« En quête de politique », Thomas Legrand fait dans le copinage anti identitaire

Diffusée et mise en ligne le 13 avril 2024, toujours disponible, à l’instar de l’ensemble des podcasts de l’émission, l’épisode de l’émission de Thomas Legrand En quête de politique, sur France Inter, consacré à « L’identitarisme, un isme qui monte » et à la figure de Dominique Venner est un exemple presque caricatural de la réalité propagandiste dans laquelle sombre la radio dite de service public. Pour cet épisode, les deux invités sont d’ailleurs Renaud Dély, qui travaille à l’étage en dessous de celui de Thomas Legrand, et Michaël Foessel, le premier, journaliste de gauche, le second, philosophe de gauche. Le tout animé par un présentateur de gauche.

La présentation de l’épisode sur le site de France Inter se passe de commentaires

L’obsession de l’identité a envahi le champ poli­tique. La ques­tion qui fait débat ne sem­ble plus être « ou voulons nous aller ? », « quel monde voulons-nous con­stru­ire ? » mais plutôt, « qui sommes-nous ? » et « com­ment rester nous-même ? ». La fin des grands sché­mas de pen­sée, des grilles de lec­ture cohérentes, après la chute du mur, la mon­di­al­i­sa­tion, l’interconnexion de tous et de tout, la crise de la représen­ta­tion dans les Etats nations démoc­ra­tiques, le retour des pop­ulismes et leur obses­sion du bouc-émis­saire, la nou­velle vivac­ité religieuse. Tout est réu­ni pour que l’identitarisme devi­enne la matrice de la vie poli­tique par­ti­sane, même si ce n’est sans doute pas une préoc­cu­pa­tion si fon­da­men­tale et spon­tanée des peu­ples. Mais il est plus facile, pour tous ceux qui veu­lent con­quérir le pou­voir, d’agiter la ques­tion « qui sommes-nous ? » Et « qui sont nos enne­mis ? » que de définir un cap et pro­pos­er des réformes qui nous per­me­t­traient d’affronter un avenir incer­tain. L’identitarisme infuse, à des degrés divers, tous les camps poli­tiques. Thomas Legrand et son pre­mier invité présen­tent Dominique Ven­ner, peu con­nu du grand pub­lic, il était un pur iden­ti­taire, raciste et intel­lectuel. Il est mort en 2013 dans des con­di­tions « spec­tac­u­laires ». Son œuvre, obses­sion­nelle et para­noïaque, con­stitue pour beau­coup d’identitaires et de respon­s­ables d’extrême droite, un réser­voir à idées et à con­cepts. Cepen­dant il ne faut pas con­fon­dre l’identitarisme et l’amour de la France. Quant au sec­ond volet de l’émission, il s’attache à por­trai­tis­er l’autre vis­age de l’i­den­ti­tarisme de cette pièce de Janus car il ne faut pas con­fon­dre l’identitarisme éthique et l’identité de la France qui peut être ouverte et basée sur de tout autres sentiments.

Une émission de promotion pour Renaud Dély (d’opinion)

Quand Thomas Legrand décide de met­tre en œuvre cette émis­sion con­sacrée aux idées iden­ti­taires, en effet de plus en plus impor­tantes et intéres­santes, tant en Europe qu’en France, son invité (et proche) Renaud Dély (plaisam­ment surnom­mé « délit d’opinion ») vient de faire paraître L’assiégé, ouvrage qui se veut biogra­phie de Dominique Ven­ner, fig­ure de proue des idées iden­ti­taires en France. L’émission résume d’ailleurs son exis­tence, jeunesse, ado­les­cence, engage­ment dans l’armée pour défendre l’Algérie française, engage­ment mil­i­tant dans des mou­vances qual­i­fiées par Legrand et Dély « d’extrême-droite », retrait de la vie poli­tique au prof­it d’une vie d’intellectuel, d’écrivain et d’historien, sui­cide (« mort volon­taire », pour Dominique Ven­ner, en forme de sac­ri­fice) dans Notre-Dame de Paris en 2013… L’homme a lais­sé un héritage intel­lectuel mais aus­si pra­tique en deman­dant à ses mil­i­tants de créer une struc­ture iden­ti­taire con­crète : c’est l’Institut Iliade.

Voir aus­si : Thomas Legrand, portrait

Appel à l’étage du dessous

Thomas Legrand et Renaud Dély, copinage ? Début de l’émission :

« Dominique Ven­ner, un livre pas­sion­nant lui est con­sacré. Son titre, L’assiégé, chez Jean-Claude Lat­tès. Son auteur, notre con­frère de l’étage du dessous de la Mai­son de la Radio, Renaud Dély de France Info, entre autres, très bon spé­cial­iste de l’extrême droite. Il a pris l’ascenseur et il est mon­té nous voir ».

C’est par­ti pour une heure de pro­mo­tion du livre de Renaud Dély. Pour ce dernier, Dominique Ven­ner serait l’homme ayant inven­té « l’extrême droite mod­erne ». Dély note aus­si que Ven­ner serait l’un des pre­miers à utilis­er le con­cept de Grand Rem­place­ment. Une idée « raciste », dit-il. Le jour­nal­iste déroule alors sa vision des idées de Ven­ner, en par­ti­c­uli­er de « son obses­sion, la défense de la race blanche », sous le regard et devant les oreilles gour­man­des de Thomas Legrand, lequel n’a qu’à laiss­er le bavardage habituel de Dély s’exprimer. Il le cor­rige de temps à autre quand le jour­nal­iste est fort imprécis.

La croisade de France Inter

L’important n’est pas de détailler les dires des deux pre­miers inter­venants, pas plus que ceux du troisième. Ils ne sont pas par­faits. Cepen­dant, il n’est pas inutile de décon­seiller à qui veut faire con­nais­sance avec Dominique Ven­ner, à com­mencer par de jeunes gens, d’écouter cette émis­sion. Il vaut mieux lire les prin­ci­paux ouvrages de Ven­ner (par exem­ple Un Samouraï d’occident et Le Coeur rebelle). Bien évidem­ment, Thomas Legrand laisse Renaud Dély dévelop­per son argu­men­taire visant à démon­tr­er que le Rassem­ble­ment nation­al et Recon­quête seraient les descen­dants des idées « racistes » de Dominique Ven­ner. N’est-ce pas le but de l’émission ? Faire mine de par­ler d’un sujet afin de lut­ter con­tre les idées que les médias de grand chemin qual­i­fient quo­ti­di­en­nement d’extrême-droite ? Une spé­cial­ité de France Inter.

Voir aus­si : Renaud Dély, portrait