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Élections américaines 2024 : la dernière chance de Barak Obama ? (FAQ)

10 septembre 2024

Temps de lecture : 8 minutes
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Élections américaines 2024 : la dernière chance de Barak Obama ? (FAQ)

Temps de lecture : 8 minutes

Après l’interruption estivale, nous reprenons la publication des excellents articles de notre correspondant en Amérique du Nord, qui suit pour l’Ojim la très disputée élection présidentielle américaine de novembre 2024.

Pourquoi faut-il parler d’Obama huit ans après son départ ?

Oba­ma est ici tou­jours con­sid­éré comme le pape de la révo­lu­tion woke qui a eu pour effet de pro­gres­sive­ment dis­soudre le pays afin de mieux le diriger en mode « hors sol ». Le mou­ve­ment Oba­ma est le fruit d’une con­ver­gence trente­naire, où le néo-cap­i­tal­isme transna­tion­al épouse les idéolo­gies inter­sec­tion­nelles. Ce « blob » (pour repren­dre l’expression des milieux wash­ing­toniens) con­stitue par ailleurs le ter­reau d’un « néo­con­ser­vatisme » auda­cieux qui vise à purg­er la planète de toute résis­tance iden­ti­taire et économique. Et par tous les moyens.

Oba­ma, ain­si perçu aux États-Unis comme un prési­dent au long cours, dirig­erait ain­si la troupe des mar­i­on­nettes qui ont ger­mé depuis son acces­sion au pou­voir en 2008. Pré­cisons ici qu’entre 2016 et 2020 Trump, acci­den­tel Prési­dent en titre, n’a en réal­ité été qu’un leader de l’opposition face à l’État pro­fond du « blob » qui con­trôlait la Mai­son Blanche. (Il a cepen­dant pu ralen­tir la révo­lu­tion obami­enne, por­tant ain­si quelques coups au wok­isme par ses nom­i­na­tions de juges, en par­ti­c­uli­er à la Cour suprême).

En 2020 tout revient dans l’ordre : Biden, déjà fatigué, sert de prête-nom à Oba­ma qui lui four­nit l’essentiel de ses équipes. Mais en 2024, jugeant la vic­toire de Trump face à Biden inéluctable, la machine Oba­ma aura donc pro­mu un autre prête-nom, l’actuelle Vice-Prési­dente Kamala Har­ris. Et sa par­ti­tion, si elle est élue, sera de servir autant que néces­saire de porte-voix au dernier acte de la pièce : la vic­toire sans retour d’un über­cap­i­tal­isme à la sauce trot­skiste qui réduira les États-Unis au rôle d’armée privée des grandes com­pag­nies transna­tionales. À moins que…

Qui est candidat contre qui et pourquoi ?

Con­traire­ment à ce que dis­ent les ani­ma­teurs de spec­ta­cle que sont les jour­nal­istes améri­cains, cette élec­tion ne porte pas sur un choix entre deux indi­vidus (Kamala Har­ris ou Don­ald Trump), mais entre deux con­cep­tions du monde. L’une, très mature, appuyée sur une machine bien rôdée, souhaite pro­mou­voir un monde grandiose qui ressem­blerait à celui des Éter­nels du film Zardoz, cepen­dant que l’humanité s’ensauvagerait. Cette machine ne s’est d’ailleurs jamais gênée pour se jouer des règles du jeu poli­tique, ou tout sim­ple­ment les chang­er (voir le débat sur la com­po­si­tion de la Cour Suprême, la sup­pres­sion du col­lège élec­toral, ou la trans­for­ma­tion de la ville de Wash­ing­ton et Puer­to Rico en États de l’Union, sans oubli­er la rocam­bo­lesque nom­i­na­tion de Kamala Har­ris, etc.).

Face à cette machine, et en dépit de son nar­cis­sisme chronique, Trump sem­ble avoir depuis peu trou­vé, grâce à son fils Don­ald Junior et surtout au tan­dem Tuck­er Carl­son-Elon Musk, un embry­on d’originalité explo­sive qui lui per­me­t­trait de repren­dre la main après son faux départ des dernières semaines.

Quelle est la stratégie du « blob »

L’objectif n’a pas changé depuis Biden. La cam­pagne est sous-traitée aux médias et à l’appareil d’État, en par­ti­c­uli­er la Jus­tice et la Police. L’objectif est qu’un juge, où qu’il soit, quel que soit le pré­texte invo­qué – grâce à une « créa­tiv­ité » juridique qui ne tien­dra pas en appel, et encore moins devant la Cour Suprême – parvi­enne d’abord à gel­er le cal­en­dri­er de Trump en le forçant légale­ment à assis­ter à toutes les audi­ences de tel ou tel procès puis, si pos­si­ble, à le con­damn­er à des peines de prison effec­tives y com­pris durant la procé­dure d’appel. Il est ain­si espéré que Trump ne pour­ra plus faire cam­pagne jusqu’au jour de l’élection. Cela lais­serait le champ libre à Kamala Har­ris, anci­enne Pro­cureur de Cal­i­fornie et nou­velle « Lady Jus­tice », ain­si qu’aux médias, pour cat­a­loguer Trump comme crim­inel con­damné (« con­vict­ed felon »). Ceci con­solidé dans les esprits, l’idée serait ensuite de fix­er l’électeur sur le « pro­jet de coup d’État insur­rec­tion­nel de Trump » en asso­ci­a­tion avec le think tank The Her­itage Foun­da­tion. La tac­tique vise en ce cas à faire fuir suff­isam­ment d’électeurs et élec­tri­ces indépen­dants… puis de faire taire un Trump décrédi­bil­isé sur de pos­si­bles fraudes élec­torales démoc­rates dans les états-pivots.

Est-ce que cette stratégie du « blob » marche ?

Elle a très bien marché jusqu’à la troisième semaine d’Août. Trump, obsédé par Biden, avait per­du en quelques jours son « cap­i­tal-atten­tat » : se four­voy­ant d’abord à trop vouloir régler ses comptes avec Biden au sujet de la dernière élec­tion; il est ensuite descen­du dans le caniveau en attaquant bête­ment Kamala Har­ris au lieu de la laiss­er aller à la faute. S’en est ensuivi un effon­drement de son avance dans des sondages (sur lesquels il y aurait beau­coup à dire – s’en référ­er ici à Ras­mussen)

Puis, revire­ment, l’on s’est aperçu qu’une autre cam­pagne Trump s’était dis­crète­ment pro­filée, silen­cieuse, pen­dant tout le mois d’Août, grâce aux efforts de Don­ald Junior, et de Tuck­er Carl­son. En une même semaine, à la suite de sa dis­cus­sion inter­net de plus d’une heure avec Elon Musk qui a encais­sé près d’un mil­liard de vues, Trump a béné­fi­cié du ral­liement de JF K (Kennedy) Junior (ex démoc­rate), et de Tul­si Gab­bard (ex-Vice-Prési­dente du Par­ti démocrate).

Est-ce significatif ?

Com­binés à celui de J‑D Vance (Vice-Prési­dent putatif de Trump), ces ral­liements représen­tent une gigan­tesque gifle infligée à la total­ité du « blob » sous toutes ses dimen­sions. Non pas qu’une par­tie de l’électorat de Kennedy puisse servir d’appoint à celui de Trump, mais bien plutôt qu’il y a ici matière à pro­jeter l’idée que Trump veut uni­fi­er et non divis­er les améri­cains. Au-delà de cette con­sid­éra­tion, un pro­gramme se des­sine autour de qua­tre axes majeurs :

  • Non aux guer­res inces­santes (com­plexe militaro-industriel)
  • Non à la guerre con­tre nos enfants (com­plexe ali­men­taire, phar­ma­ceu­tique, agrochimique)
  • Non à la guerre con­tre la libre expres­sion (com­plexe de la cen­sure et des vérités officielles)
  • Oui à la prospérité (non aux diseuses de bonne aven­ture cli­ma­tiques, oui à la vraie écolo­gie, non à la dette)

Trump veut-il vraiment s’engager jusque-là?

Ce serait la meilleure façon pour lui de cass­er le piège dans lequel il était s’était enfer­mé début Août. Les équipes d’Obama avaient en effet eu tâche facile, faisant de la cam­pagne 2024 un « référen­dum sur Trump » tout en réin­ven­tant le « Yes We Can » exprimé par le vis­age de Kamala incar­nant la « nouveauté ».

Avec les récents ral­liements, Trump revient de loin. Kennedy pour­rait, au sein de la future admin­is­tra­tion, pren­dre un rôle de leader dans la guerre con­tre la mal­bouffe (con­tre l’obésité et les mal­adies chroniques infan­tiles) en tant que min­istre de la Jus­tice (ceci inclu­rait alors la ques­tion de la cen­sure) ou encore de la San­té (ce qui inclu­rait alors un volet écologique), Vance de son côté pour­ra excellem­ment gér­er les médias en tant que Vice-Prési­dent, puis pren­dre en charge des pro­jets spé­ci­aux (wok­isme, fron­tières, citoyen­neté), Gab­bard quant à elle peut vis­er le Min­istère des Affaires Étrangères (départe­ment d’État). Mais surtout, en un tel scé­nario, ce serait à Elon Musk de pren­dre en charge l’audit de tous les min­istères, afin de déter­min­er à quoi ils ser­vent et si l’argent y est bien util­isé. Quant à Trump, qui excelle auprès des forums économiques, des cham­bres de com­merce, et main­tenant des gafam et des techs, son ambi­tion, out­re le retour à la prospérité, serait de lancer un mas­sif plan Bit­coin (afin de sor­tir de l’emprise de la réserve fédérale). Autant de pro­jets révo­lu­tion­naires qui trait­eraient des vrais prob­lèmes. Ce serait enfin la réal­i­sa­tion tant espérée du « drain the swamp » de la cam­pagne Trump 2016.

Trump peut-il gagner ?

À la loyale, et si Trump reste dis­ci­pliné, oui ! Mais il a face à lui une machine qui sait écras­er l’intrus et faire feu de tout bois du moin­dre de ses écarts. Toute­fois, les équipes Trump sont mieux organ­isées. Plus de 100 000 per­son­nes ont été recrutées afin de véri­fi­er la régu­lar­ité du vote par cor­re­spon­dance. Par ailleurs Trump a exigé du Speak­er de la Cham­bre d’introduire une annexe à la loi budgé­taire com­plé­men­taire : une dis­po­si­tion exigeant des États de fournir la preuve que seuls les citoyens votent aux élec­tions fédérales. Un moyen de blo­quer le bud­get pour le cas où la dis­po­si­tion ne serait pas mise en œuvre? La ques­tion est d’importance, selon l’entreprise de sondages Rasmussen.

Si Trump gagne, sera-t-il président ?

Ce n’est pas sûr, si l’on en croit cer­tains juristes qui esti­ment que Trump, une fois élu, pour­rait être dis­qual­i­fié par un Con­grès invo­quant « l’insurrection » du 6 jan­vi­er 2020 (thèse dévelop­pée par la BBC). D’autres avis, plus mesurés, pensent ladite théorie sinon trop poussée, du moins généra­trice de cat­a­stro­phe civique.

Que dire en conclusion provisoire ?

La Con­sti­tu­tion améri­caine a été mise en vigueur en 1789. Elle a tenu jusqu’ici, bien que le pays ait été en guerre civile larvée depuis sa fon­da­tion. S’y sont affron­tés d’un côté les puri­tains, de l’autre les con­sti­tu­tion­nal­istes. Aujourd’hui le « blob » représente les puri­tains, et le mou­ve­ment trump­iste (qui va désor­mais bien au-delà de Trump) représente les con­sti­tu­tion­nal­istes. Si l’équipe Trump-Vance-Musk-Gab­bard-Kennedy l’emporte, cela sig­ni­fie au moins douze années de « con­sti­tu­tion­nal­isme » (le dernier man­dat de Trump plus les deux suiv­ants de son successeur).

Or il est aujourd’hui absol­u­ment inimag­in­able que le « blob » accepte une défaite sans bronch­er. La réac­tion sera féroce, et prob­a­ble­ment de type sovié­tique. A suivre…

VOIR AUSSI https://www.ojim.fr/etats-unis-comment-les-medias-de-gauche-ont-menti-sur-letat-de-sante-de-biden/

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