Aux urnes le même jour que les Français, le dimanche 9 juin, les électeurs Espagnols se sont exprimés à l’occasion des élections européennes. Avec une avancée du centre droit aux dépens des centristes.
Une faible participation
Le quotidien El País, classé de « centre gauche libérale », s’alerte avant tout de l’abstention : « la participation dans toutes les communautés autonomes a chuté » (« cae la participación en todas las comunidades »). Sous la barre symbolique de la moitié des électeurs, le taux de participation a atteint 49,2 % ce dimanche, « soit 11,52 points de moins par rapport à la précédente convocation électorale, en 2019 » (« 11,52 puntos menos que en la anterior convocatoria electoral, en 2019 »). Néanmoins, il est important de rappeler que les élections européennes de 2019 avaient coïncidé avec le scrutin municipal et l’élection des parlementaires pour les communautés autonomes — qui correspondent aux élections régionales — qui, comme en France, « enregistrent généralement moins d’abstention » (« suelen registrar menor abstención »).
Victoire du centre droit
Le Partido Popular, en avancée depuis les dernières élections européennes, marque une victoire nuancée en emportant un total de presque six millions de voix comme l’évoque le quotidien El Mundo : « Le Partido Popular a remporté les élections européennes en Espagne. Il a réuni 34,2% des voix, ce qui lui permettra d’obtenir jusqu’à 22 eurodéputés. Le groupe gagne 9 sièges par rapport à 2019. » (« el PP ha ganado las Elecciones Europeas en España. Esto supone un 34,2% de los votos y le dará hasta 22 eurodiputados. La formación crece en 9 escaños con respecto a 2019. »).
Le Partido Popular est affilié au Parti Populaire Européen de la même manière par exemple que les députés des Républicains en France. Si le parti libéral conservateur célèbre une victoire sur le parti de l’actuel chef du gouvernement Pedro Sanchez, le progressiste PSOE (Partido Socialista Obrero Español), il est suivi de près par ce dernier qui plafonne à 30,2% selon France 24.
De la même manière que le Parti Socialiste français ou Place Publique, dont Raphaël Glucksmann était le candidat aux dernières élections européennes, le Partido Obrero Socialista Español fait partie de S&D, l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen.
Le groupe centriste Ciudadanos disparaît
Le groupe audiovisuel public espagnol Radio Televisión Española abrégé RTVE analyse ainsi l’évolution des forces politiques sur son site internet : « Le PSOE se maintient une fois de plus en Catalogne, où il est le premier parti, et progresse au Pays basque. Mais dans le reste de l’Espagne, il a subi un recul par rapport au PP et il y a peu de grandes villes où il a réussi à battre le Partido Popular lors de ces élections. » (« Al PSOE le vuelve a sostener Cataluña, donde ha sido primera fuerza, y ha crecido en el País Vasco. Pero en el resto de España sufre un retroceso respecto al PP y son pocas las grandes ciudades en las que ha conseguido imponerse a los ‘populares’ en estas elecciones. »).
Malgré tout, le média note davantage une avancée du PP qu’un recul du PSOE : « la progression du PP ne s’est pas faite au détriment du PSOE, […] elle est davantage liée au transfert définitif du vote Ciudadanos » (« el crecimiento del PP no ha sido a costa del PSOE, […] tiene más que ver con el trasvase definitivo del voto de Ciudadanos. »). Ciudadanos peut être comparé au groupe Renaissance en France.
Les deux blocs gauche/droite à l’équilibre
Malgré le titre alarmé du journal « Soirée historique pour l’extrême droite européenne — un parlement plus à droite que jamais », en Espagne, les votes semblent finalement répartis assez équitablement entre les blocs. Le parti Vox — classé à la droite de la droite — se place en troisième position avec 10,4%, loin derrière les deux mastodontes de la politique espagnole, suivi par Sumar, parti proche du PSOE qui récolte 6,3% des voix puis du parti d’extrême gauche Podemos qui obtient 4,4% des suffrages selon les informations du média français. Sur le plan des orientations politiques, Vox correspond à Reconquête. Tous deux sont membres du CRE, le groupe des Conservateurs et Réformistes européens.
À l’inverse, Podemos — parti radical qui signifie littéralement « Nous Pouvons » — appartient comme La France Insoumise en France, au groupe européen Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) surnommé The Left.
Les yeux tournés vers la France
Les espagnols ont, eux aussi, les yeux tournés vers les revirements qui chamboulent la droite française à la veille des élections législatives anticipées annoncées par Emmanuel Macron le 9 juin 2024. Les « unes » des principaux médias font foi : « El pacto con Le Pen fractura a la derecha tradicional francesa » (« Le pacte avec Le Pen fracture la droite traditionnelle française ») pour El País, « El líder de la derecha francesa rompe el cordón sanitario para pactar con Le Pen: La alianza electoral con Reagrupamiento Nacional pone a los gaullistas de Los Republicanos al borde de la escisión » (« Le leader de la droite française rompt le cordon sanitaire pour pactiser avec Le Pen : L’alliance électorale avec le Rassemblement National place les gaullistes Les Républicains au bord de la scission ») pour La Vanguardia ou encore « La derecha francesa destituye a su líder por buscar una alianza con los ultras » (« La droite française renvoie son leader à cause de son alliance avec les extrêmes. ») selon El País « Primera Edición ». Des élections qui seront suivies avec attention de Barcelone à Bilbao en passant par Madrid.