence Fer­rari après la vic­toire du can­di­dat répub­li­cain. CNews a égale­ment per­mis à Éric Zem­mour, invité par la chaîne de partager son analyse : « Les Améri­cains ne veu­lent pas être minori­taires dans leur pays ».

Voir aus­si : Lau­rence Fer­rari, portrait

Finale­ment, le score écras­ant du par­ti répub­li­cain, témoignant de la con­fi­ance du peu­ple améri­cain per­met de rel­a­tivis­er la portée de ces dis­cours en grande par­tie dis­pro­por­tion­nés, et de pren­dre un cer­tain recul sur la sit­u­a­tion aux États-Unis qui « sont arrivés au bord du chaos » d’après Arte, pour qui « les démons de la Séces­sion sont réveil­lés » par la « droite rad­i­cale ». À trop vouloir prou­ver on ne prou­ve plus rien.

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