Après son rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars (autant d’euros), Musk avait franchi les portes du siège social avec un évier en faïence à la main, un sourire hilare sur le visage. Il annonçait un grand nettoyage, dans une entreprise qui en avait bien besoin.
D’abord la tête
Les dirigeants – fermes partisans jusqu’aux boutistes de la censure – sont partis les premiers. Exit Parag Agrawal, le directeur financier, Ned Segal, la responsable des affaires publiques et juridiques, Vijaya Gadde. Dans la foulée, les dirigeants des divisions marketing et publicité, des technologies, des ressources humaines, des produits, de l’éditorial et des ventes. Fermez le ban.
Puis la moitié des jambes
Twitter avait environ 7500 employés. Dans un temps et dans l’enthousiasme (ici la peur) des chiffres, Libération avait annoncé 75% de licenciements. Ce sera plutôt 50% et à l’américaine : les employés reçoivent un email leur signifiant leur départ et l’accès à leurs comptes professionnels est bloqué. Il semblerait que depuis la première salve certains collaborateurs, licenciés par erreur, soient en phase de réintégration. Sans rire, Le Monde parle d’un « bain de sang », au même moment Thierry Breton commissaire européen au marché intérieur annonce très sérieusement que Twitter « devra respecter les normes de l’Union Européenne ». Comprenez que la liberté d’expression sera étroitement contrôlée à Bruxelles, il ne faudrait pas que le bon peuple reçoive de mauvais messages.
Pour autant le nouveau visage de Twitter ne sera connu que dans quelques semaines. Musk annonce vouloir revoir de nouvelles règles de modération et non les supprimer. Il veut également « certifier » les comptes = vérifier leur utilisateur réel, pour 8$ par mois. Une mesure à double tranchant, l’anonymat est une protection contre des sanctions politiques mais un compte avec une identité bien réelle est une garantie de sérieux.
On s’interroge également sur le « retour de Trump ». Celui-ci n’interviendra pas avant les résultats complets des élections de mi-mandat, connus le 9 novembre au plus tôt. Mais Trump qui a lancé « Truth Social », son propre réseau, n’a peut-être pas intérêt à revenir sur Twitter. Remarquons qu’au même moment Meta la maison mère de Facebook s’apprête à licencier plusieurs milliers de collaborateurs. Sale temps pour la Californie.