Les élections européennes approchent à grand pas. Alors que les candidats font campagne, plusieurs médias véhiculent plus ou moins discrètement des opinions en faveur des institutions européennes et du camp « progressiste ». L’Union européenne ne ménage également pas ses efforts pour faire son auto promotion auprès de l’opinion publique. Dans de nombreux médias, l’information prend souvent la forme de chasse aux « fausses informations », au risque de tourner à l’obsession et au ridicule.
France Info : ce n’est pas la faute à l’Europe !
Sur le site de la radio publique, l’émission « C’est la faute à l’Europe » est présentée comme s’employant « à proposer plusieurs points de vue sur l’actualité ». L’émission est animée par Yann Antony Noghès, accompagné par ses « chroniqueurs » Kattalin Landaburu (France 24) et Jean Quatremer (Libération). Chaque semaine, un invité politique est interrogé sur différentes sujets concernant l’Europe. L’objectif affiché de traquer les fake news aboutit souvent à une critique en règle des « populistes ». Une rubrique « Info infox » est consacrée à débusquer les « fausses informations ».
Les journalistes qui animent l’émission connaissent bien les institutions européennes : Yann Antony Noghès a travaillé 5 ans à la direction de l’information du parlement européen à Bruxelles. Kattalin Landaburu a quant à elle réalisé en 2010 un documentaire sur le 10e anniversaire de l’euro, financé par l’union européenne. Elle a reçu en 2013 le prix de l’initiative européenne. Rien d’étonnant alors qu’une petite musique lancinante pro-institutions européennes se fasse entendre dans toutes les émissions. Le journaliste de Libération Jean Quatremer est censé représenter une certaine pluralité de points de vue. Il est vrai qu’il est critique sur le rôle de l’Allemagne au sein de l’Union européenne. Pas au point de vouloir « renverser la table », rassurez-vous. Il n’en oublie pas de fustiger, comme récemment dans Les Échos, les « partis démagogues ». Inutile de les nommer…
Si l’on avait un doute sur le parti-pris de « C’est la faute à l’Europe ! », Kattalin Landaburu nous l’a enlevé le 16 avril. Dès le début de l’émission avec pour invité Nicolas Dupont-Aignan, le décor est planté : Kattalin Landaburu se réjouit que NDA soit venu débattre avec des « europhiles convaincus ». Trois journalistes « progressistes » face à un « populiste », vous êtes sur le service public de radio-télévision.
Sud-Ouest : défense et illustration des institutions européennes
Un partenariat a été noué entre l’émission de France Info « C’est la faute à l’Europe ! » et le journal Sud-Ouest. On peut le percevoir dans l’orientation de certains articles du quotidien régional : de la défense de la contribution de la France au budget européen à l’impact – qui serait nul — du passage à l’euro sur l’augmentation des prix, en passant par la critique en règle du livre de Philippe de Villiers sur la construction européenne par un « spécialiste de l’Europe », l’orientation pro-institutions européennes est affichée. Comme pour « C’est la faute à l’Europe ! », la défense et l’illustration des institutions européennes est réalisée avec un vernis d’objectivité et de pédagogie.
L’Union européenne à la conquête de l’opinion publique
L’Union européenne n’est pas avare en efforts pour populariser sa cause : Le journal l’Indépendant nous informe le 4 avril que la représentation en France de la Commission européenne a décidé de lancer un nouveau site internet « les décodeurs de l’Europe ». Les argumentaires recoupent parfois ceux de France Info, sur le passage à l’euro, la contribution de la France au budget européen, etc.
Le site « Toute l’Europe », cofinancé par des subventions publiques et des dons privés, a pour ambition de nous faire « tout comprendre » sur les institutions européennes et leurs enjeux. Bien positionnés dans les résultats des moteurs de recherche, plusieurs articles mettent en avant les réalisations de l’Union européenne, en matière de qualité de l’air, de droit social, etc. On trouve sur le site une rubrique de lutte contre les « fausses informations » : « La vérif de toute l’Europe ». Dans un article consacré au premier ministre hongrois Viktor Orban, on apprend que l’Europe ne vit pas de crise migratoire et que l’Union Européenne ne veut pas affaiblir le droit des états membres à défendre leurs frontières… Chacun appréciera….
Arte : manipulation de l’image, stigmatisation et intox
À l’occasion de l’élection des députés européens, la chaine publique franco-allemande s’est mise à la chasse aux idées reçues. Elle entend démonter en douze reportages les préjugés contre l’Union européenne. Une vidéo concerne les partis populistes. Elle est illustrée notamment par des images de black angels. Les partis populistes sont qualifiés de mouvements d’extrême droite « racistes et nationalistes ». Pour contrer l’argument selon lequel « l’Europe est envahie par les migrants », la journaliste nous assène dans un reportage qu’en 2018, seuls 43 000 migrants sont arrivés en Europe. Flagrant délit de mensonge, quand on sait que rien qu’en France, pas moins de 123 000 migrants ont été déposé une demande d’asile l’année dernière… Fastcheckeu : plus c’est gros, plus ça passe
Toujours en vue des prochaines échéances électorales en Europe, 19 médias européens se sont associés au sein d’un réseau international de vérification des faits (fact-checking) : Fastcheckeu. En France, 20 minutes, l’AFP, Libération et Le Monde participent à la mutualisation de ces « informations ». La consultation de différents faits prétendument vérifiés amène à un constat de plus en plus fréquent dans les médias de grand chemin : sous couvert de vérifications de faits, ce sont des affirmations abracadabrantesques sorties d’on ne sait où qui servent de prétexte pour détourner l’attention de l’opinion publique. En témoigne le factchecking sur le prétendu mari du premier ministre luxembourgeois, sur une attaque contre un véhicule de police par des soit-disant musulmans, alors que la scène se passe en Algérie, etc.
On retrouve là une illustration de la technique de la double fenêtre. Pendant que l’attention du lecteur est focalisée sur des bobards grossiers, des questions aussi importantes que le chômage, l’immigration, l’islamisation du continent européen, les frontières passoires, les échanges commerciaux déséquilibrés, etc. ne sont pas traitées.
À l’approche du 26 mai, date de l’élection des députés européens, une certaine frénésie semble s’emparer de plusieurs médias de grand chemin et de bureaucrates européens. À force d’utiliser des ficelles de plus en plus grosses, les vérificateurs de « fake news » et autres vérificateurs de faits, obnubilés par la montée des partis populistes, sont en passe de perdre toute crédibilité.