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États généraux de la presse indépendante : grand raout et vaste blague

14 décembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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États généraux de la presse indépendante : grand raout et vaste blague

Temps de lecture : 4 minutes

Leurs propositions doivent « libérer l’info » : jeudi 30 novembre, à Paris, une centaine de médias et organisations se réunissaient pour les États généraux de la presse indépendante. À cette occasion, cinquante-neuf propositions ont été formulées…

C’est une réforme glob­ale du secteur, à laque­lle aspirent les médias et organ­i­sa­tions qui assis­taient, le 30 novem­bre dernier à Paris, à la réu­nion des États généraux de la presse indépen­dante. Des États généraux à dif­férenci­er des autres États généraux de l’information, dont l’OJIM men­tion­nait la tenue dans de récents arti­cles.  Cette réu­nion publique visait à présen­ter les propo­si­tions élaborées depuis deux mois avec ses dif­férents pro­tag­o­nistes ; réu­nis dans la cap­i­tale, ceux-ci se retrou­veront prochaine­ment dans quelques grandes villes France (Lille, Stras­bourg, Mar­seille, Lyon, Nantes, Bor­deaux, Cler­mont-Fer­rand, Vire ou Toulouse).

Des États généraux à l’initiative d’un groupe marqué

C’est le Fonds pour une presse libre qui est à la manœu­vre de l’organisation des États généraux de la presse indépen­dante. À s’y pencher de plus près, cet organ­isme à but non lucratif, qui entend notam­ment « pro­mou­voir un jour­nal­isme d’intérêt pub­lic, por­tant des valeurs human­istes, au ser­vice du bien com­mun et de l’égalité des droits, du rejet des dis­crim­i­na­tions et du refus des injus­tices », est com­posé de fig­ures venues de médias ou de familles poli­tiques… pas très plu­ral­istes. À la prési­dence, François Bon­net est un ancien de Libéra­tion et du Monde ain­si qu’un mem­bre fon­da­teur de Medi­a­part. Admin­is­tra­trice, Chris­tine Laz­erges est un ancien député social­iste. La Tré­sorière, passée par Rue89 et Les Inrocks rivalise d’impartialité avec la direc­trice exéc­u­tive, qui a « tra­vail­lé dans des ONG sur les droits des migrants ».

Une réunion très politique

C’est donc sans sur­prise que la réu­nion du 30 novem­bre abor­dait des sujets poli­tiques, à l’image du con­flit israé­lo-pales­tinien mais aus­si des sujets internes dont se sont large­ment emparées cer­taines arcanes poli­tiques, c’est le cas de la con­cen­tra­tion des médias ou les droits des rédac­tions. L’objet de la réu­nion, inti­t­ulée « Libérons l’information des pou­voirs poli­tiques, des médias de la haine, des mil­liar­daires », ne lais­sait guère augur­er la ligne impar­tiale de l’évènement. Au menu, la ques­tion des « offen­sives mul­ti­ples lancées par les puis­sances poli­tiques et économiques con­tre un jour­nal­isme indépen­dant, d’intérêt pub­lic et au ser­vice des citoyennes et des citoyens » laisse prévoir qu’il s’agira davan­tage de défendre les organes du type de StreetPress que TV Lib­ertés. Il aura égale­ment été ques­tion de la recon­struc­tion d’une « rela­tion de con­fi­ance » avec l’ensemble des publics ain­si que des réformes à envis­ager du sys­tème d’information.

Voir aus­si : Street­Press lance une grande opéra­tion de déla­tion et de fichage

Concentration des médias et droits des rédactions

Les cinquante-neuf propo­si­tions for­mulées se découpent en qua­tre par­ties majeures.

La pre­mière, rel­a­tive à la con­cen­tra­tion des médias et au droit des rédac­tions, envis­age notam­ment l’interdiction par tout groupe indus­triel dont l’activité prin­ci­pale n’est pas l’information de devenir l’opérateur direct d’un média. Autant pari­er directe­ment sur la mort immé­di­ate de la pro­fes­sion, à se référ­er aux actuels déten­teurs de médias… L’obligation « d’interdire la trans­for­ma­tion d’une chaîne d’information en une chaîne d’opinion » par l’intermédiaire de con­ven­tions passées par l’ARCOM pour l’attribution des fréquences TNT publiques et en accès libres laisse égale­ment inter­ro­ga­teur tant l’impartialité de toutes les chaînes d’information en con­tinu laisse à désir­er. La gou­ver­nance des rédac­tions par une per­son­nal­ité juridique indépen­dante de l’actionnaire est ris­i­ble, puisque l’actionnaire ne peut sci­em­ment cau­tion­ner une ligne édi­to­ri­ale non con­forme à la ligne qu’il entend don­ner au jour­nal, au risque de se sépar­er de son titre.

Mesures sociales et aides à la presse

La deux­ième par­tie, qui con­cerne le ren­force­ment du droit à l’information, com­porte une somme de mesures aber­rantes, promet­tant l’immunité de pour­suites du jour­nal­iste notam­ment en cas de vio­la­tion du secret défense. Un autre volet est accordé à la pri­mauté de l’accès à l’information sur les secrets politi­co-financiers, ce qui risque de créer des tur­bu­lences en matière de vio­la­tion poten­tielle du secret des affaires. La lim­i­ta­tion du champ des excep­tions au secret des sources et le ren­force­ment du statut du lanceur d’alerte con­stituent d’autres de leurs préoccupations.

Un programme liberticide

La troisième par­tie entend défendre les jour­nal­istes face à la pré­car­ité avec sanc­tions à la clef pour les entre­pris­es ne respec­tant pas le droit du tra­vail, l’augmentation des tar­ifs min­i­mum des piges ou la sys­té­ma­ti­sa­tion de la par­tic­i­pa­tion des dépens­es courantes du tra­vail des pigistes. Enfin, la dernière par­tie entend pro­pos­er des mesures de réformes des aides publiques à la presse. Il s’agira là de con­di­tion­ner les aides notam­ment au respect de la par­ité hommes-femmes à tous les postes ou de sup­primer les aides à la presse pour un média con­damné pour pro­pos sex­istes, racistes, « LGBT­phobes », etc. Tout un programme…liberticide comme nom­bre de ces propositions.

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