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En Allemagne aussi, l’AfD est boudée par les médias

4 juillet 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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En Allemagne aussi, l’AfD est boudée par les médias

Temps de lecture : 4 minutes

Une étude de l’hebdomadaire Junge Freiheit le prouve : l’AfD est systématiquement écartée des talk-shows sur les chaînes télévisées allemandes ARD et ZDF. Actuellement, les Verts et la gauche y sont nettement surreprésentés. Comment les chaînes expliquent-elles leur boycott ?

Le 20 septembre 2022, champagne à l‘AfD

L’année dernière, pour la pre­mière fois, un per­son­nage poli­tique de l’AfD avait pu pren­dre place dans l’un des talk-shows à forte audi­ence des chaînes ARD et ZDF. L’invitée était Alice Wei­del, chef de l’AfD; elle débat­tait sur le thème de la guerre en Ukraine avec Marie-Agnes Strack-Zim­mer­mann, mem­bre du FDP, dans l’émission de San­dra Maischberger.

En novem­bre, c’était Tino Chru­pal­la, égale­ment de l’AfD, qui avait eu lui aus­si l’occasion de pren­dre part à l’émission de Markus Lanz sur le même sujet.

Invités politiques sur ARD et ZDF : l’AfD reste loin derrière

Les rédac­teurs et les directeurs de chaîne rechig­nent depuis longtemps à inviter l’AfD à leurs débats poli­tiques, alors que celle ci se trou­ve actuelle­ment à 15 % dans les sondages. […]

Junge Frei­heit analy­sait à l’époque la fréquence des inter­ven­tions des poli­tiques alle­mands dans les dif­férents talk-shows sur ARD et ZDF comme “Hart aber Fair”, “Mais­chberg­er”, “Maybrit Ill­ner”, “Markus Lanz” et “Anne Will”.

Un résul­tat sans équiv­oque : l’AfD en était large­ment écartée. La CDU/CSU y était elle aus­si sous-représen­tée. En revanche, le SPD, les Verts et le Par­ti de gauche s’y trou­vaient sur­représen­tés. Au cours de l’année dernière au total, les politi­ciens des par­tis représen­tés au Bun­destag ont été invités 457 fois dans les talk-shows poli­tiques en 2022.

Sur ce total, 125 ont été attribués à la CDU et à la CSU, 129 au SPD, 100 aux Verts, 67 au FDP et 34 au par­ti de gauche. La par­tic­i­pa­tion de l’AfD aux émis­sions télévisées n’était que de 0,432 %.

Une question de Junge Freiheit

Cette même année, Junge Frei­heit avait demandé aux chaînes pourquoi l’AfD restait à l’écart, et si une telle pra­tique était com­pat­i­ble avec le principe même d’égalité.“Les talk-shows ne sont pas des “par­lements de sub­sti­tu­tion“, cla­mait ARD pour jus­ti­fi­er la mise à l’écart de l’AfD. “Les invi­ta­tions se font “en fonc­tion des thèmes” et selon des “critères pure­ment jour­nal­is­tiques”. Et les dif­férents par­tis ne sont ni favorisés ni désa­van­tagés en soi”.
 
La ZDF déclarait pour sa part que les invités devaient avoir “des posi­tions et des per­spec­tives dif­férentes sur les sujets choi­sis, être issus du monde poli­tique, de la sci­ence, du jour­nal­isme, ou être des citoyens engagés et impliqués”.
 
“Grâce à des “débats de fond”, les téléspec­ta­teurs peu­vent se faire une opin­ion et remet­tre en ques­tion les idées émis­es. Il n’est toute­fois pas tou­jours pos­si­ble de ren­dre compte de manière exhaus­tive de toutes les opin­ions qu’on pour­rait avoir dans une seule émission “.
 
La chaîne indi­quait en out­re que les émis­sions d’information et les mag­a­zines d’actualité “devaient ren­dre compte du con­tenu de l’actualité et des posi­tions des par­tis représen­tés au Bun­destag”. Crédi­ble, étant don­né que l’AfD ne représente que 0,4 % des hommes poli­tiques invités ?

 Junge Frei­heit s”était égale­ment ren­seigné directe­ment auprès des rédac­tions de ces chaînes de télévi­sion, mais avait seule­ment obtenu la réponse qu’il n’y avait “rien à ajouter aux déc­la­ra­tion faites par ARD et ZDF”.

Absence de débats de fond

Pour Leif-Erik Holm, député de l’AfD, “les vraies dis­cus­sions ne sont plus engagées”. Holm lui-même était jour­nal­iste et ani­ma­teur radio avant sa car­rière au sein du par­ti, il avait col­laboré un temps avec la chaîne de télévi­sion NDR après la chute du mur.Selon lui, “La préférence poli­tique des jour­nal­istes déter­mine les con­tenus. Cela vaut égale­ment pour les talk-shows”. […] Il concluait :

Les vrais débats poli­tiques ne sont plus menés. On l’a vu avec le Covid, et on le voit à nou­veau avec la guerre en Ukraine ou encore avec la “fameuse” crise énergé­tique. Mais à quoi bon débat­tre si tout le monde est du même avis ?”

Source : Junge Frei­heit. Trad. Nico­las Faure

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