Quand on exfiltre un peu brutalement un haut fonctionnaire comme Emmanuel Hoog, chassé de la tête de l’AFP, on lui donne une mission rémunérée. C’est ce qui fût fait avec Hoog, nommé en octobre 2018 par le ministère de la Culture « ambassadeur pour le numérique », ambassade transformée en rapport sur la création d’un conseil de déontologie des médias. Un rapport publié fin mars 2019.
Autorégulation et non déontologie
L’aspect un peu vieillot voire moralisant du terme déontologie a été abandonné au profit « d’autorégulation et de médiation des médias ». Ce comité Théodule serait composé de représentants des journalistes, des éditeurs et de la « société civile ». Des sanctions pourraient être émises sous forme d’obligation de publier une décision du conseil sur une infox. A titre d’exemple, les mensonges du Monde sur le Pacte de Marrakech pourraient faire l’objet d’une remontrance publiée en même place et en même caractères dans le journal dans ses versions papier et numérique. Certains diront que nous nous avançons un peu…
Signalements positifs de Google et Facebook
L’adhésion d’un média au Conseil ne serait pas obligatoire, oh que non ! Mais les réseaux sociaux pourraient adopter une « signalétique particulière » ou bien « positionner favorablement » les contenus publiés par les adhérents. C’est le retour partiel déguisé des Décodeurs du Monde dans sa version initiale. Et en pire car les contenus des non-adhérents seraient remisés dans les abysses des réseaux sociaux.
Peu d’enthousiasme
Une partie des syndicats de journalistes sont favorables, d’autres, à titre individuel, très hostiles. Les éditeurs sont franchement contre. La liberté d’expression est déjà menacée de toutes parts par des initiatives publiques (l’État, la nouvelle loi en préparation sur les « discours de haine ») et privées (les GAFAM). Est il indispensable d’en rajouter une couche sous prétexte de protéger le public ? Comme disait ma grand-mère, l’enfer est pavé de bonnes intentions.