À peine élu en 2017, le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, annonçait qu’il ne voulait pas gouverner mais qu’il entendait présider le pays. Une position gaulliste affichée. Mais le costume du premier président de la Ve république devait être trop large : Emmanuel Macron ne cesse de se répandre dans les médias, ce qui lui donne autant d’occasions de se contredire. Illustrations.
Macron candidat : contradictions à gogo
Le manque de constance et de ligne politique claire n’est pas une nouveauté chez Emmanuel Macron.
The Disclaimer a fait sur Dailymotion il y a 3 ans un « best of » des contradictions de celui qui est devenu président de la république française en 2017. 3,26 minutes de propos contradictoires, comme lorsqu’il affirme en 2014 « je suis socialiste et je l’assume ». Lors d’un déplacement au Puy du Fou, il déclare aux côtés de Philippe de Villiers en 2016 « je ne suis pas socialiste ».
À Lyon en février 2017, il affirme : « Il n’y a pas de culture française ».
Plus tard, en compagnie de Pascal Canfin, le directeur général du WWF, le propos n’est plus le même : « on est tous des enracinés ». Dans un discours au Panthéon en septembre 2020, il affirme comme le relate Public sénat : « être français, c’est « aimer nos paysages, notre histoire, notre culture, en bloc, toujours ».
Au sujet de la légalisation du cannabis, s’exprimant au micro de France Inter en septembre 2016 : « Je crois que la légalisation a une forme d’efficacité ». Une fois élu, c’est toujours la même personne qui affirme à un journaliste du Figaro en février 2017 : : « Je ne crois pas à la dépénalisation des petites doses ni aux peines symboliques. Cela ne change rien. ».
La position d’Emmanuel Macron sur la colonisation est également difficile à suivre.
Répondant à un journaliste du Point en novembre 2016, il déclare : « En Algérie, il y a eu la torture mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’était la réalité de la colonisation. »
En Algérie, lors d’une interview à la chaine algérienne Echorouk News le 15 février 2017, le jugement est sans appel : il y assimile la colonisation à « un crime contre l’humanité ».
Macron élu, ça continue
Contradiction un jour, contradictions toujours, pourrait-on dire du président qui semble changer son discours en fonction de la personne avec laquelle il parle.
Le 20 juillet 2017, le président nouvellement élu s’empresse d’aller rompre le jeune dans une mosquée. Il déclare et poste sur son compte Twitter : « L’Iftar est un moment de partage. Je le partage avec la communauté musulmane française ». Toujours sur Twitter, le 29 octobre 2020, la parole présidentielle est toujours aussi définitive et grandiloquente :
En France, il n’y a qu’une communauté, c’est la communauté nationale.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 29, 2020
En plein débat sur les violences policières et constatant que des membres de son gouvernement sont allés un peu trop loin, notamment le ministre de l’intérieur prêt à mettre un genou à terre, il fait un appel du pied à la droite. France inter relate une partie de ses propos lors d’une allocution télévisée le 14 juin 2020 : « la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues».
Serge Dutilleul a suivi l’interview du président de la République au média Brut le 4 décembre 2020. Il réagit sur Twitter :
J’allume la télé et je lis en bandeau “Il y aura des noms de rues à changer” ! Alors, on en est là ? Après, “on ne déboulonnera aucune statue” et en avoir déboulonnées, on continue dans la soumission et la haine de notre Histoire ? Honte à #Macron ! #Brut
— Serge Dutilleul (@SergeDutilleul) December 4, 2020
Les frontières pas si inutiles
Valeurs actuelles souligne en février 2020 que Macron ironise sur la volonté de Marine Le Pen de fermer les frontières : « N’en déplaise à certains, le virus ne connaît pas ces limites administratives ».
Quelques jours plus tard, SortiràParis nous annonce que « lors de son allocution, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé lundi 16 mars 2020 la fermeture totale des frontières françaises avec les pays limitrophes de l’Union Européenne ainsi que celles de l’Espace Schengen ».
Le premier décembre 2020, Le Figaro nous informe qu’ « Emmanuel Macron annonce des «mesures restrictives et dissuasives» pour les Français voulant skier à l’étranger à Noël ». Inutiles frontières pour la circulation du virus, vous aviez dit ?
Parfois, les contradictions sont révélées par les médias, comme L’Opinion qui pointe le 12 octobre « les contradictions de Macron » concernant la promesse de ne pas augmenter les impôts et, « en même temps », celle de reprendre des propositions de la convention citoyenne qui alourdissent les prélèvements obligatoires.
Macron a toujours le soutien de l’oligarchie. Ainsi sa stratégie illisible sur la réforme des retraites est selon Les Échos le 25 novembre 2019 « le pari des contradictions constructives ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites…
On aurait pu continuer ce florilège. En guise de conclusion, ces quelques lignes sur le site du Huffpost. Elles ont été écrites en 2017, mais elles restent d’une actualité brulante :
« Ce qui frappe le plus quand on écoute Emmanuel Macron, c’est sa capacité à occuper l’espace sur l’ensemble des sujets sans que le propos puisse d’aucune façon être traductible dans l’action. Cette déconnexion profonde de l’intelligence du faire semble lui ouvrir un pass illimité dans le registre de l’audace: qu’importe le message pourvu qu’il soit bien dit, bien récité, bien ressenti, sûr de lui. C’est l’espérance folle de l’élève fainéant qui croit que la musique suffira à lui faire réciter ses tables de multiplication ».