Cela fait 35 ans que le quotidien La Croix (avec l’institut Kantar depuis quelques années) ausculte les relations de confiance/défiance avec leurs médias. Notre commentaire sur l’édition 2021 est ici mais passons au baromètre 2022.
Une enquête sérieuse
Contrairement à de nombreuses enquêtes qui se font à la va-vite par téléphone avec du personnel payé au lance-pierre, l’enquête de Kantar a été faite en face-face auprès d’un échantillon représentatif de 1016 personnes à leur domicile, un gage de solidité des résultats même si on doit toujours prendre une marge d’erreur de quelques %.
Un effondrement de l’intérêt pour l’actualité
Devinette, 2022 en France c’est l’année de…? Non, ce n’est pas l’année du Covid comme les précédentes, c’est l’année de l’élection présidentielle pierre angulaire de la politique en France suivie des élections législatives. Normalement des facteurs d’une attention soutenue pour l’actualité. Pourtant l’intérêt pour celle-ci s’effondre.
Intérêt global pour l’actualité :
2005 | 76% |
2006 | 70% |
2022 | 62% |
Pire, chez les 18/24 ans l’intérêt pour l’actualité est à 38%, la moitié de l’échantillon global, une véritable fuite.
Télévision pour les vieux, internet pour les jeunes
Globalement la télévision reste le premier moyen d’information (48%), preuve que si la télé de papa vue en famille est morte, le streaming et l’information télévisuelle en continu restent les premiers canaux d’information. Avec un bémol par classe d’âge, la télévision reste le premier moyen d’information pour 55% des plus de 35 ans alors que pour les moins de 35 ans c’est internet à 66%. La radio est loin derrière avec 13%, ne parlons pas de la presse écrite papier avec 6% et …2% chez les moins de 35 ans qui ont abandonné le papier.
Des espoirs déçus dans les médias et les journalistes
Au total les sondés considèrent que les médias sont essentiels au bon fonctionnement de la démocratie à près de 90%. Ils considèrent aussi que la liberté de la presse et des médias, le pluralisme sont des facteurs importants à plus de 77%.
Pourtant, alors que la cote de confiance dans les médias et dans les journalistes est en moyenne de 59% en Europe, elle n’est que de la moitié (29%) en France. De quoi donner d’utiles réflexions à la caste journalistique – non pas dans son ensemble – mais pour sa majorité libérale libertaire fonctionnant en vase clos.