Une étude de l’hebdomadaire Junge Freiheit le prouve : l’AfD est systématiquement écartée des talk-shows sur les chaînes télévisées allemandes ARD et ZDF. Actuellement, les Verts et la gauche y sont nettement surreprésentés. Comment les chaînes expliquent-elles leur boycott ?
Le 20 septembre 2022, champagne à l‘AfD
L’année dernière, pour la première fois, un personnage politique de l’AfD avait pu prendre place dans l’un des talk-shows à forte audience des chaînes ARD et ZDF. L’invitée était Alice Weidel, chef de l’AfD; elle débattait sur le thème de la guerre en Ukraine avec Marie-Agnes Strack-Zimmermann, membre du FDP, dans l’émission de Sandra Maischberger.
En novembre, c’était Tino Chrupalla, également de l’AfD, qui avait eu lui aussi l’occasion de prendre part à l’émission de Markus Lanz sur le même sujet.
Invités politiques sur ARD et ZDF : l’AfD reste loin derrière
Les rédacteurs et les directeurs de chaîne rechignent depuis longtemps à inviter l’AfD à leurs débats politiques, alors que celle ci se trouve actuellement à 15 % dans les sondages. […]
Junge Freiheit analysait à l’époque la fréquence des interventions des politiques allemands dans les différents talk-shows sur ARD et ZDF comme “Hart aber Fair”, “Maischberger”, “Maybrit Illner”, “Markus Lanz” et “Anne Will”.
Un résultat sans équivoque : l’AfD en était largement écartée. La CDU/CSU y était elle aussi sous-représentée. En revanche, le SPD, les Verts et le Parti de gauche s’y trouvaient surreprésentés. Au cours de l’année dernière au total, les politiciens des partis représentés au Bundestag ont été invités 457 fois dans les talk-shows politiques en 2022.
Sur ce total, 125 ont été attribués à la CDU et à la CSU, 129 au SPD, 100 aux Verts, 67 au FDP et 34 au parti de gauche. La participation de l’AfD aux émissions télévisées n’était que de 0,432 %.
Une question de Junge Freiheit
Cette même année, Junge Freiheit avait demandé aux chaînes pourquoi l’AfD restait à l’écart, et si une telle pratique était compatible avec le principe même d’égalité.“Les talk-shows ne sont pas des “parlements de substitution“, clamait ARD pour justifier la mise à l’écart de l’AfD. “Les invitations se font “en fonction des thèmes” et selon des “critères purement journalistiques”. Et les différents partis ne sont ni favorisés ni désavantagés en soi”.
La ZDF déclarait pour sa part que les invités devaient avoir “des positions et des perspectives différentes sur les sujets choisis, être issus du monde politique, de la science, du journalisme, ou être des citoyens engagés et impliqués”.
“Grâce à des “débats de fond”, les téléspectateurs peuvent se faire une opinion et remettre en question les idées émises. Il n’est toutefois pas toujours possible de rendre compte de manière exhaustive de toutes les opinions qu’on pourrait avoir dans une seule émission “.
La chaîne indiquait en outre que les émissions d’information et les magazines d’actualité “devaient rendre compte du contenu de l’actualité et des positions des partis représentés au Bundestag”. Crédible, étant donné que l’AfD ne représente que 0,4 % des hommes politiques invités ?
Junge Freiheit s”était également renseigné directement auprès des rédactions de ces chaînes de télévision, mais avait seulement obtenu la réponse qu’il n’y avait “rien à ajouter aux déclaration faites par ARD et ZDF”.
Absence de débats de fond
Pour Leif-Erik Holm, député de l’AfD, “les vraies discussions ne sont plus engagées”. Holm lui-même était journaliste et animateur radio avant sa carrière au sein du parti, il avait collaboré un temps avec la chaîne de télévision NDR après la chute du mur.Selon lui, “La préférence politique des journalistes détermine les contenus. Cela vaut également pour les talk-shows”. […] Il concluait :
“Les vrais débats politiques ne sont plus menés. On l’a vu avec le Covid, et on le voit à nouveau avec la guerre en Ukraine ou encore avec la “fameuse” crise énergétique. Mais à quoi bon débattre si tout le monde est du même avis ?”
Source : Junge Freiheit. Trad. Nicolas Faure