Selon la dernière étude Médiamétrie, NRJ, radio musicale « jeune », détrône RTL en gagnant un point de part d’audience par rapport à la période avril-juin 2011 (11,7% de PDA contre 10,7%)*. Cette radio est suivie par 6,16 millions d’auditeurs contre 6,06 million pour RTL. Une performance qui est notamment à mettre sur le compte de l’émission « C’Cauet » qui progresse, sur une année, de 73%.
En début de saison, la radio musicale avait annoncé son intention de reprendre le sommet du podium, qu’elle avait perdu depuis 2006 – période qui avait coïncidé avec l’intense actualité politique de la campagne présidentielle pour 2007. Durant les années suivantes, NRJ n’avait jamais pu reprendre le leadership. C’est désormais chose faite puisque Médiamétrie révèle que, sur les mois d’avril à juin 2012, NRJ a, cette fois, dépassé tous ses concurrents. Ce qui revient à constater qu’au cœur des campagnes présidentielles et législatives, la radio la plus écoutée de France était celle des adolescents et des fans de Cauet… Une grande leçon de modestie pour les journalistes politiques !
Cet état de fait ne remet pas en question l’intérêt des Français pour la chose publique, puisque les quatre radios suivantes (RTL, France inter, France info et Europe 1) sont toutes des radios d’information ; mais il illustre peut-être une forme de lassitude face aux manières de rendre compte de l’actualité politique.
Dans un pays où la droite et l’extrême droite réunies rassemblent des scores électoraux plus élevés que ceux de la gauche, la contre-performance de RTL s’explique peut-être également par ses recentrages constants depuis un an. À la fin de l’été 2011, la direction avait annoncé l’éviction de Robert Ménard, qui officie depuis sur Sud-Radio. Le feuilleton sur l’éviction ou la simple placardisation d’Éric Zemmour a occupé une bonne partie du printemps 2012, avant de se conclure par une côte mal taillée [renvoi vers la brève sur Zemmour sanctionné par le CSA]. Une chose est sûre : cette perte d’audience de RTL implique des remaniements évidents de la grille de programme et la nécessité de retrouver des snipers capables de fidéliser le grand public.
Le succès de France Inter, qui s’installe solidement — avec 11% de part d’audience contre 10,2% et 5,77 millions d’auditeurs — à la troisième place, lui, semble résulter du succès de la matinale emmenée par Patrick Cohen ainsi que des nombreux chroniqueurs, souvent marqués à gauche, qui permettent de marier information et divertissement. Philippe Val, directeur général de France Inter, veut poursuivre dans cette voie à la rentrée.
France Info a réalisé un très bon score avec, comme l’an dernier, 9% de PDA, ce qui peut être considéré comme un résultat satisfaisant, les Français ayant clairement pris, courant juin, leurs distances avec la politique, ainsi que le fort taux d’abstention aux élections législatives l’a révélé.
Avec 8,7% de part d’audience, Europe 1 conserve le même chiffre que l’an dernier. L’ennui, c’est que, pour crever ce plafond, la radio avait profondément renouvelé ses équipes en confiant la matinale à Bruce Toussaint et en nommant Fabien Namias à la direction de l’information. La vague de départs qui frappe actuellement cette radio est révélatrice d’une nouvelle crise. Après l’éviction d’Arlette Chabot, plusieurs journalistes quittent Europe 1 : Thierry Guerrier, Guillaume Cahour, Stéphane Grand, Patrick Fay et Catherine Boulay.
Enfin, le sondage Médiamétrie révèle également une nette progression de RMC qui, avec 7,7% de PDA contre 6,7 % en 2011, se taille une honnête sixième place. Un succès qui s’explique, de toute évidence, par le ton « populiste », honnête et sans concession de la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Les débats sportifs sur le football et sur le rugby semblent également avoir attiré un nouveau public. Ainsi que le note Le Figaro, « une petite radio s’invite désormais dans la cour des grands avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur le marché publicitaire. » De quoi offrir bien des espoirs aux radios associatives ou à celles qui osent une ligne éditoriale tranchée et originale.
* L’audience cumulée mesure le pourcentage des personnes ayant écouté la radio au moins une fois dans la journée, tandis que la part d’audience tient compte de la durée d’écoute.