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Espagne : Pedro Sánchez compte se battre « contre la désinformation » avec l’aide des fonds de l’UE

29 août 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Espagne : Pedro Sánchez compte se battre « contre la désinformation » avec l’aide des fonds de l’UE

Temps de lecture : 4 minutes

Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé à l’été 2024 plusieurs mesures pour combattre la désinformation, comme le rapportent plusieurs médias. La popularité du chef du gouvernement reste entachée depuis la loi d’amnistie visant à le maintenir au pouvoir grâce à l’obtention de plus d’appuis en annulant « d’un coup de baguette de nombreuses atteintes à la loi espagnole, en particulier liées au référendum illégal pour l’indépendance de la Catalogne » comme le rapportait cet article de l’OJIM le 4 janvier 2024.

Le prétexte de l’U.E. protection contre la Russie

À l’échelle de l’Union européenne, il sem­blerait que le com­bat con­tre la dés­in­for­ma­tion fasse par­tie des pri­or­ités actuelles. Il s’agit plus pré­cisé­ment de faire face aux ingérences étrangères, à com­mencer par la Russie dont l’Allemagne serait la pre­mière cible. « Les cyber-attaques et les cam­pagnes de dés­in­for­ma­tion et de pro­pa­gande menées par des acteurs étrangers — prin­ci­pale­ment la Russie — dans le but de désta­bilis­er et d’en­gen­dr­er le chaos sont con­stantes. » Pour le quo­ti­di­en El País, « l’Union européenne fait face à la guerre hybride » et « la Com­mis­sion européenne pré­pare un pro­jet de réseau de vérifi­ca­teurs européens inspiré des mod­èles exis­tants en France et en Suède. » 

Sanchez érode la liberté de la presse

Néan­moins, l’initiative de Pedro Sánchez s’annonce plus préoc­cu­pante étant don­né les expéri­ences antécé­dentes du pre­mier min­istre face à la dés­in­for­ma­tion. Dans un arti­cle du 18 décem­bre 2020, l’OJIM avait partagé les inquié­tudes de Reporters Sans Fron­tières, qui esti­maient « la lib­erté de la presse men­acée par la procé­dure du gou­verne­ment con­tre la dés­in­for­ma­tion ». « Nous déplorons qu’une mesure aux ter­mes aus­si impré­cis con­stitue le fonde­ment d’une lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion. Partout dans le monde, nous dénonçons les lois cen­sées lut­ter con­tre les fake news qui, en réal­ité, visent à éroder la lib­erté de la presse à tra­vers une ambiguïté délibérée » avait déclaré à l’époque le prési­dent de Reporters Sans Fron­tières Espagne, Alfon­so Armada.

Nouvelles censures à venir

Con­cer­nant les nou­velles mesures, l’agence de presse Reuters résume ain­si la sit­u­a­tion, en anglais :

« L’Es­pagne a annon­cé mer­cre­di des mesures visant à frein­er la prop­a­ga­tion des fauss­es nou­velles, une ini­tia­tive cri­tiquée par l’op­po­si­tion con­ser­va­trice du pays comme une ten­ta­tive de cen­sur­er les médias critiques. »

Pedro Sánchez a notam­ment pro­posé de nou­velles lois visant à impos­er des règles strictes d’indépendance aux médias mais a aus­si « pro­posé d’ex­iger des médias qu’ils iden­ti­fient tous les action­naires ayant une influ­ence sur la poli­tique édi­to­ri­ale » et surtout « annon­cé une sub­ven­tion de 100 mil­lions d’eu­ros (109 mil­lions de dol­lars) pour aider les médias tra­di­tion­nels à pass­er au numérique » en prove­nance des fonds européens. « “Sans médias gra­tu­its de qual­ité, il n’y a pas de démoc­ra­tie”, a déclaré le Pre­mier min­istre social­iste Pedro Sanchez dans un dis­cours ».

Une manœuvre pour protéger la femme de Sanchez

Le mag­a­zine Brus­sels Sig­nal décrypte plus en détail l’opération du gou­verne­ment Sánchez, « une soi-dis­ant “régénéra­tion démoc­ra­tique” visant à par­venir à “une plus grande trans­parence et respon­s­abil­ité” dans le paysage médi­a­tique espag­nol ». Le plan part d’une inten­tion louable, à savoir dévelop­per con­crète­ment des out­ils pour amélior­er la qual­ité des infor­ma­tions fournies par les médias. Néan­moins, plusieurs opposants poli­tiques du pre­mier min­istre espag­nol — en par­ti­c­uli­er Alber­to Núñez Fei­jóo et San­ti­a­go Abas­cal, fig­ures emblé­ma­tiques de la droite nationale — se sont mon­trés dubi­tat­ifs face à cette mesure, qu’ils jugent intéressée, notam­ment en rai­son du con­texte des accu­sa­tions publiques visant l’épouse du leader du par­ti social­iste espagnol.

Pour le chef de l’op­po­si­tion et leader du Par­tido Pop­u­lar de droite mod­érée Alber­to Núñez Fei­jóo, « Pré­ten­dre défendre la trans­parence est “incom­pat­i­ble” avec “l’in­ter­ven­tion dans le con­trôle des médias financés par des fonds publics” » ; « Le plan de Sánchez “pour­rait se ter­min­er comme la plus grande attaque con­tre la lib­erté d’in­for­ma­tion de l’his­toire de la démoc­ra­tie espag­nole”, a ajouté Fei­jóo. » D’autres échos lui sont défa­vor­ables : « Sánchez “veut fer­mer les médias qui par­lent de [sa] femme”, a déclaré San­ti­a­go Abas­cal, prési­dent du par­ti con­ser­va­teur Vox. » qui estime « que Sánchez incite à une “per­sé­cu­tion idéologique” con­tre les médias dis­si­dents et a qual­i­fié ses mots de “total­i­taires”. »

Les actions à venir et la con­créti­sa­tion des déc­la­ra­tions per­me­t­tront d’éclaircir les moti­va­tions pro­fondes du chef du gou­verne­ment et les réper­cus­sions directes de l’investissement sur les médias, mais le sens de la manœu­vre est clair et va vers un con­trôle plus étroit.

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