La géopolitique mondiale attend les résultats de l’élection américaine.
1. Alors, quid de la dernière ligne droite de la présidentielle ?
À quelques jours sinon quelques heures du 5 novembre (date artificielle, puisqu’une grande majorité des votes sont déjà rentrés et que la tentation sera forte de « prendre son temps » lors des décomptes bien après cette date), il est temps de conclure : l’électorat américain est déchiré par une guerre des sexes qui masque une lutte des classes. Sa coalition du wokisme se fissurant, il ne reste plus à Kamala Harris que de piger dans le réservoir des femmes sur le sujet de l’avortement (elles votent en général plus que les hommes), espérant que toutes les femmes de toutes les catégories considèrent l’avortement comme beaucoup plus important que la colonisation du pays par ceux, comme disait Mitterrand, « qui gagnent de l’argent en dormant » (nous pourrions ajouter : tout en décidant des prochaines guerres). De son côté Trump, sorte de réincarnation inversée du spectre de Malcom X, joue la carte de la lutte des classes afin de chauffer le vote viriliste au sein de toutes les catégories ethniques. Ce qui est un pari osé, dans la mesure où les hommes votent moins que les femmes, dit-on. C’est pourquoi à ce stade, il est impossible de savoir qui va gagner.
2. Bref, nous assistons à une guerre entre Éros le vitaliste et Thanatos la wokiste ?
Le wokisme semble cette année branler dans le manche. Il ne fait plus recette en tout cas. Cet artifice est allé trop loin, jusqu’à trahir la cause des catégories qu’il était censé « protéger » (exemple : l’ouverture massive des frontières qui révolte les minorités ethniques déjà intégrées ou en voie d’intégration) de même que celle des femmes (exemple : l’introduction des transsexuels dans les sports féminins). C’est la grande découverte de cette campagne. Sans oublier l’écho inattendu des thèses de RFK Junior sur l’empoisonnement alimentaire et médical de la population, le plus souvent la plus pauvre. Ce qu’il nomme la guerre déclarée à l’enfance.
3. Et la lutte des classes revient au premier plan. Comment ?
La prise de conscience commence. Les élites, autrement dit tous ceux qui ont les moyens de dire, de faire et d’empêcher, avaient entretenu grâce au wokisme une guerre civile (verbale) sur de fausses batailles, se réservant pour leur part le contrôle de la géopolitique mondiale. Investissant sur les décombres de l’effondrement soviétique, les dites élites ont pu envoyer se battre des soldats (donc essentiellement des pauvres issus de l’immigration ou du déclin industriel) afin d’exercer leur pouvoir de gendarmerie là où cela leur convenait sur la planète. Mais aujourd’hui cette gendarmerie ne peut pratiquement recruter qu’une infime proportion des jeunes américains car ceux-ci ne sont plus en condition médicale de satisfaire les critères de recrutement dans l’armée, pourtant sans cesse réaménagés. Comme sous la Rome de la décadence.
4. Donc les deux moteurs symboliques de la société se réduiraient à deux concepts abstraits : « la cause des femmes » d’une part, et « la lutte des classes », d’autre part. Comment, pratiquement, cela s’est-il manifesté ces derniers jours ?
À chaque élection ses toreros, et à chaque torero sa muleta. Il est aujourd’hui vertigineux de réaliser que la muleta américaine de l’avortement (l’obsessionnelle croyance selon laquelle Trump va abolir ce droit) pourrait bel et bien déterminer le sort de l’humanité au moment même où la tectonique des plaques géopolitiques s’entre-rabote de plus en plus. Cette peur de perdre le droit à l’avortement est la seule carte qui semble rester à Kamala Harris. Celle-ci constate en effet toutes sortes de fissures au sein de ses appuis traditionnels « ethniques », tous frappés par la condescendance des élites à leur égard. Ainsi, une publicité politique mettant en scène des femmes à la sortie de l’isoloir qui mentent à leur mari trumpiste n’aura peut-être pas l’impact espéré, car cela tend à affirmer que les femmes sont des mineures incapables de penser toutes seules. Ce qui rejoint la gaffe de Mark Cuban, un entrepreneur anti-Trump et pro-Kamala Harris qui a dit qu’on ne trouvait « aucune femme intelligente dans l’entourage de Trump ». Ce sur quoi il a du revenir plus tard, conscient de la réaction qu’il avait suscitée. Nous verrons.
5. Il aurait donc un « mépris de classe » très fort au sein des élites. Ce n’est pas la première fois. Hillary était tombée sur un os en fin de campagne (en 2016) avec ses « déplorables ». Que s’est-il passé avec Biden au sujet des « ordures » ?
L’affaire en soi est presque cocasse. Le récent giga-méga-rallye tenu par Donald Trump le dimanche 27 octobre au Madison Garden à New York avait tout pour être un immense succès : orateurs-clé de qualité laissant entendre au public qui serait responsable de quoi dans (ou autour de) la nouvelle administration, suivis d’une excellente intervention, disciplinée, de Trump, puis conclusion dans une ambiance de fête. Un succès toutefois entaché d’un incident : un jeune humoriste imbécile avait cru bon plaisanter sur la crise chaotique, chronique et croissante des ordures à Porto Rico, « révélant » que l’on avait découvert « une nouvelle île d’ordures flottant dans l’océan qui avait pour nom… Porto Rico ». Cela provoqua pendant 48 heures un déploiement de muletas antiracistes. Bref, on se demandait si les Portoricains installés aux États-Unis, vexés par « l’insulte » ne reviendraient pas tous dans le camp démocrate, et, circonstance aggravante, quel impact cela aurait parmi ceux installés parmi les cinq ou six états-pivots qui feront l’élection. D’autant que, deux jours après l’incident, Madame Harris avait (fort bien) organisé un discours « d’unité nationale » au parfum d’après-victoire, juste devant la Maison-Blanche.
6. Pourquoi cela n’a pas fonctionné ?
Parce que le soir même du couronnement prématuré de Kamala Harris, probablement furieux de ne pas avoir été invité à la « cérémonie » organisée devant ses fenêtres, Biden a décidé de revenir au-devant de la scène, en participant à un zoom avec un groupe latino pour affirmer que les seules ordures qu’il voyait étaient les supporters de Trump. cela ne pouvait pas mieux tomber pour Trump.
7. L’arroseur a donc été arrosé ?
En tout cas Kamala l’a été. Biden lui a tout bonnement saboté son plan de fin de campagne. Cependant que le lendemain, dans le Wisconsin, Trump rejoignait le lieu de son rallye dans la cabine d’un énorme camion à ordures (repeint pendant la nuit aux couleurs et message de sa campagne). Trump, de surcroît, s’était paré du traditionnel gilet des éboueurs. Comme lors de sa descente chez Mc Donald pour servir des frites aux clients, Il avait repris le contrôle du cycle médiatique, insistant sur un simple message : il faut aimer ses électeurs, car ils ne sont pas des ordures.
8. Donc la course est toujours indécise ?
Pour toutes sortes de raisons, oui. Mais ce qui importe est ce qui se passera après le 5 novembre. Si Harris gagne massivement, ses marionnettistes vont procéder à une refonte massive du pays afin d’en faire une « démocratie à parti unique » au service des oligarchies géopolitiques qui dirigent le pays. Des pans entiers de la Constitution seront progressivement abolis. Il faudra s’attendre, puisque Trump et ses amis sont des insurrectionnels « hitlériens », à une purge massive au nom de la « démocratie ». Déjà Elon Musk et Tucker Carlson font face à des tracasseries croissantes. Sans oublier tous les avocats qui ont permis à Trump de survivre. Ils seront punis, et sévèrement, chômage, prison à la clé. La « démocratie » sera impitoyable, probablement sous la férule du clan Cheney. Sachons simplement que Liz Cheney sera très probablement la Secrétaire d’État de l’administration Harris.
9. Et si Trump gagne de façon massive ?
Les marionnettistes de Kamala Harris et du parti démocrate, dont le clan Cheney, comptent parmi eux bien des spécialistes des insurrections et des coups d’états, tous issus des services action des grandes institutions secrètes du renseignement. Il est probable, selon Mike Benz, que les plans et « jeux de guerre » mis en place à l’époque de la précédente élection (prévus pour faire tomber Trump dans l’hypothèse de sa réélection en 2020) sont déjà actualisés. Les plans de guerre au Proche Orient sont probablement déjà à l’œuvre. Ce n’est donc pas pour rien que Trump a lancé ses missiles sur l’héritière de celui qui a créé le chaos mondial de ces trente dernières années. Et ce n’est pas pour rien qu’Arabes et musulmans américains se posent sérieusement la question de choisir « un moindre mal » en la candidature de Trump. Nous nous pencherons sur le sujet après l’élection.