Première diffusion le 30/11/2021
Durant la dernière fin de semaine de novembre 2021, Éric Zemmour est allé à la rencontre des Marseillais. Les médias de grand chemin ont pour l’occasion suivi le possible candidat à l’élection présidentielle. Mais selon leur ligne éditoriale, la couverture de cet événement a été très différente. Ce qui amène à se demander si les journalistes des différents titres ont bien été témoins du même déplacement de l’ancien journaliste de CNews.
Le bulletin météo du Parisien
Le Parisien, le très macronien journal de Bernard Arnault, avait à l’occasion du déplacement d’Éric Zemmour à Marseille dépêché sur place un envoyé spécial. Voilà qui augurait une couverture journalistique au plus près des évènements. Mais dès le titre de l’article paru le 28 novembre, le ton était donné : « Éric Zemmour à Marseille : l’accueil glacial de la cité phocéenne ». En fait de couverture, le journaliste, Quentin Laurent, n’a visiblement cherché à présenter que les éléments appuyant sa vision de l’événement : chaque étape de la visite d’Éric Zemmour aurait été une déconvenue.
Sa visite dans les rues de Marseille ? « il file plus qu’il ne déambule dans des allées désertes ».
Son déplacement à Notre-Dame-de-la-Garde, ? Elle est « vide de rencontres ».
L’article, qui ne peut pas passer sous silence les manifestations hostiles de militants d’extrême gauche, se termine par une allusion à la vie privée du candidat. On apprend qu’il esquive de répondre à la question sur « les conséquences politiques de la révélation faite par le magazine Closer de la grossesse supposée de sa proche conseillère, Sarah Knafo ».
Les quartiers de Marseille comme au bled, la délinquance endémique, les cités de non droit gangrénées par la drogue, l’immigration qui ne cesse d’augmenter ? tous ces éléments de contexte ont échappé à l’envoyé spécial bien peu téméraire du Parisien, qui n’aura cherché qu’à appuyer là où ça fait mal…
La presse quotidienne comme un banc de poissons
Comme un banc de poissons, d’autres médias de grand chemin ont multiplié les articles couvrant négativement le déplacement d’Éric Zemmour à Marseille :
« Visite chahutée, doigt d’honneur, la campagne de Zemmour en pleine tourmente » pour Le Courrier Picard et Challenge, dans des articles écrits par l’AFP.
L’occasion était trop belle pour que Libération ne manque pas de souligner : « Le déplacement calamiteux de Zemmour à Marseille se termine par un échange de doigts d’honneur ».
Le quotidien l’Indépendant a assisté à « une visite à Marseille à deux “doigts” de mal tourner ».
Pour parachever le tout, le JDD souligne que des sympathisants d’Éric Zemmour s’éloigneraient du possible candidat à la présidentielle : « Pourquoi ils s’éloignent de Zemmour ». On aura à ce stade compris qu’il est important de hurler avec les loups, alors qu’il y a quelques jours encore, ces médias parlaient du « phénomène Zemmour ».
Le Figaro a constaté qu’Éric Zemmour a été pisté par des militants d’extrême gauche
Bien que le journal Le Figaro ait écrit un article sur le premier jour du déplacement d’Éric Zemmour à partir d’une dépêche de l’AFP, la couverture qu’il en fait est bien différente des autres titres de la presse quotidienne.
Certes, on n’échappe pas à l’habituel registre sémantique disqualifiant : Éric Zemmour serait un « polémiste ». Mais l’on apprend que l’essayiste a dû changer son itinéraire de visite à Marseille en raison de nombreuses manifestations qui y étaient organisées. Son entourage accuse d’ailleurs « des médias » d’avoir transmis son programme à des « organisations en relayant les appels à la violence contre Éric Zemmour ».
Le quotidien fait la longue liste des manifestations destinées à empêcher le journaliste de s’exprimer : à la gare de Marseille, dès son arrivée (qui a finalement eu lieu à Aix-en-Provence), dans le quartier du Panier, où une élue municipale lui assure au sujet des manifestants : « Ce n’est pas des Marseillais, c’est des militants », près de la Canebière, le soir du 26 novembre, où des manifestants ont tiré « des fusées d’artifice ». Le même jour, on apprend que le restaurant où a diné Éric Zemmour a fait l’objet de « dégradations ».
Pour compléter la couverture de la visite du journaliste à Marseille, un autre article du Figaro souligne que « La visite chahutée de Zemmour à Marseille se termine par un échange de doigts d’honneur ». De nouveau, un élément de contexte majeur est donnée : « des manifestations d’antifas dans les rues de Marseille avaient déjà gêné la déambulation du polémiste ».
La liberté d’expression en question
Les médias de grand chemin ont donc, à l’exception notable du Figaro, pris le parti de traiter le déplacement d’Éric Zemmour à Marseille sous l’angle exclusif de ses déplacements contrariés . Un autre angle aurait pu être celui de l’intolérance de groupuscules qui s’emploient à faire taire toute opinion qui leur déplait. Mais il n’a pas été retenu.
Il y avait pourtant de la matière :
- Les nombreuses manifestations, parfois violentes, dans Marseille, pour empêcher qu’Éric Zemmour puisse visiter la ville normalement et rencontrer ses habitants.
- La manifestation d’intimidation d’antifas en gare de Marseille à l’occasion de son départ. Onestrien souligne sur Twitter que c’est « Une belle image de la France actuelle, ou des #fascistesvertetrouge, nommés #Antifas, veulent dicter leurs lois… ».
- Le restaurant où Éric Zemmour a diné vandalisé : il faut aller chercher les photos des exactions sur les réseaux sociaux pour en mesurer l’ampleur.
- Le courrier d’intimidation et de menaces qu’a reçu Quentin, un jeune militant pro-Zemmour, comme celui-ci le relate sur Twitter le 27 novembre en commentant : « Voilà le prix à payer quand on est de droite et patriote aujourd’hui en France. J’ai évidemment porté plainte. Ces petites racailles néo soixante-huitardes en manque de sensations et aux méthodes plus que compromettantes ne nous feront pas taire. »
- Dernier exemple en date : la volonté de certaines organisations d’extrême gauche de faire taire purement et simplement Éric Zemmour lors d’une manifestation organisée à Paris le 5 décembre. Le mot d’ordre est explicite : « Paris fera taire Zemmour ».
Bien qu’Éric Zemmour rencontre une audience certaine auprès d’une partie de l’opinion publique, les éléments accréditant une volonté manifeste de le faire taire s’accumulent. Mais ces atteintes à la liberté d’expression n’ont pas l’heur de retenir l’attention de nos éminents journalistes. On aura bien compris qu’en fait de couverture journalistique de la campagne d’Éric Zemmour, nous n’aurons droit qu’aux réquisitoires à charge de petits procureurs.