Rediffusion estivale. Première diffusion le 3 novembre 2021
Samedi 30 octobre 2021, les partisans d’Éric Zemmour, et plus largement ceux qui veulent en savoir plus sur le probable candidat à l’élection présidentielle, se sont retrouvé lors d’un meeting à Nantes. Quelques gauchistes avaient pour l’occasion décidé d’organiser une manifestation qui a vite dégénéré. Pour couvrir l’évènement, l’AFP a distribué de bien curieux éléments de langage à la presse régionale et nationale.
Zemmour est la cible
Le franc parler et la force de conviction d’Éric Zemmour dérangent. Certains gauchistes doivent se douter qu’il y a péril en la demeure pour le désordre organisé dont ils sont les zélés promoteurs si l’essayiste parvient au pouvoir. Dans ce cadre, les « incidents » qui ont marqué le meeting d’Éric Zemmour étaient prévisibles. Les choses avaient mal commencé dès l’annonce de la manifestation anti-Zemmour, avec des affiches mettant en cible l’ancien invité phare de « Face à l’info » sur CNews. Un appel au meurtre en bonne et due forme. Cela amenait Stéphane Pilard à commenter sur Twitter :
Confirmation que l’extrême gauche à Nantes à tous les droits au point de mettre une cible sur la tête d’@ZemmourEric dont le seul crime est de défendre des idées de droite .
Tout simplement un appel au meurtre, le tout sans aucune réaction du gouvernement. Indigne! pic.twitter.com/6ZAqRgrFGs— Sebastien Pilard (@spilard) October 28, 2021
Mais l’on n’avait encore rien vu ni surtout rien lu.
Les black blocs attaquent la police, les pro-Zemmour sont-ils de la partie ?
Le jour du meeting, la fine fleur de l’extrême gauche et des punks à chien s’est retrouvée pour manifester son opposition non seulement aux idées défendues par Éric Zemmour, mais également à la tenue de la réunion publique. Mais nos amis de la liberté d’expression ne se sont pas arrêtés là.
Comme en témoigne la vidéo mise en ligne par Jules Torres, les manifestants s’en sont rapidement pris aux forces de l’ordre. L’un des casseurs a attaqué violemment une voiture de police en circulation.
Éric Zemmour à Nantes. Malgré une grosse présence de forces de l’ordre, une centaine d’antifas viennent perturber la conférence de Zemmour, qui doit débuter d’ici une heure. pic.twitter.com/BJnsBjVz7D
— Jules Torres (@JulesTorres17) October 30, 2021
Les black blocs ont également interrompu à grand danger la circulation sur une voie rapide voisine. Cela amenait Juliette Briens à constater sur Twitter que « les gros cas sociaux ont bu tellement de 8.6 qu’ils n’arrivent pas à courir droit ».
https://twitter.com/Juliette_Briens/status/1454503223889440774
Voir aussi : Qui sont les black blocs… ? La question pavlovienne des médias officiels
L’AFP et la disqualification par association
On se souvient de l’étrange mansuétude des forces de l’ordre pour les black blocs infiltrés lors de certaines manifestations des gilets jaunes. Leurs violences ont abouti par un savant amalgame à couvrir d’opprobre ce mouvement. La leçon ne semble pas oubliée pour tout le monde.
Le succès d’Éric Zemmour dans les sondages et plus largement lors de ses déplacements doit inquiéter une frange non négligeable d’une partie du clergé médiatique. Les éléments de langage distribués par l’AFP pour relater les rixes survenues à l’occasion de la manifestation des gauchistes sont en tous points édifiants :
« Heurts et pro et anti Zemmour à Nantes » pour Le Point
« Des heurts entre pro et anti Zemmour avant un meeting » pour Nice Matin
Toujours aussi imaginatif, le Huff Post titre « A Nantes, des heurts entre pro et anti Zemmour ».
C News y est allé du même couplet avant de supprimer son titre hasardeux. Mais n’est-ce pas la première impression qui compte ? Parmi les médias de grand chemin, Le Figaro sauve l’honneur en désignant les agresseurs, les antifas, et les agressés, la police, tout en précisant que ces événements ont été en marge d’un meeting de Zemmour.
Les casseurs et les participants au meeting de Zemmour tous impliqués dans les violences ?
De nombreux médias ont donc repris sans aucune vérification la dépêche de l’AFP, sans avoir pu apporter le début d’une preuve de l’implication des participants au meeting de Zemmour à ces violences.
Quel était le but recherché en faisant ce savant amalgame ?
La lecture d’un article récent du Nouveau conservateur peut apporter un éclairage à ce sujet.
François Martin y analyse les moyens à disposition du président de la République pour discréditer celui qui pourrait devenir son challenger : en résumé, accuser Éric Zemmour d’être responsable de la montée de la violence pour le disqualifier, quand bien même il n’aurait aucune responsabilité en la matière.
« Ce sera la même méthode, avec une variante, que celle employés contre les Gilets Jaunes, et un peu contre Philippot : enfoncer le coin, avec l’appui de prétendus « suprémacistes », de casseurs et des médias (BFM en tête), entre les classes populaires qui voteront pour lui et les classes bourgeoises (4), et resserrer ces dernières, terrorisées, autour du pouvoir comme les poussins sous les ailes de la poule. Une variante aussi du « Le fascisme ne passera pas », employé jusqu’à la nausée contre le FN et le RN. On utilisera tout ce qu’il faut, y compris des excités des quartiers, des supplétifs black blocs et certains services « action » para-étatiques, pour créer des bagarres et des émeutes, entretenir la violence et monter le procès. On voit déjà venir le coup, comme si c’était fait. Pourquoi Emmanuel Macron s’en priverait-il, puisque la vieille recette marche si bien, et depuis si longtemps ? Face à un adversaire qui rentre dans votre cave et s’écrie « Pourquoi y a‑t-il autant de dynamite ? », quoi de plus simple, pour l’accuser, que d’allumer soi-même les mèches ? ».
Dans cette stratégie, l’AFP ne semble pas être le moindre des alliés du président de la République. Les prochains événements nous diront si les médias aux ordres emploieront toujours ce procédé usé jusqu’à la corde mais toujours efficace, la disqualification par association.
Voir aussi : Comment l’AFP formate la presse française, l’exemple LGBT